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: abbaye@clairval.com
7
octobre
2002
Bien
cher Ami
de
l'Abbaye
Saint-Joseph,
«J'ai
lu la
vie de
plusieurs
missionnaires.
J'ai
lu,
entre
autres,
celle
de Théophane
Vénard,
qui
m'a
intéressée
et
touchée
plus
que je
ne
saurais
dire».
Ainsi
s'exprimait
sainte
Thérèse
de
Lisieux,
le 19
mars
1897.
Elle
confiera
un peu
plus
tard
à ses
soeurs
la
raison
de
cette
prédilection:
«Théophane
Vénard
me plaît
encore
mieux
que
saint
Louis
de
Gonzague,
parce
que la
vie de
saint
Louis
de
Gonzague
est
extraordinaire
et la
sienne
tout
ordinaire».
Elle
ajoutera:
«Mon
âme
ressemble
à la
sienne.
C'est
lui
qui a
le
mieux
vécu
ma
voie
d'enfance
spirituelle».
Théophane
est né
le 21
novembre
1829,
fête
de la
Présentation
de la
Sainte
Vierge,
à
Saint-Loup-sur-Thouet
(Diocèse
de
Poitiers).
Baptisé
le
jour même,
il reçoit
les prénoms
de
Jean-Théophane,
mais
ne
gardera
que
celui
de Théophane,
qui
veut
dire
«manifestation
de
Dieu».
Ses
parents
sont
des
catholiques
fervents.
Deux
ans
avant
Théophane,
une
petite
Mélanie
est
venue
réjouir
le
foyer.
Deux
autres
garçons,
Henri
et Eusèbe,
compléteront
la
famille.
Théophane
devenu
enfant
de
choeur,
regarde
avec
une
secrète
envie
le prêtre
qui
l'avait
baptisé,
officiant
à
l'autel;
sa mère
lui a
expliqué
ce que
sont
la
Messe
et le
Sacerdoce.
Mais
l'appel
de Jésus-Christ:
«Suis-moi!»
résonnera
plus
fort
à l'âge
de 9
ans,
en la
solitude
du
coteau
de
Bel-Air,
où il
mène
paître
la chèvre
de son
père,
tout
en
lisant
les «Annales
de la
Propagation
de la
foi»,
revue
relatant
les
actes
des
missionnaires.
Un
jour,
il achève
la vie
du Père
Cornay,
originaire
du
diocèse
de
Poitiers,
décapité
pour
la foi
au
Tonkin
(actuel
Vietnam)
en
1837.
Théophane
s'écrie
alors:
«Et
moi
aussi
je
veux
aller
au
Tonkin!
Et moi
aussi
je
veux
mourir
martyr!»
Sa décision
est
prise!
Théophane
garde
pour
lui
son
secret
et
demande
à son
père
de
faire
des études
secondaires.
En
1841,
il
entre
au
collège
de Doué,
à 50
kilomètres
de
Saint-Loup.
La séparation
d'avec
sa
famille
qu'il
aime
tendrement,
lui
est un
déchirement.
Il se
situe
rapidement
parmi
les
premiers
de sa
classe.
Avec
ses
camarades,
il est
parfois
moqueur
et
irascible,
emporté,
se fâchant
à la
moindre
contrariété.
Comme
tout
garçon
de son
âge,
Théophane
connaît
des
hauts
et des
bas,
mais,
à
cette
époque,
les blâmes
sont
plus
fréquents
que
les éloges.
Éclairé
par la
grâce
de
Dieu,
il
devine
qu'on
n'obtient
rien
sans
peine,
ni
sans
la prière.
Aussi,
il écrit
à sa
grande
soeur
Mélanie:
«J'ai
pris
une résolution
dont
je
veux
te
faire
part.
C'est
de
dire
toutes
les
semaines
mon
chapelet».
Peu à
peu,
grâce
au
secours
de
cette
prière
mariale
à la
portée
de
tous,
il
arrive
à se
corriger.
Il
fait
sa
première
Communion
le 28
avril
1842:
jour céleste
pour
lui.
Les vérités
de la
foi
fortifient
son âme
et
l'aident
à
supporter
sans
faiblir
une très
lourde
épreuve:
sa mère
meurt
le 11
janvier
1849.
Il ne
peut
se
consoler
de
cette
douleur
qu'en
se
jetant
dans
les
bras
de la
Sainte
Vierge.
