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: abbaye@clairval.com
15
septembre 2002
Bien cher Ami de
l'Abbaye
Saint-Joseph,
«Que ce soit
sous une forme
ou sous une
autre, la
souffrance est
quasi inséparable
de l'existence
terrestre de
l'homme... La
souffrance
humaine
inspire la
compassion,
elle inspire
également le
respect et, à
sa manière,
elle intimide.
Car elle porte
en elle la
grandeur d'un
mystère spécifique...
À travers les
siècles et
les générations
humaines, on a
constaté que
dans la
souffrance se
cache une
force
particulière
qui rapproche
intérieurement
l'homme du
Christ, une grâce
spéciale.
C'est à elle
que bien des
saints doivent
leur profonde
conversion,
tels saint
François
d'Assise,
saint Ignace
de Loyola,
etc. Le fruit
de cette
conversion,
c'est non
seulement le
fait que
l'homme découvre
le sens
salvifique de
la souffrance,
mais surtout
que, dans la
souffrance, il
devient un
homme
totalement
nouveau...»
(Lettre
apostolique Salvifici
doloris, SD,
Jean-Paul II,
11 février
1984, n. 3, 4,
26). La vie de
la
bienheureuse
Anna Schäffer
illustre
singulièrement
cette
constatation
du Saint-Père.
Anna Schäffer
naît à
Mindelstetten,
village de
Basse-Bavière
au diocèse de
Ratisbonne
(Allemagne du
Sud), le 18 février
1882, dans une
famille
nombreuse dont
le père est
menuisier. Les
Schäffer sont
de bons chrétiens.
Fidèles aux
prières du
matin, de midi
et du soir,
ils se rendent
à l'église
pour la Messe
chaque
dimanche et fête,
mais aussi en
semaine
lorsque c'est
possible. Anna
est une enfant
discrète,
douce et
timide, douée
pour l'étude
et habile aux
besognes
manuelles. En
1896, son père
meurt à l'âge
de quarante
ans, laissant
sa famille
dans une
grande pauvreté.
Anna, qui désire
devenir
Religieuse, si
possible dans
une Congrégation
missionnaire,
doit
travailler
afin de
constituer sa
dot
(contribution
financière
indispensable
à l'époque,
pour entrer au
couvent). À
quatorze ans,
elle s'emploie
comme «bonne
à tout faire»,
d'abord à
Ratisbonne
chez une
pharmacienne,
puis à
Landshut chez
un conseiller
auprès du
tribunal
d'instance. Là,
elle reçoit
pour la première
fois, un soir
de juin 1898,
un message du
Ciel: un Saint
lui apparaît
(elle ne
saurait dire
son nom) et
lui dit: «Avant
d'avoir vingt
ans, tu
commenceras à
souffrir
beaucoup. Récite
le chapelet».
Elle parlera
plus tard des
dangers pour
sa pureté
virginale
qu'elle a pu
surmonter dans
ces années,
grâce au
saint Rosaire.
Dans la soirée
du 4 février
1901, la jeune
fille, employée
à la maison
forestière de
Stammham, fait
la lessive
avec une
compagne,
Wally Kreuzer.
Le tuyau de poêle
qui passe
au-dessus de
la lessiveuse,
s'est détaché
du mur; pour réparer
cette avarie,
Anna monte sur
un muret en
saillie.
Soudain, elle
perd l'équilibre
et tombe de
ses deux
jambes
jusqu'aux
genoux, dans
l'eau de
lessive
bouillante.
Affolée,
Wally, au lieu
de porter
secours à sa
compagne,
court chercher
de l'aide. Un
cocher accourt
et tire la
blessée de la
lessiveuse; on
conduit la
malheureuse
dans une
charrette à
l'hôpital le
plus proche,
à sept kilomètres.
À onze heures
du soir, elle
est enfin
prise en
charge par un
médecin qui
l'opère
pendant deux
heures. Les
semaines qui
suivent sont
terribles: il
faut sans
cesse couper
des morceaux
de chair
gangrenée.
