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email : abbaye@clairval.com
25 décembre 2002
Noël
Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,
Saint Bernard, attribuant au Fils de Dieu le
verset des Proverbes: En sa main gauche
sont richesses et gloire, en sa droite
longueur des jours (Pr 3, 16), commentait:
«Tout cela, les cieux le lui fournissaient
dans une surabondance perpétuelle. Mais c'est
la pauvreté qui ne s'y trouvait pas. Or, sur
la terre, cette denrée abondait et
surabondait sans que l'homme en sache le prix.
C'est parce qu'il la convoitait que le Fils de
Dieu est descendu, afin de se l'attribuer, et
de nous la rendre précieuse en faisant d'elle
un grand cas» (Sermon pour la Vigile de Noël).
Jésus a voulu naître pauvre dans l'étable
de Bethléem, afin de nous faire riches par
sa pauvreté (2 Co 8, 9), de nous
soustraire par son divin exemple, à
l'affection des biens terrestres et de nous
attirer à la pratique de l'amour de Dieu et
des vertus. La pauvreté de Jésus-Christ nous
apporte plus de biens que tous les trésors du
monde, parce qu'en nous faisant relativiser
les richesses de la terre, elle nous fait acquérir
celles du Ciel. Je regarde toutes choses
comme de la balayure, afin de gagner le Christ,
s'écrie saint Paul (Ph 3, 8).
De nombreux saints nous ont donné l'exemple
d'une vie pauvre à la suite de Jésus-Christ.
Ils ont su également reconnaître les traits
de l'enfant de Bethléem dans le visage des
pauvres. Le 30 juillet 2002, le Pape
canonisait au Guatemala saint Pedro de
Betancur, Tertiaire franciscain, fondateur de
l'Ordre de Bethléem, qui, par amour pour le
Christ, a embrassé la cause des pauvres.
Se faire petit
Pedro de San José de Betancur naît
dans l'île de Tenerife (territoire espagnol,
appartenant à l'archipel des Canaries, au
sud-ouest du Maroc). Il vient au monde au
village de Villaflor, le 21 mars 1621, et reçoit
le baptême le jour même. Ses parents sont
des chrétiens fervents, pour qui la foi et
l'amour de Dieu constituent la plus grande des
richesses. Les cinq enfants, dont Pedro
(Pierre) est l'aîné, ont sous les yeux la
prière fervente de leur père ainsi que les
privations de leur mère en faveur des
pauvres. Le caractère de Pedro est marqué
par certains traits qui lui viennent
probablement d'un de ses aïeux, gentilhomme
normand qui avait conquis les Canaries au
service d'Henri III de Castille: l'orgueil, le
désir d'être toujours au premier plan,
l'instinct de victoire et de domination, la
tendance à décider seul... Une rigoureuse
ascèse, soutenue par la grâce, l'aidera à
corriger ces défauts et à pratiquer les
vertus d'humilité, de simplicité, d'obéissance;
son désir est de se faire petit, tant aux
yeux de Dieu qu'à ceux de ses frères. De sa
mère, il hérite l'esprit de piété, la joie
et la facilité à manifester sa ferveur
religieuse avec spontanéité et bonne humeur.
Tout jeune, le garçon s'occupe du troupeau de
son père qu'il conduit dans les vallées et
sur les plages de l'île. Ce contact avec la
nature développe en lui une facilité d'émerveillement
et de sereine contemplation de Dieu présent
dans sa création. Après la mort de son père,
Pedro abandonne son travail de pasteur pour
cultiver la petite propriété familiale. Un
jour, il entend Frère Luis de Betancur, un
parent, parler de l'Amérique, de ses forêts,
de ses richesses, mais aussi des Amérindiens
et des Noirs réduits en esclavage. Une
profonde compassion pour ces malheureux et le
désir d'aller les évangéliser naissent dans
son coeur.