«Que
rien
ne te
retienne!»
Au
commencement
d'août
1847,
Théophane
quitte
Doué
pour
le
Petit-Séminaire
de
Montmorillon.
Après
y
avoir
fait
sa
philosophie,
il
entre
au
Grand-Séminaire
de
Poitiers
d'où
il écrit
à sa
soeur:
«Tu
n'apprendras
pas
sans
plaisir
qu'un
de nos
confrères,
diacre,
part
jeudi
pour
le Séminaire
des
Missions
Étrangères
à
Paris.
Dieu
daigne
guider
ses
pas,
et le
vénérable
Cornay
veiller
sur
lui».
Par là,
Théophane
commence
à préparer
les
siens
à son
propre
projet
de
partir
en
mission.
Il y
met du
temps,
de
l'habileté
et du
tact.
Mélanie
comprend
la
première.
Pour
son père
le
sacrifice
est
plus
difficile,
mais
finalement,
dans
un bel
élan
de
foi,
il
donne
son
plein
consentement:
«Si
tu
vois
que
Dieu
t'appelle,
et je
n'en
doute
point,
obéis
sans hésiter!
Que
rien
ne te
retienne,
pas même
l'idée
de
laisser
un père
affligé».
Le départ
est
fixé
au 27
février
1851,
à
neuf
heures
du
soir.
Après
le
dernier
repas
en
famille
et la
récitation
du
chapelet,
Théophane
lit
quelques
passages
de
l'Imitation
de Jésus-Christ,
en
rapport
avec
les
circonstances,
puis récite
la prière
du
soir
que
viennent
entrecouper
les
pleurs
de la
famille;
enfin,
il
demande
la bénédiction
de son
père.
Avec
un léger
tremblement,
celui-ci
prononce
mot
après
mot
ces
paroles:
«Mon
cher
fils,
reçois
la bénédiction
de ton
père
qui te
sacrifie
au
Seigneur;
sois béni
à
jamais
au nom
du Père,
du
Fils
et du
Saint-Esprit.
Ainsi
soit-il!»
Le
moment
du départ
arrivé,
le
futur
missionnaire,
sachant
qu'il
ne
reverra
plus
jamais
sa
famille,
embrasse
les
siens
une
ultime
fois,
sort
de la
maison
et
monte
en
voiture.
La
profondeur
de sa
souffrance
transparaît
quelque
peu
dans
une
lettre
qu'il
écrira
plus
tard
à un
prêtre
ami:
«Dieu
m'a
soutenu
dans
les
derniers
moments
de ma
vie de
famille,
et me
les a
même
rendus
doux
et agréables.
Toutefois,
c'est
un
bien
qu'ils
aient
été
courts:
l'émotion
débordait
de mon
âme...»
En
mars
1851,
Théophane
rejoint
donc
le Séminaire
des
Missions
Étrangères,
à
Paris.
Le 26
avril
1852,
une
courte
lettre
part
pour
sa
famille:
«Une
pareille
nouvelle
ne
peut
souffrir
un
jour
de
retard:
je
serai
prêtre
à la
Trinité!»
Mais
bientôt,
il
tombe
malade
d'une
paratyphoïde.
À la
suite
d'une
neuvaine
à la
Très
Sainte
Vierge,
le
danger
est
rapidement
écarté.
Cependant,
toute
sa vie
sera
marquée
par
des épreuves
de
santé.
Le 5
juin
1851,
il est
ordonné
prêtre
à 22
ans;
il célèbre
sa
première
Messe
à
Notre-Dame
des
Victoires,
mais
personne
n'est
venu
de
Saint-Loup:
le
sacrifice
a été
consommé
une
fois
pour
toutes.
Désormais
c'est
vers
le
Tonkin
que
vont
ses
plus
ardents
désirs:
«La
mission
du
Tonkin
est la
mission
enviée,
vu
qu'elle
offre
le
moyen
le
plus
court
d'aller
au
ciel...
Oh! si
un
jour,
moi
aussi,
je
devais
être
appelé
à
fournir
de mon
sang
un témoignage
de la
foi!»
En
septembre
1852,
Théophane
célèbre
sa
dernière
Messe
en
France,
et
part
en
mission
pour
la
Chine,
selon
la
volonté
de ses
Supérieurs.
«Ne
perdons
pas
notre
temps!»