Plus
de trente
interventions
chirurgicales
Trois
mois plus
tard, l'assurance-maladie
qui couvrait
Anna cesse de
rembourser les
soins. Madame
Schäffer ne
peut pas
prendre en
charge
l'hospitalisation;
elle doit
ramener sa
pauvre enfant
à la maison.
Sur les
instances du
Docteur
Wäldin,
une
institution
pour invalides
se charge de
la malade;
Anna sera
hospitalisée
d'août 1901
à mai 1902 à
la clinique
universitaire
d'Erlangen (près
de Nuremberg).
Cependant, les
traitements ne
produisent
aucun résultat.
De retour à
la maison,
Anna est soignée
avec compétence
par le Dr.
Wäldin.
Par plus de
trente
interventions
chirurgicales,
ce médecin
essaiera en
vain de
pratiquer des
greffes de
peau. À défaut
de pouvoir
soulager
l'infirme, il
se résigne
finalement à
entourer ses
jambes de
pansements stériles.
Les soins se
limiteront,
pendant les
vingt ans de
survie d'Anna,
au
renouvellement
hebdomadaire
de ces
pansements.
Le projet de
vie religieuse
d'Anna Schäffer
est dès lors
irréalisable.
La jeune fille
ne se résigne
pas sans
difficulté à
son sort: elle
crie sa
souffrance et
s'accroche à
l'espoir de guérir.
Cependant, son
âme grandit
à la rude école
de la Croix.
Le Curé de
Mindelstetten,
l'abbé Rieger,
qui sera son père
spirituel, témoignera
n'avoir jamais
entendu de sa
bouche aucune
plainte. Dans
ses douleurs
incessantes,
Anna est
fortifiée et
consolée par
le Dieu vivant
et spécialement
par la Sainte
Eucharistie.
«C'est avec
des
dispositions
différentes
que les hommes
abordent leur
souffrance, écrit
le Pape
Jean-Paul II.
On peut
cependant
affirmer
d'emblée que
chaque
personne entre
presque
toujours dans
la souffrance
avec une
protestation
tout à fait
humaine et en
se posant la
question: «Pourquoi?»
Chacun se
demande quel
est le sens de
la souffrance
et cherche une
réponse à
cette question
au plan
humain. Il
adresse
certainement
maintes fois
cette
interrogation
à Dieu et il
l'adresse
aussi au
Christ. En
outre, la
personne qui
souffre ne
peut pas ne
point
remarquer que
celui auquel
elle demande
une
explication
souffre lui-même
et qu'il veut
lui répondre
de la Croix,
du plus
profond de sa
propre
souffrance.
Pourtant, il
faut parfois
du temps, et même
beaucoup de
temps, pour
que cette réponse
commence à être
perçue intérieurement...
Le Christ
n'explique pas
abstraitement
les raisons de
la souffrance,
mais avant
tout il dit:
«Suis-moi!
Viens! Prends
part avec ta
souffrance à
cette oeuvre
de salut du
monde qui
s'accomplit
par ma propre
souffrance!
Par ma Croix!»
Au fur et à
mesure que
l'homme prend
sa croix, en
s'unissant
spirituellement
à la Croix du
Christ, le
sens
salvifique de
la souffrance
se manifeste
davantage à
lui» (SD,
n. 26).
De 1910 à
1925, Anna Schäffer
écrit ses
pensées sur
douze carnets;
de plus, 183
de ses lettres
ou billets
nous sont
conservés.
Son langage
est tout
simple;
cependant,
l'originalité
et le caractère
personnel de
ses écrits
frappent le
lecteur, qui y
découvre une
âme établie
solidement
dans la foi en
Jésus-Christ
mort et
ressuscité,
et dans la
Communion
vivante avec
tous les élus
de Dieu. Cette
confiance indéfectible
en Dieu, la
certitude de
son amour
infini se
manifestant à
elle à
travers ses
souffrances,
rayonnent sur
ceux qui
l'approchent
pour lui
confier leurs
intentions ou
lui demander
encouragements
et conseils.