Cependant, Madame de Betancur fait pour son
fils des projets de mariage. Pedro ne partage
pas le dessein de sa mère; il prend le temps
de prier et consulte sa tante qui habite non
loin de là. Tous deux examinent l'affaire
devant Dieu; enfin, indiquant à son neveu la
route de la mer, la tante affirme: «Tu dois
aller à la rencontre de Dieu comme Pierre sur
les eaux». Rempli de joie, Pedro s'embarque
sur un navire pour traverser l'Atlantique.
Avant son départ, il écrit à sa mère qu'un
amour plus grand et un service de première
importance le poussent à tout quitter. Il débarque
à La Havane en 1649. Deux années plus tard,
désirant gagner le continent, il monte sur un
navire et s'engage comme mousse pour compenser
les frais de voyage. Son travail est si ardent
et sa bonté telle, qu'arrivé à destination,
le commandant du bateau ne veut pas lui rendre
sa liberté. Pedro discerne dans cette
situation une volonté temporaire et expresse
de Dieu, mais demeure ferme dans ses
aspirations de missionnaire. Peu après, il
est frappé de fièvres si violentes qu'on
doit le débarquer sur une plage, au
Guatemala, pays d'Amérique centrale, dépendant,
à l'époque, de l'Espagne. Là, un pêcheur
lui parle de la ville de Santiago de
Guatemala: «Je désire me rendre dans cette
ville, répond-il, parce qu'une joie profonde
et une force supérieure me poussent à aller
vers elle!»
Avant d'entrer dans cette capitale qu'il gagne
à pied, Pedro s'agenouille, prie et baise la
terre. C'est le 18 février 1651, à deux
heures de l'après-midi. Or, à cette heure même,
la belle cité est ébranlée par un
tremblement de terre. Oublieux du péril,
Pedro s'empresse de porter secours aux
victimes. Mais le lendemain, épuisé à la
fois par son voyage et par son charitable dévouement,
il se rend à l'hôpital de Saint-Jean de Dieu
qui accueille les malades les plus délaissés,
en particulier de nombreux Amérindiens et des
Africains. Malgré la gravité de son état,
Pedro guérit et s'engage comme ouvrier chez
un boulanger. Témoin de la souffrance des
esclaves condamnés aux travaux forcés, il
s'intéresse à leur sort, cherche à améliorer
leur situation en prenant sur son propre
salaire, les instruit avec bonté et récite
avec eux le Rosaire afin de transformer leurs
moeurs dépravées.
Au pied du
crucifix
Un jour, il va frapper à la porte du
couvent des Franciscains. Le Père Fernand
Espino le reçoit avec bonté et, constatant
la valeur spirituelle du jeune homme, l'invite
à faire des études en vue du sacerdoce.
Ardent au travail, Pedro étudie jour et nuit,
mais les résultats ne correspondent pas à
ses efforts; c'est pourquoi, après avoir prié
la Sainte Vierge, il décide d'abandonner la
voie du sacerdoce. Il entre dans le
Tiers-Ordre de Saint-François dont il revêt
l'habit en janvier 1655, avant de se retirer
dans l'église d'El Calvario, où il
exerce la charge de sacristain. Pedro passe
des heures en adoration devant un crucifix très
expressif vénéré dans ce sanctuaire. Dans
ses moments libres, il exerce les oeuvres de
miséricorde, s'occupant de tous les déshérités,
visitant les hôpitaux, les prisons, les
pauvres, les affamés, les émigrés sans
travail; il catéchise les enfants avec des
chants et des jeux. Sa bonté et sa renommée
de sainteté attirent peu à peu des foules au
Calvario.