Après
un
voyage
de
plusieurs
mois,
la côte
chinoise
apparaît
à
l'horizon
et, le
19
mars
1853,
les
missionnaires
débarquent
sur l'île
de
Hongkong.
Théophane
ne
sait
pas
encore
quelle
sera
sa
destination
ultime,
mais,
puisqu'on
l'a
envoyé
en
Chine,
il
commence
à
apprendre
le
chinois;
ce
travail
pénible,
le
climat
et la
chaleur
affaiblissent
sérieusement
sa
santé
et il
lui
faut
se
reposer.
Le «petit
Père
Vénard»,
comme
on
l'appelle,
est
toujours
très
gai!
Il est
aimé
de
tous
dans
cette
résidence,
où
l'on
vit très
unis;
mais
l'évangélisation
demeure
le
grand
souci
de ces
apôtres
du
Christ.
La
Chine
est là,
en
face,
et les
âmes
attendent
la
lumière
de la
Foi
catholique.
Théophane
est
animé
de la
même
flamme
apostolique
pour
le
salut
des âmes
que
sainte
Thérèse
de l'Enfant-Jésus,
qui écrivait
à sa
soeur
Céline,
le 14
juillet
1889:
«Céline,
pendant
les
courts
instants
qui
nous
restent,
ne
perdons
pas
notre
temps...
sauvons
les âmes,
elles
se
perdent
comme
des
flocons
de
neige,
et Jésus
pleure».
Théophane
exprime
cette
grande
préoccupation
à son
ami,
le Père
Dallet:
«Il
faudra
bien
que la
mère
Chine
et ses
filles
de Corée,
du
Japon,
de la
Cochinchine
courbent
le
genou
devant
le
Christ».
Cependant
il ne
se
fait
pas
illusion:
«La
charge
des
missions
me
semble
lourde,
maintenant
que je
la
vois
de
plus
près...
J'espère
qu'au
moment
où il
faudra
aller,
la
force
de
Dieu
aidera
ma
faiblesse,
et la
lumière
de sa
grâce
mon
inexpérience».
Tandis
qu'il
se prépare
à
partir
en
Chine,
une
lettre
lui
arrive
de
Paris,
annonçant:
«On
vous
donne
le
Tonkin».
C'est
pour
lui
une
joie
inexprimable:
«J'ai
reçu
ma
feuille
de
route
pour
le
Tonkin...
Je
vais
dans
la
partie
qu'on
appelle
le
Tonkin
occidental.
C'est
là
que le
Vénérable
Charles
Cornay
a été
martyrisé...
C'est
dans
le
pays
annamite,
où la
persécution
est la
plus
active,
la tête
de
chaque
missionnaire
est
mise
à
prix,
et
quand
on
peut
en
saisir
un, on
le décapite
sans
façon».
Le 26
mai
1854,
Théophane
quitte
Hongkong
et
arrive
le 13
juillet
à
Vinh-Tri,
centre
du
Vicariat
du
Tonkin
occidental.
Il se
jette
dans
les
bras
du
Vicaire
Apostolique,
Mgr
Retord.
Vingt-deux
mois
environ
après
avoir
quitté
Paris,
son
apostolat
de
missionnaire
commence.
Vinh-Tri
est un
village
entièrement
chrétien
depuis
un siècle.
Les
missionnaires
y sont
reçus
ouvertement,
grâce
à la
bienveillance
du
vice-roi
Hung.
Ce
gouverneur,
beau-père
de
l'empereur
Tu-Duc,
ayant
été
guéri
d'une
maladie
des
yeux
par un
séminariste
tonkinois,
protège
les
chrétiens
dans
sa
province.
Un séminaire
et
diverses
institutions
vivent
et se
développent
sans
être
inquiétés.
«Vive
la
joie
quand
même!»
Mgr
Retord,
par
ses
hautes
qualités
et sa
vertu,
s'est
acquis
le
respect
de
plusieurs
mandarins
subalternes.
Arrivé
au
Tonkin
à une
époque
de
persécution
violente,
il a vécu
pendant
des
mois
dans
des
cachettes,
sans
perdre
sa
bonne
humeur
proverbiale.
Devenu
évêque,
il a
communiqué
son zèle
apostolique
à
tout
son
diocèse.
Sa
devise
épiscopale
officielle:
«Enivrez-moi
de la
Croix»,
est équilibrée
par
une
autre
devise
familière
qu'il
utilise
pour
remonter
le
moral
de ses
missionnaires
dans
les
moments
pénibles:
«Vive
la
joie
quand
même!»