Ces visiteurs,
d'abord en
petit nombre,
se multiplient
peu à peu.
Les personnes
les plus prévenues
contre Anna ne
manquent pas
d'être
impressionnées
par sa
patience et sa
bonté.
La
«vengeance»
d'Anna
Son frère
Michel, pauvre
garçon qui
s'adonne à la
boisson, n'est
pas le
dernier,
lorsqu'il a
bu, à se
moquer de «la
Sainte». Anna
se «venge»
en
s'appliquant
à le
convertir à
force de
douceur.
Toutefois, le
comportement
de Michel
contraint
Madame Schäffer
à louer dans
le village un
petit
appartement
pour y déménager
avec sa fille.
À cette mère
admirable qui
assistera Anna
jusqu'à la
mort et lui
survivra
pendant quatre
ans, Anna écrit:
«Ô ma chère
mère, quelle
grâce de
t'avoir sans
cesse à mes côtés!
Notre cher
Sauveur envoie
à ses enfants
le secours au
bon moment,
quand nous le
lui demandons
avec
confiance; et
c'est souvent
lorsqu'une épreuve
ou une
affliction
nous accable
le plus qu'Il
est le plus
proche de nous
par son aide
et sa bénédiction».
Accessible par
un escalier
fort raide, la
chambre de la
malade a pour
seuls
ornements un
crucifix, un
«Ecce Homo»
et des images
de saints.
Anna ne quitte
guère sa
chambre et son
lit (qu'elle
appelle aussi
son
lit-croix). En
de rares
occasions, on
l'emmène à
l'église dans
un fauteuil. Dès
que le Pape
saint Pie X
autorise la
communion
quotidienne,
l'abbé Rieger
lui apporte
chaque jour
l'Eucharistie
de laquelle
lui vient sa
force.
Anna n'aime guère
faire parler
d'elle. Ses
journées s'écoulent
entre la prière,
le travail
manuel et l'écriture.
«J'ai trois
clefs du
paradis,
dit-elle: la
plus grande
est de fer
brut et pèse
lourd: c'est
ma souffrance.
La seconde est
l'aiguille à
coudre, et la
troisième, le
porte-plume.
Avec ces différentes
clefs, je
m'efforce
chaque jour
d'ouvrir la
porte du Ciel;
chacune
d'elles doit
être ornée
de trois
petites croix,
qui sont la
prière, le
sacrifice et
l'oubli de
moi-même».
Souvent, les
enfants du
village
viennent
visiter Anna.
Ils se sentent
attirés vers
elle; la
malade leur
parle du
Sauveur, de la
Sainte Vierge,
des Saints.
Elle leur
explique
comment on va
au Ciel. Dans
l'ensemble, la
population de
Mindelstetten
se comporte
avec sympathie
à son égard;
on l'aime, on
a pitié
d'elle et on
cherche à lui
faire plaisir.
Les jours de fête,
une délégation
du village
vient la
visiter;
parfois toute
la fanfare lui
offre une sérénade
en passant
sous ses fenêtres.
C'est la
charité
envers le
prochain, également
souffrant, qui
fait sortir
Anna de son
silence
habituel. Dès
qu'elle voit
une personne
éprouvée,
elle trouve
mille paroles
gaies et
amicales pour
la réconforter
et semble
elle-même la
plus heureuse
des créatures.
Elle conserve
précieusement
toutes les
intentions de
prière qu'on
lui confie et
les présente
inlassablement
à Dieu. Tous
les écrits
d'Anna
manifestent
une profonde
soumission à
la divine
Providence et
une joyeuse
acceptation
des croix.