«Les oeuvres de miséricorde sont les actions
charitables par lesquelles nous venons en aide
à notre prochain dans ses nécessités
corporelles et spirituelles... Sous ses
multiples formes: dénuement matériel,
oppression injuste, infirmités physiques et
psychiques, et enfin la mort, la misère
humaine est le signe manifeste de la condition
native de faiblesse où l'homme se trouve
depuis le premier péché, et du besoin de
salut. C'est pourquoi elle a attiré la
compassion du Christ Sauveur qui a voulu la
prendre sur Lui et s'identifier aux plus
petits d'entre ses frères. C'est pourquoi
ceux qu'elle accable sont l'objet d'un amour
de préférence de la part de l'Église qui,
depuis les origines, en dépit des défaillances
de beaucoup de ses membres, n'a cessé de
travailler à les soulager, les défendre et
les libérer. Elle l'a fait par d'innombrables
oeuvres de bienfaisance qui restent toujours
et partout indispensables» (Catéchisme de
l'Église Catholique, CEC,
2447-2448).
Par cette parole: Les pauvres, en effet,
vous les aurez toujours avec vous: mais moi,
vous ne m'aurez pas toujours (Jn 12, 8), Jésus
nous invite à «reconnaître sa présence
dans les pauvres qui sont ses frères. Le jour
où sa mère la reprit d'entretenir à la
maison pauvres et infirmes, sainte Rose de
Lima lui dit: «Quand nous servons les pauvres
et les malades, nous servons Jésus. Nous ne
devons pas nous lasser d'aider notre prochain,
parce qu'en eux c'est Jésus que nous servons»»
(CEC, 2449).
Poussé par le même esprit de charité que
sainte Rose de Lima, le Frère Pedro achète,
en février 1658, une maison très pauvre
qu'il nomme «la petite maison de Notre-Dame
de Bethléem». Il y recueille des enfants
vagabonds, blancs, métis, créoles, noirs.
Bientôt y accourent des convalescents pauvres
renvoyés des hôpitaux, des étudiants, des
étrangers. Ainsi, cet homme assez peu
instruit, devient-il le fondateur de la première
école gratuite d'alphabétisation d'Amérique
centrale et du premier hôpital de
convalescence des terres espagnoles d'Amérique.
Son succès est tel qu'il lui faut promptement
agrandir le local. Grâce à des dons, Pedro
acquiert des maisons voisines. Confiant dans
la Providence, il ne recherche pas de revenus
fixes, mais recourt à la générosité de
familles aisées qui assurent quotidiennement,
à tour de rôle, la nourriture des indigents
qui vivent là. Pour les autres besoins, il
parcourt inlassablement les rues de la ville,
sollicitant de l'aide. Au cours de ses allées
et venues, il n'y a pas de misère qu'il ne
s'efforce de soulager. Un jour, ayant trouvé
à la porterie du couvent de Saint-François
une pauvre vieille femme, jadis esclave et
maintenant complètement abandonnée, il la
prie de loger en sa maison et l'y porte lui-même
sur ses épaules. Sa charité universelle lui
a mérité le titre de «Mère du Guatemala»,
décerné par le Pape Jean-Paul II, lors de sa
béatification.
La tromperie la
plus grande
Pressé par la charité du Christ,
Pedro de Betancur est véritablement heureux
de donner sa vie pour Dieu à travers le
service des pauvres. Il offre ainsi un exemple
qui demeure actuel. Lors de la journée
mondiale de la jeunesse, à Toronto, le 28
juillet 2002, le Pape Jean-Paul II exhortait
les jeunes à servir Dieu et leurs frères, en
des termes énergiques: «L'esprit du monde
offre de multiples illusions, de nombreuses
parodies du bonheur. Il n'est sans doute pas
de ténèbres plus épaisses que celles qui
s'insinuent dans l'âme des jeunes lorsque de
faux prophètes éteignent en eux la lumière
de la foi, de l'espérance et de l'amour. La
tromperie la plus grande, la source la plus
importante de malheur consistent dans
l'illusion de trouver la vie en se passant de
Dieu, d'atteindre la liberté en excluant les
vérités morales et la responsabilité
personnelle... Jésus, l'ami intime de chaque
jeune, a les paroles de la vie. Le monde dont
vous hériterez est un monde qui a désespérément
besoin d'un sens renouvelé de la fraternité
et de la solidarité humaine. C'est un monde
qui a besoin d'être touché et guéri par la
beauté et par la richesse de l'amour de Dieu.