Il a
vu un
grand
nombre
de ses
prêtres
mourir
de misère
ou
sous
la
torture,
mais
lui-même
n'a
pas été
capturé.
«Je
suis
triste
de ne
pas être
de la
partie»,
écrit-il.
L'évêque
apprécie
rapidement
la
valeur
du «petit
Père
Vénard».
L'entrain
du
nouveau
venu,
qui
rit et
chante
très
volontiers,
cadre
bien
avec
sa
propre
mentalité.
Théophane,
qui
doit
apprendre
la
langue
du
pays,
travaille
avec
une
volonté
si
tenace
qu'il
peut
bientôt
prêcher
en
vietnamien.
Tout
lui
plaît
au
Tonkin,
ce qui
facilite
son
adaptation.
Toutefois
la
nourriture
convient
peu à
son
estomac
et lui
cause
bien
des
souffrances.
Qu'importe!
Il en
rit le
premier.
Cependant,
sa
santé
donne
à
nouveau
des
inquiétudes.
Il
s'affaiblit,
malgré
les
soins
qu'on
lui
prodigue,
et il
faut
bientôt
lui
conférer
l'Extrême-Onction;
on
commence
une
neuvaine
pour
obtenir
sa guérison:
dès
les
premières
invocations,
le
malade
se
trouve
rétabli.
Sans
tarder,
il se
met à
l'oeuvre:
baptêmes,
prédications,
confessions.
«Le
missionnaire
est
l'homme
des Béatitudes
rappelle
le
Pape
Jean-Paul
II.
Avant
de les
envoyer
évangéliser,
Jésus
instruit
les
Douze
en
leur
montrant
les
voies
de la
mission:
pauvreté,
douceur,
acceptation
des
souffrances
et des
persécutions,
désir
de
justice
et de
paix,
charité,
c'est-à-dire
précisément
les Béatitudes,
réalisées
dans
la vie
apostolique
(cf.
Mt 5,
1-12).
En
vivant
les Béatitudes,
le
missionnaire
expérimente
et
montre
concrètement
que le
Règne
de
Dieu
est déjà
venu
et
qu'il
l'a déjà
accueilli.
La
caractéristique
de
toute
vie
missionnaire
authentique
est la
joie
intérieure
qui
vient
de la
foi»
(Encyclique
Redemptoris
missio,
7 décembre
1990,
n.
91).
La
tranquillité
relative
de la
mission
au
Tonkin
ne
dure
pas.
Le
pouvoir
central
relance
les
mandarins
(fonctionnaires
locaux)
pour
faire
la
chasse
aux prêtres.
Les Pères
Castex
et Vénard
se
cachent
au
village
de
But-Dong,
où
ils
sont
reçus
par
une
petite
communauté
de
religieuses
vietnamiennes,
les
Amantes
de la
Croix,
qui
jusqu'alors
n'ont
jamais
été
inquiétées;
là,
il
peut
au
moins
célébrer
la
Messe
et
continuer
ainsi
son
action
missionnaire
par la
prière.
Les
religieuses
de
But-Dong,
sans
costume
particulier,
travaillent
aux
champs
ou
parcourent
les
villages
en
vendant
des
remèdes,
ce qui
leur
permet
de pénétrer
dans
les
maisons
païennes.
Ce
sont
des
messagères
sûres
entre
les
différents
chrétiens,
mais
leur
vie
est
difficile
et
dangereuse.
Pour
échapper
aux
recherches
des
mandarins,
les
deux Pères
se
cachent
entre
deux
cloisons,
attendant
que le
danger
s'éloigne.
Après
plusieurs
jours,
ils
quittent
But-Dong:
en
quelques
semaines,
ils
changeront
six
fois
de
cachette.
Dans
ces pérégrinations,
Théophane
retombe
malade;
il se
traîne
à
grand-peine.
De
terribles
crises
d'asthme
l'épuisent
tellement
que
son
compagnon
craint
de le
voir
mourir
asphyxié
dans
un réduit
sans
air.
Or Mgr
Retord
est à
Vinh-Tri:
là,
Théophane
pourra
être
soigné.
On l'étend,
presque
mort,
au
fond
d'une
barque
où,
haletant
et
cherchant
sa
respiration,
il ne
perd
pas le
sourire.