Bien souvent,
ses lettres
portent une
petite
enluminure
dessinée à
la plume en
deux ou trois
couleurs représentant
la Croix, un
calice entouré
d'épines, ou
encore quelque
autre scène
de la Passion.
«Chère
Fanny, écrit-elle
le 14 décembre
1918 à une
amie, nous
devons considérer
nos
souffrances
comme nos plus
chères amies,
qui veulent
nous
accompagner
sans cesse,
jour et nuit,
pour nous
rappeler de
tourner nos
regards vers
le haut, vers
la sainte
Croix du
Christ».
Job
n'est pas
coupable
De tout
temps, les
hommes ont
recherché le
sens de la
souffrance. «Dans
le livre de
Job, la
question a
trouvé son
expression la
plus vive,
remarque le
Pape Jean-Paul
II. On connaît
l'histoire de
cet homme
juste, qui,
sans aucune
faute de sa
part, est éprouvé
par de
multiples
souffrances...
Dans cette
horrible
situation, il
voit arriver
chez lui trois
vieux amis qui
cherchent à
le convaincre
que, puisqu'il
a été frappé
par des
souffrances
aussi variées
et aussi
terribles, il
doit avoir
commis quelque
faute grave...
Toutefois, Job
conteste la vérité
du principe
qui identifie
la souffrance
avec la
punition du péché...
À la fin,
Dieu lui-même
reproche aux
amis de Job
leurs
accusations et
reconnaît que
Job n'est pas
coupable. Sa
souffrance est
celle d'un
innocent, elle
doit être
acceptée
comme un mystère
que
l'intelligence
de l'homme
n'est pas en
mesure de pénétrer
à fond...
S'il est vrai
que la
souffrance a
un sens comme
punition
lorsqu'elle
est liée à
la faute, il
n'est pas
vrai, au
contraire, que
toute
souffrance
soit une conséquence
de la faute et
ait un caractère
de punition...
«Pour être
en mesure de
percevoir la
vraie réponse
au «pourquoi»
de la
souffrance,
nous devons
tourner nos
regards vers
la révélation
de l'amour
divin... Dieu,
en effet, a
tant aimé le
monde qu'il a
donné son
Fils unique
pour que tout
homme qui
croit en lui
ne périsse
pas mais ait
la vie éternelle
(Jn 3, 16)...
L'homme périt
quand il perd
la vie éternelle...
Le Fils unique
a été donné
à l'humanité
pour protéger
l'homme avant
tout contre ce
mal définitif
et contre la
souffrance définitive...
«Le Christ
souffre
volontairement,
et c'est
innocent qu'il
souffre... La
souffrance
humaine a
atteint son
sommet dans la
passion du
Christ. Et,
simultanément,
elle a revêtu
une dimension
nouvelle et
est entrée
dans un ordre
nouveau: elle
a été liée
à l'amour, à
l'amour qui crée
le bien, en le
tirant même
du mal, en le
tirant au
moyen de la
souffrance, de
même que le
bien suprême
de la Rédemption
du monde a été
tiré de la
Croix du
Christ...
C'est dans la
Croix du
Christ que
nous devons
reposer la
question du
sens de la
souffrance et
trouver
jusqu'au bout
la réponse à
cette question»
(SD, n.
10, 11, 13,
14, 18).
Comme
le temps passe
vite!
Depuis
longtemps,
Anna était
tertiaire de
Saint-François.
À partir du 4
octobre 1910
(fête de
saint François
d'Assise),
elle porte
quelque temps
les stigmates
de la Passion,
mais elle prie
Dieu de faire
en sorte que
ces blessures
mystiques ne
soient pas
apparentes; ce
qui lui est
accordé. Il
ne semble pas
qu'elle ait
beaucoup lu la
Sainte Écriture,
mais, fille de
l'Église
catholique,
elle s'est
appropriée sa
doctrine et sa
liturgie,
qu'elle revit
à l'aide de
ses souvenirs
d'enfance tout
au long de
l'année. «Prier
pour la sainte
Église et ses
pasteurs, est
pour moi le
plus important»,
affirme-t-elle.