Le monde actuel a besoin de témoins de cet
amour. Il a besoin que vous soyez le sel de la
terre et la lumière du monde.
«Le sel est utilisé pour conserver et
maintenir saine la nourriture. En tant qu'apôtres
du troisième millénaire, il vous revient de
conserver et de maintenir vive la conscience
de la présence de Jésus-Christ, notre
Sauveur, en particulier dans la célébration
de l'Eucharistie, mémorial de sa mort rédemptrice
et de sa résurrection glorieuse. Vous devez
maintenir vive la mémoire des paroles de vie
qu'Il a prononcées, des merveilleuses oeuvres
de miséricorde et de bonté qu'Il a
accomplies. Vous devez sans cesse rappeler au
monde que l'Évangile est la puissance de Dieu
qui sauve. Le sel assaisonne et donne du goût
à la nourriture. En suivant Jésus, vous
devez changer et améliorer la «saveur» de
l'histoire humaine. Par votre foi, votre espérance
et votre amour, par votre intelligence, votre
courage et votre persévérance, vous devez
humaniser le monde dans lequel nous vivons.
Isaïe indiquait déjà le moyen d'y parvenir:
Faire tomber les chaînes injustes...
partager ton pain avec celui qui a faim...
Alors ta lumière se lèvera dans les ténèbres
(Is 58, 6-10)».
Qui vivra, verra
Le Père Manuel Lobo, Jésuite, qui fut
pendant quinze ans le directeur spirituel du
Frère Pedro de Betancur, écrit: «Ce fut à
cause de la grande dévotion qu'il professait
à l'égard du mystère de la naissance du
Fils de Dieu, qu'inspiré d'en-haut, il donna
à son établissement le nom de Notre-Dame de
Bethléem. Bethléem signifie «maison du pain»:
ce fut là que les humbles bergers trouvèrent
le Fils de Dieu incarné; pareillement, en ce
nouveau Bethléem, les pauvres devaient
trouver, avec du pain, le Seigneur Dieu et,
avec la nourriture corporelle, la nourriture
spirituelle pour l'alimentation de leurs âmes».
Pedro a commencé seul. Mais l'exemple de sa
charité porte de jeunes Tertiaires de
Saint-François à se joindre à lui pour
secourir les malheureux. Il accueille
volontiers ces compagnons et organise une vie
commune toute simple où la prière et la pénitence
alternent avec les oeuvres de charité
corporelle. Son désir est de bâtir un véritable
hôpital destiné avant tout aux convalescents
qui ont encore besoin de soins et doivent
recouvrer à la fois la force physique et la
santé de l'âme. Il expose son projet à l'évêque
du lieu qui, l'ayant écouté attentivement,
lui demande avec quelles ressources il paiera
une construction si coûteuse: «Je ne le sais
pas, répond Pedro, mais Dieu le sait et y
pourvoira». L'évêque accorde la permission
demandée et les travaux commencent sans
tarder. Cependant les critiques ne manquent
pas. N'est-ce pas présomption que
d'entreprendre une telle oeuvre? Un jour, le
Supérieur du couvent des Franciscains vient
visiter le chantier en l'absence de Pedro, et
il désavoue ce projet si onéreux. À son
retour, le fondateur, mis au courant des réflexions
du religieux, se borne à déclarer: «Tout
ceci ne se fait pas pour le compte de ce Père,
ni pour le mien, mais pour le compte de Dieu,
et qui vivra, verra». De fait, la foi et
l'humilité de Pedro lui permettent de récolter
peu à peu les fonds nécessaires.
Le meilleur
service de Dieu
Pendant la construction de l'hôpital,
Pedro continue à pratiquer les oeuvres de miséricorde.