Il reçoit
à
nouveau
les
derniers
sacrements,
mais
ne se
fait
pas
illusion:
«Je
ne
tiens
à la
vie
que
par un
cheveu.
Vive
la
joie
quand
même!»
Pourtant,
la fraîcheur
de
l'automne
le
ranime
un
peu.
Seule
la
souffrance
enfante
les âmes
Théophane
offre
pour
le
salut
éternel
des âmes
sa
souffrance
et son
apparente
inaction,
puisque
telle
est la
volonté
de
Dieu.
«Il
n'y a
que la
souffrance
qui
puisse
enfanter
des âmes
à Jésus»,
écrira
sainte
Thérèse
à sa
soeur
Céline,
le 8
juillet
1891.
On
comprend
dès
lors
cette
mystérieuse
sympathie
de la
sainte
de
Lisieux
pour
le
missionnaire
du
Tonkin.
Avec
les
mois
d'hiver,
les
forces
reviennent
assez
pour
que
Mgr
Retord
décide
d'emmener
Théophane
en
tournée
pastorale.
Les
paroisses
sont
visitées
l'une
après
l'autre.
Les
missionnaires
prêchent,
confessent,
administrent
les
sacrements,
réconcilient
avec
Dieu
ceux
qui
sont
tombés,
encouragent
tous
leurs
fidèles
au
progrès.
«Jamais
il n'était
plus
fervent
ni
plus
éloquent
qu'en
parlant
de la
bienheureuse
Vierge
Marie,
qu'il
aimait,
c'était
visible,
du
plus
filial
amour»,
attestera
le Père
Thinh
au
procès
de béatification.
Mais
la
saison
des
pluies
de
1856
est
l'occasion
d'une
nouvelle
maladie:
c'est
la
phtisie
(tuberculose),
cette
fois,
qui
lui
fait
envisager
une
mort
prochaine.
L'évêque,
désolé,
ne
sachant
plus
que
faire,
permet
à Théophane
de se
soumettre
à une
opération
très
douloureuse
de médecine
chinoise:
il
faut
brûler,
sur
diverses
parties
bien déterminées
du
corps
du
malade,
de
petites
boulettes
d'une
herbe
médicinale.
Pendant
cette
douloureuse
opération,
Théophane
tenant
son
crucifix
à
deux
mains,
ne
laisse
échapper
aucun
gémissement.
Bientôt
le mal
recule.
Sa prière
instante:
«Avoir
assez
de
force
pour
annoncer
l'Évangile»,
est
exaucée;
il va
pouvoir
reprendre
sa vie
de
missionnaire
actif
qu'il
mènera
pendant
environ
trois
ans,
jusqu'à
son
arrestation.
Son évêque
en
rend témoignage:
«J'ai
dit
qu'il
avait
un zèle
immense.
Bien
qu'il
fût
le
plus
faible
de
santé
de
tous
les
missionnaires
du
vicariat,
il
faisait
autant
d'ouvrage
que
tous
les
autres,
passant
souvent
au
confessionnal
la
moitié
des
nuits,
quelquefois
même
des
nuits
entières.
Sa
confiance
en
Dieu
était
sans
bornes,
et le
rendait
hardi
dans
ses
entreprises».
Une
année
de grâces
Après
une
accalmie
relative,
la
persécution
est
relancée
avec
vigueur,
en
1859,
par
l'empereur
Tu-Duc,
bien décidé
à anéantir
«la
religion
de Jésus».
Le
nouvel
édit
publié
confirme
la
peine
de
mort
pour
les prêtres,
assure
une récompense
à qui
les dénonce,
et prévoit
des
sanctions
pour
les
mandarins
bienveillants
envers
les
chrétiens.
Théophane
est
intimement
persuadé
que
l'année
1860
qui
s'ouvre
sera
celle
de son
arrestation,
et que
Dieu
lui
accordera
la grâce
du
martyre.
Son évêque
lui
accorde
la
permission
de
s'offrir
à
Dieu
comme
victime
pour
l'Église
du
Tonkin.
Par
amour
filial
envers
la
Sainte
Vierge,
il se
consacre
à
elle
selon
la
formule
de
saint
Louis-Marie
Grignion
de
Montfort,
remettant
tout
entre
ses
mains.
Le
voici
armé
pour
les
derniers
combats.
Il se
réfugie
chez
la
veuve
Can,
mais
un
cousin
de
celle-ci
le dénonce,
et il
est
arrêté
le 30
novembre
1860.