Elle comprend
sa vie de
malade comme
une
participation
à la Croix du
Christ. «Dans
les heures de
souffrance et
dans les
nombreuses
nuits sans
sommeil, j'ai
la plus belle
occasion de me
placer en
esprit devant
le tabernacle
et d'offrir au
Sacré-Coeur
de Jésus
expiation et réparation.
Oh! comme le
temps alors
passe vite
pour moi!
Coeur-Sacré
de Jésus,
caché au
Saint-Sacrement,
je vous
remercie pour
ma croix et
mes
souffrances,
en union avec
les actions de
grâces de
Marie, la Mère
des Douleurs».
«Le Rédempteur
a souffert à
la place de
l'homme et
pour
l'homme...
Chacun est
appelé, lui
aussi, à
participer à
la souffrance
par laquelle
la Rédemption
s'est
accomplie...
En opérant la
Rédemption
par la
souffrance, le
Christ a élevé
en même temps
la souffrance
humaine jusqu'à
lui donner
valeur de Rédemption.
Tout homme
peut donc,
dans sa
souffrance,
participer à
la souffrance
rédemptrice
du Christ...
Celui qui
souffre en
union avec le
Christ... complète
par sa
souffrance ce
qui manque aux
épreuves du
Christ
(Col 1, 24)...
La souffrance
du Christ a créé
le bien de la
Rédemption du
monde. Ce bien
en lui-même
est inépuisable
et infini.
Aucun homme ne
peut lui
ajouter quoi
que ce soit.
Mais en même
temps, dans le
mystère de l'Église
qui est son
corps, le
Christ, en un
sens, a ouvert
sa souffrance
rédemptrice
à toute
souffrance de
l'homme... En
effet, la Rédemption
vit et se développe
comme le corps
du Christ –
l'Église –
et, dans cette
dimension,
toute
souffrance
humaine, en
vertu de
l'union dans
l'amour avec
le Christ,
complète la
souffrance du
Christ. Elle
la complète
comme l'Église
complète
l'oeuvre rédemptrice
du Christ» (SD,
n. 20, 24).
Notre-Seigneur
Jésus-Christ,
la Sainte
Vierge et les
Saints parlent
fréquemment
à Anna au
cours de ses rêves
nocturnes, et
ces messages célestes
lui sont un
rafraîchissement
et comme un
avant-goût du
Paradis. Mais
jamais ces
consolations
ne lui donnent
une
impassibilité
surhumaine.
Jusqu'au bout,
elle accepte
avec
reconnaissance
le maigre
soulagement
que lui
apporte la médecine.
Au fil des
vingt-cinq années
de son «martyre»,
un progrès
s'accomplit
dans
l'acceptation
intérieure
des épreuves.
Elle découvre
peu à peu le
secret de la
paix intérieure,
qu'elle
exprime ainsi
dans son
langage tout
simple: «Oh!
quel bonheur
et quel amour
sont cachés
dans la croix
et la
souffrance!...
Je ne suis pas
un quart
d'heure sans
souffrir, et
depuis
longtemps je
ne sais plus
ce que c'est
que d'être
sans
douleur...
Souvent, je
souffre tant,
que je peux à
peine dire un
mot; à ces
moments, je
pense que mon
Père des
Cieux doit
m'aimer
particulièrement».
Selon le mot
de saint Paul:
Je
surabonde de
joie au milieu
de toutes nos
tribulations
(2 Cor. 7, 4),
elle souffre
avec une joie
mystérieuse,
non sensible.