Il fournit des vivres aux hôpitaux et aux
prisons, assiste les agonisants, rétablit la
concorde dans les foyers désunis, convertit
les prostituées à qui il procure les moyens
de mener une vie honnête. Il se tourne avec
une attention spéciale vers ceux qui se
trouvent dans une situation de plus grande
faiblesse, et donc de plus grand besoin. «L'option
pour les pauvres (c'est-à-dire la préférence
donnée aux plus pauvres dans les oeuvres de
charité) se situe dans la logique même de
l'amour vécu selon le Christ. Tous les
disciples du Christ doivent donc la faire»
(Jean-Paul II, Exhortation apostolique
sur la Vie Consacrée, 25 mars 1996, n. 82).
Pedro témoigne aussi d'une vive charité
envers les âmes du Purgatoire pour lesquelles
il fait célébrer des Messes. Très actif, il
demeure cependant toujours uni à Dieu, ne
cessant de prier et de méditer sur les mystères
de la vie de Notre-Seigneur. Lorsqu'il apprend
que le Très Saint-Sacrement est exposé dans
une église, il interrompt ses occupations
habituelles pour aller l'adorer à genoux,
immobile, de longs moments. Habitué de la
croix et des sacrifices, il réprouve
toutefois les pénitences qui nuisent aux
activités charitables: «On sert Dieu de
meilleure façon, dit-il, en transportant un
malade d'une chambre à une autre, qu'en se
soumettant à des pénitences excessives». Il
répond à une dame qui se plaint de ne pas
pouvoir aller à l'église à cause de son
mari paralysé: «À côté d'un malade, vous
pouvez prier autant que vous voulez, et Dieu
vous entendra aussi bien qu'à l'église».
Un autre apostolat de l'humble Tertiaire
consiste à parcourir la nuit, les rues de la
ville en agitant une sonnette et en clamant
tout haut cet avertissement: «Frères,
souvenez-vous que nous avons une âme, et si
nous la perdons nous ne pourrons pas la
retrouver». Ainsi rappelle-t-il à chacun la
grande pensée de l'éternité et
provoque-t-il des conversions. La plus célèbre
d'entre elles concerne un jeune homme noble,
don Rodrigue Arias Maldonado, gouverneur de
Costa-Rica, venu au Guatemala recevoir une récompense
du Roi d'Espagne. Une des dames les plus
nobles et les plus riches de la ville, éprise
de Rodrigue, se présente, une nuit, à son
palais, dans une intention coupable: mais elle
y est aussitôt frappée d'une syncope
mortelle. Don Rodrigue, terrifié, ne sait que
faire lorsque soudain la sonnette nocturne de
Pedro se fait entendre. Furieux, Rodrigue se
précipite dans la rue, l'épée nue à la
main, bien décidé à faire taire ce
personnage gênant. Avec son humble douceur,
Pedro le fixe du regard, puis, lisant dans son
coeur, il lui dit point par point les faits
qui viennent de se produire. Comprenant alors
qu'il a affaire à un saint, le gentilhomme
avoue ses péchés. Après l'avoir écouté
avec beaucoup de compassion, Pedro monte
jusqu'au logis où la pauvre femme gît, pâle
et glacée; il murmure une prière et trace le
signe de la croix sur elle. Peu à peu, la
dame reprend vie et, toute tremblante, pousse
un gémissement. Pedro la rassure, l'aide à
se relever, la couvre de son manteau et la
renvoie chez elle.
Rodrigue passe le reste de la nuit sans
dormir, agité de terribles remords. Lorsque
revient le jour, il se rend à l'hôpital et
demande son admission dans la Communauté de
Pedro. «Ce n'est pas encore le moment,» lui
répond ce dernier, qui le renvoie chez lui. Là,
il trouve le billet royal qu'il attend depuis
sa venue au Guatemala: le Roi Philippe IV lui
accorde le titre de Marquis de Talamanca ainsi
qu'un riche traitement, et lui annonce qu'il
le nommera sous peu Vice-Roi de la nouvelle
Espagne. Trois jours plus tard, ayant bien réfléchi,
il se présente de nouveau à l'hôpital.
Cette fois, Pedro l'accueille en l'embrassant:
«Frère Rodrigue, la paix soit avec toi.