On lui
arrache
ses vêtements,
puis
on
l'emmène,
ligoté,
tandis
qu'il
continue
à
prier
et à
se préparer
au
martyre.
Enfermé
dans
une étroite
cage
de
bois,
il est
transféré
à la
citadelle
de
Hanoï.
Là,
le
vice-roi
en
personne
vient
l'interroger;
puis,
il
donne
des
ordres:
construire
une
cage
de
bambou
plus
spacieuse,
l'entourer
d'une
moustiquaire,
poser
une
natte
sur le
sol,
forger
pour
le prêtre
une
chaîne
aussi
légère
que
possible
et
veiller
à ce
que le
prisonnier
soit
nourri
convenablement.
Au
cours
de
l'interrogatoire,
le Père
Théophane
a, en
effet,
produit
la
meilleure
impression:
c'est
pour
cela
que
des
soulagements
lui
sont
accordés.
Le catéchiste
Khang,
capturé
avec
le Père
n'est
pas séparé
de son
maître.
Il
obtient,
grâce
à la
complicité
d'un
soldat,
du
papier,
de
l'encre
et un
pinceau.
Théophane
écrit
à ses
confrères
et à
sa
famille:
«Si
j'obtiens
la grâce
du
martyre,
alors
surtout
je me
souviendrai
de
vous.
Au
Ciel
le
rendez-vous!
Nous
nous
reverrons
là-haut!»
Il
ignore
que
son père
est décédé
depuis
quinze
mois.
Son
jugement
définitif
a lieu
à
Hanoï.
Il
entre
dans
la
salle
du prétoire
et on
lui
fait
l'honneur
de ne
pas le
flageller.
Dans
leurs
interrogatoires,
les
différents
juges,
mêlant
le
religieux
et le
politique,
essayent
de
rendre
le
missionnaire
responsable
du
bombardement
des côtes
annamites
par
une
escadre
franco-espagnole,
ou
encore
des révoltes
provoquées
par
les
agissements
de
l'empereur
Tu-Duc.
Théophane
réfute
aisément
ces
calomnies
pour
ramener
le débat
sur
son
vrai
terrain:
il
n'est
venu
au
Tonkin
que
pour
prêcher
la
religion
de Jésus.
On lui
met un
crucifix
entre
les
mains:
«Foulez
la
Croix
aux
pieds,
lui
dit le
vice-roi,
et
vous
ne
serez
pas
mis à
mort!»
Alors
le
missionnaire
élève
dans
ses
mains
le
crucifix
avec
respect,
y pose
ses lèvres
longuement,
puis
d'une
voix
forte:
«Quoi!
s'écrie-t-il,
j'ai
prêché
la
religion
de la
Croix
jusqu'à
ce
jour;
comment
voulez-vous
que je
l'abjure?
Je
n'estime
pas
tant
la vie
de ce
monde
que je
veuille
la
conserver
au
prix
d'une
apostasie!»
Le
vice-roi
prononce
la
sentence
suivante:
«Le
prêtre
européen
Vin,
de son
vrai
nom «Véna»
est
condamné,
en
raison
de
l'aveuglement
de son
coeur
et de
l'obstination
de son
esprit,
toute
autre
cause
étant
écartée,
à
avoir
la tête
tranchée,
puis
exposée
pendant
trois
jours
et
enfin
jetée
au
fleuve».
L'exécution
du
verdict
requiert
la
signature
de
Tu-Duc:
le
lundi
17 décembre
1860,
un
courrier
prend
le
chemin
de Hué
pour y
porter
la
copie
du
jugement.
Mais
le
condamné
ne
connaît
officiellement
son
sort
que
peu
d'heures
avant
l'exécution
de la
sentence,
le 2 février.
La
nouvelle
cage
de Théophane,
de
deux mètres
de
long
sur un
mètre
vingt
de
large,
est
belle
et ornée.
Mais
quel
supplice
que de
demeurer
dans
cet étroit
espace!
Les
gardes
eux-mêmes,
gagnés
par
l'affabilité
du
captif,
lui
permettent
d'en
sortir
de
temps
en
temps.
Il a
bien
d'autres
sympathies:
Paul
Muïn,
un chrétien
au
courage
intrépide,
s'étant
glissé
dans
la
police,
peut
voir
le Père
Théophane
quatre
ou
cinq
fois
par
jour.
Un
lac
tranquille
«Si
le
plus
grand
nombre
me
montre
de la
sympathie,
écrit
le P.