Une
source de joie
«Surmonter
le sentiment
de l'inutilité
de la
souffrance...
devient une
source de
joie. Non
seulement la
souffrance
ronge intérieurement
la personne,
mais elle
semble faire
d'elle un
poids pour
autrui. Cette
personne se
sent condamnée
à recevoir
l'aide et
l'assistance
des autres et,
en même
temps, il lui
apparaît à
elle-même
qu'elle est
inutile. La découverte
du sens
salvifique de
la souffrance
en union avec
le Christ
transforme ce
sentiment déprimant...
Dans la
perspective
spirituelle de
l'oeuvre de la
Rédemption,
l'homme qui
souffre est
utile, comme
le Christ, au
salut de ses
frères et
soeurs... Ceux
qui
participent
aux
souffrances du
Christ
conservent
dans leurs
propres
souffrances
une parcelle
tout à fait
particulière
du trésor
infini de la Rédemption
du monde, et
ils peuvent
partager ce trésor
avec les
autres» (SD,
n. 27).
Trois ans et
demi avant sa
mort, Anna
doit
interrompre
ses travaux de
couture, qui
lui offraient
un délassement
et une
occasion d'être
utile. De
plus, il est
devenu
absolument
impossible de
la transporter
à l'église
paroissiale
voisine pour
assister à la
Messe; ce
renoncement
est pour elle
très
douloureux.
Elle écrit:
«Ma vie s'éteint
peu à peu
dans la
souffrance...
l'Éternité
se rapproche
sans cesse;
bientôt, je
vivrai de
Dieu, qui est
la Vie même.
Le Ciel n'a
pas de prix,
et je me réjouis
chaque minute
de l'appel du
Seigneur vers
la patrie
infiniment
belle» (16
mars 1922). Le
5 octobre
1925, après
avoir reçu la
Sainte
Communion et
fait le signe
de la croix en
murmurant: «Seigneur
Jésus, je
vous aime»,
Anna Schäffer
s'éteint
paisiblement,
à l'âge de
43 ans. Son
corps repose
au cimetière
de
Mindelstetten
en attendant
la «résurrection
de la chair»
(cf. Catéchisme
de l'Église
Catholique,
988-1019). «Le
Christ a
vaincu définitivement
le monde par
sa Résurrection;
toutefois,
parce que sa Résurrection
est liée à
sa passion et
à sa mort, il
a vaincu en même
temps ce monde
par sa
souffrance.
Oui, la
souffrance a
été insérée
de façon
particulière
dans cette
victoire sur
le monde,
manifestée
dans la Résurrection.
Le Christ
garde dans son
corps
ressuscité
les traces des
blessures causées
par le
supplice de la
croix, sur ses
mains, sur ses
pieds et dans
son côté.
Par la Résurrection,
il manifeste
la force
victorieuse de
la souffrance»
(SD, n. 25).
À
l'exemple du
bon Samaritain
La
force de la
souffrance est
aussi laissée
aux hommes
afin de
susciter la «civilisation
de l'amour»:
«La première
et la seconde
déclaration
du Christ à
propos du
jugement
dernier (Mt
25, 34-45)
indiquent sans
équivoque
possible
combien est
essentiel,
dans la
perspective de
la vie éternelle
à laquelle
tout homme est
appelé, le
fait de s'arrêter,
à l'exemple
du bon
Samaritain, près
de la
souffrance de
son prochain,
d'avoir pitié
d'elle, et
enfin de la
soulager. Dans
le programme
messianique du
Christ, qui
est le
programme du
Royaume de
Dieu, la
souffrance est
présente dans
le monde pour
libérer
l'amour, pour
faire naître
des oeuvres
d'amour à l'égard
du prochain,
pour
transformer
toute la
civilisation
humaine en «civilisation
de l'amour».
Dans cet
amour, le sens
salvifique de
la souffrance
se réalise à
fond et
atteint sa
dimension définitive»
(SD, n.
29).
Le Pape
conclut ainsi
son
exhortation
apostolique:
«Nous
demandons, à
vous tous qui
souffrez, de
nous aider. À
vous précisément
qui êtes
faibles, nous
demandons de
devenir une
source de
force pour l'Église
et pour
l'humanité.