Cette maison est la tienne. À partir
d'aujourd'hui, tu t'appelleras Rodrigue de la
Croix».
Le 20 avril 1667, Pedro, affaibli par ses
nombreux travaux, est frappé de
broncho-pneumonie. Voyant la mort arriver, il
désigne Rodrigue de la Croix comme son
successeur et, le bénissant par ces mots: «Que
Dieu te rende humble!», il lui trace les
lignes directrices qu'il faut conserver à
l'oeuvre entreprise. Le 25 avril, il rend son
âme à Dieu dans un transport de joie.
Rodrigue de la Croix exécuta fidèlement les
volontés du fondateur et rédigea les
constitutions de l'Ordre de Bethléem. À côté
des Frères, il accepta également des Soeurs.
En 1674, le Pape Clément X approuva les règles
des uns et des autres.
Un héritage à ne
pas perdre
Le 22 juin 1980, le Pape Jean Paul II béatifiait
Frère Pedro de Betancur, simple Tertiaire
qui, pauvre parmi les pauvres, avait su
reconnaître en ces derniers la ressemblance
du saint Enfant de Bethléem. En effet, «ici-bas,
le Christ est pauvre dans la personne de ses
pauvres... En tant que Dieu, il est riche, en
tant qu'homme, il est pauvre. De fait, le même
homme déjà riche est monté au Ciel et il
est assis à la droite du Père. Mais en même
temps, il reste ici-bas le pauvre qui a faim,
qui a soif, qui est nu» (Saint Augustin). À
l'occasion de la canonisation de Frère Pedro,
le Saint-Père s'exprimait ainsi: «Aujourd'hui
encore, le nouveau saint est une invitation
pressante à pratiquer la miséricorde dans la
société actuelle surtout quand sont si
nombreux ceux qui attendent une main tendue
qui les secoure. Nous pensons aux enfants et
aux jeunes sans-abri ou sans éducation, aux
femmes abandonnées qui doivent faire face à
tant de besoins; aux multitudes de laissés
pour compte dans les villes; aux victimes des
organisations de crime organisé, de
prostitution ou de la drogue; aux malades sans
assistance ou aux personnes âgées qui vivent
seules.
«Frère Pedro est un héritage à ne pas
perdre; il faut en faire l'objet d'une
gratitude permanente et avoir un propos
renouvelé d'imitation. Cet héritage doit
susciter chez les chrétiens et chez tous les
citoyens le désir de transformer la communauté
humaine en une grande famille, où les
relations sociales, politiques et économiques
soient dignes de l'homme, et au sein de
laquelle soit promue la dignité de la
personne à travers la reconnaissance
effective de ses droits inaliénables.
«Je voudrais conclure en rappelant que la dévotion
à la Très Sainte Vierge accompagna toujours
la vie de piété et de miséricorde de Frère
Pedro. Qu'elle nous guide nous aussi afin que,
illuminés par les exemples de «l'homme fait
charité», comme est connu Pedro de Betancur,
nous puissions arriver jusqu'à son fils Jésus!»
C'est la grâce que nous demandons à saint
Joseph pour vous et tous ceux qui vous sont
chers.
Dom Antoine Marie osb
P. S. Nous recevrons avec gratitude toutes
les adresses d'éventuels lecteurs que vous
voudrez bien nous envoyer. N'hésitez pas à
nous demander nos tracts sur la Religion
catholique, la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
un «petit livre de prières», des scapulaires
du Mont-Carmel avec notice explicative, les
promesses du Sacré-Coeur, les mystères du
Rosaire.
Numéros des comptes
Suisse : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph de
Clairval» 19-5447-7 Sion ou chèques.
Belgique : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph de
Clairval» 000-1339871-10 ou chèques.
France : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph de
Clairval» 5618 78 A Dijon ou chèques.
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(pas besoin de chèques internationaux spéciaux).
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semestre 1996 à l'année 2000, le programme des
retraites pour l'année 2001 et début 2002 :
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Les moines prient à toutes vos intentions
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