Théophane
dans
une
lettre
à sa
famille,
le 2
janvier
1861,
il y a
des
gens
qui
m'insultent
et se
moquent
de moi».
Heureusement
les
visiteurs
se
font
rares
et il
peut
écrire
à son
Évêque:
«Mon
coeur
est
comme
un lac
tranquille».
Jusqu'à
la
fin,
il récite
son bréviaire,
l'unique
livre
resté
en sa
possession.
Théophane
exprime
son
bonheur
en
chantant
son désir
du
ciel,
et espère
recevoir
l'Eucharistie.
Le
diacre
Men
parvient
à lui
faire
porter
la
Sainte
Communion
par de
pieuses
chrétiennes
qui
passent
inaperçues.
Le prêtre
Thinh,
envoyé
par l'Évêque,
réussit
à
entendre
la
confession
du Père
Théophane.
Au
matin
du 2 février,
le Père
Théophane
apprend
qu'il
va être
exécuté
le
jour même.
Il
remercie
Dieu,
demande
à la
Sainte
Vierge
de
l'aider
jusqu'au
bout,
puis,
revêtu
d'habits
de fête,
marche
avec
joie
au
supplice
en
chantant
le
Magnificat.
Le
bourreau,
qui a
bu
pour
se
donner
du
courage,
doit
s'y
reprendre
à
cinq
fois
pour détacher
la tête
du
martyr
à
coups
de
sabre.
Il
semble
qu'au
troisième
coup déjà,
Théophane
soit
au
Ciel,
dans
une
joie
sans
fin...
C'était
là
tout
le désir
de son
âme:
il est
comblé
au-delà
de
toute
mesure.
L'exemple
de Théophane
Vénard,
en
particulier
sa
manière
d'accepter
son
martyre,
a été
un précieux
secours
pour
sainte
Thérèse
de l'Enfant-Jésus.
Le
futur
«Docteur
de l'Église»
y a
puisé
lumière
et
force.
Au
lendemain
de la
canonisation
de Théophane
Vénard
(19
juin
1988),
le
Pape
Jean-Paul
II,
s'adressant
aux pèlerins
français,
dira:
«Sainte
Thérèse
de l'Enfant-Jésus
a vécu
dans
l'intimité
de
saint
Théophane
Vénard
dont
l'image
ne la
quittait
pas au
temps
de son
agonie.
Elle
avait
retrouvé
sa
propre
expérience
spirituelle
dans
une
lettre
d'adieu
de Théophane:
«Je
ne
m'appuie
pas
sur
mes
propres
forces,
mais
sur la
force
de
celui
qui a
vaincu
la
puissance
de
l'enfer
et du
monde
par la
Croix»».
C'est
à ces
deux
grandes
figures
de
l'histoire
récente
de l'Église,
que
nous
confions
toutes
vos
intentions,
sans
oublier
vos défunts.
Dom
Antoine
Marie
osb
P.
S. Nous
recevrons
avec
gratitude
toutes
les
adresses
d'éventuels
lecteurs
que vous
voudrez
bien
nous
envoyer.
N'hésitez
pas à
nous
demander
nos
tracts
sur la
Religion
catholique,
la
divinité
de
Notre-Seigneur
Jésus-Christ,
un «petit
livre de
prières»,
des
scapulaires
du
Mont-Carmel
avec
notice
explicative,
les
promesses
du Sacré-Coeur,
les mystères
du
Rosaire.
Numéros
des
comptes
Suisse :
-C.C.P.
: «Abbaye
Saint-Joseph
de
Clairval»
19-5447-7
Sion ou
chèques.
Belgique
:
-C.C.P.
: «Abbaye
Saint-Joseph
de
Clairval»
000-1339871-10
ou chèques.
France :
-C.C.P.
: «Abbaye
Saint-Joseph
de
Clairval»
5618 78
A Dijon
ou chèques.
USA :
-Chèques
bancaires
ordinaires
en $ us
(pas
besoin
de chèques
internationaux
spéciaux).
Canada :
-Chèques
bancaires
ordinaires
en $
can.
(pas
besoin
de chèques
internationaux
spéciaux).
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publier
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lettre
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autre,
les
lettres
spirituelles
du deuxième
semestre
1996 à
l'année
2000, le
programme
des
retraites
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l'année
2001 et
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Les
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à
toutes
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intentions
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