Dans le
terrible
combat entre
les forces du
bien et du mal
dont le monde
contemporain
nous offre le
spectacle, que
votre
souffrance
unie à la
Croix du
Christ soit
victorieuse!»
(SD, n. 31).
La
bienheureuse
Anna Schäffer
a été
victorieuse grâce
à la Croix de
Jésus. Avant
même le
jugement
officiel de l'Église,
un peuple
nombreux de
Bavière puis
de toute
l'Europe s'est
rendu à son
tombeau pour
implorer son
aide. En 1998,
551 grâces
obtenues par
son
intercession
ont été
recensées à
la paroisse de
Mindelstetten.
Depuis 1929,
plus de 15000
grâces
attribuées à
sa prière ont
été signalées.
Lors de sa béatification,
le 7 mars
1999, le Pape
disait: «Si
nous tournons
notre regard
vers la
bienheureuse
Anna Schäffer,
nous lisons
dans sa vie un
vivant
commentaire de
ce qu'a écrit
saint Paul aux
Romains: L'espérance
ne déçoit
point, parce
que l'amour de
Dieu est répandu
dans nos
coeurs par l'Esprit-Saint
qui nous a été
donné (Rm
5, 5). Certes,
la lutte pour
s'abandonner
à la volonté
de Dieu ne lui
a pas été épargnée.
Mais il lui a
été donné
de comprendre
toujours mieux
que,
justement, la
faiblesse et
la souffrance
sont les pages
sur lesquelles
Dieu écrit
son Évangile...
Son lit de
malade est
devenu le
berceau d'un
apostolat étendu
au monde
entier».
Que ce soit
dans ses
lettres ou
dans son
travail
manuel, la
bienheureuse
Anna Schäffer
représente de
préférence
le Coeur de Jésus,
symbole de
l'Amour divin.
Nous lui
recommandons
tous ceux qui
souffrent afin
qu'elle les
aide à s'unir
au Coeur du
Christ, en
attendant la
glorieuse éternité.
Dom
Antoine Marie
osb
P. S. Nous
recevrons avec
gratitude toutes
les adresses d'éventuels
lecteurs que
vous voudrez
bien nous
envoyer. N'hésitez
pas à nous
demander nos
tracts sur la
Religion
catholique, la
divinité de
Notre-Seigneur Jésus-Christ,
un «petit livre
de prières»,
des scapulaires
du Mont-Carmel
avec notice
explicative, les
promesses du
Sacré-Coeur,
les mystères du
Rosaire.
Numéros des
comptes
Suisse : -C.C.P.
: «Abbaye
Saint-Joseph de
Clairval»
19-5447-7 Sion
ou chèques.
Belgique :
-C.C.P. : «Abbaye
Saint-Joseph de
Clairval»
000-1339871-10
ou chèques.
France : -C.C.P.
: «Abbaye
Saint-Joseph de
Clairval» 5618
78 A Dijon ou chèques.
USA : -Chèques
bancaires
ordinaires en $
us (pas besoin
de chèques
internationaux
spéciaux).
Canada : -Chèques
bancaires
ordinaires en $
can. (pas besoin
de chèques
internationaux
spéciaux).
Pour publier
notre lettre
dans une revue,
journal ... ou
pour la mettre
sur un web site
ou une home page
une autorisation
est nécessaire.
Elle doit-être
demandée à :
mel : abbaye@clairval.com
Pour plus de
renseignements
sur l'abbaye
vous pouvez
consulter notre
site ; vous y
trouverez ,
entre autre, les
lettres
spirituelles du
deuxième
semestre 1996 à
l'année 2000,
le programme des
retraites pour
l'année 2001 et
début 2002 :
http://www.clairval.com/
ou
http://www.userpage.
fu-berlin.de/~vlaisney/index.htm
Les moines
prient à toutes
vos intentions
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