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AVE
MARIA
Abbaye
Saint-Joseph de Clairval
21150 Flavigny sur Ozerain
France |
email : abbaye@clairval.com
30 mai 2004
Pentecôte
Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,
«Avec l'avènement
de Jésus-Christ Sauveur, Dieu a voulu que l'Église
fondée par Lui fût l'instrument du salut de
toute l'humanité... Dieu veut le salut de tous
par la connaissance de la vérité. Le salut se
trouve dans la vérité. Ceux qui obéissent à la
motion de l'Esprit de vérité sont déjà sur le
chemin du salut; mais l'Église, à qui cette vérité
a été confiée, doit aller à la rencontre de
leur désir pour la leur apporter. C'est parce
qu'elle croit au dessein universel de salut
qu'elle doit être missionnaire» (Déclaration Dominus
Jesus, DJ, Congrégation pour la
Doctrine de la Foi, 6 août 2000, n. 22). Le désir
d'annoncer le Christ jusqu'aux extrémités de la
terre est à l'origine de la vocation missionnaire
de Mère Marie-Hermine de Jésus Grivot et de ses
six compagnes martyrisées en Chine, et canonisées
par le Pape Jean-Paul II, le 1er octobre 2000.
Le 28 avril 1876, naît à Beaune, au diocèse de
Dijon, une enfant qui reçoit au Baptême les prénoms
de Louise, Emma, Émilie; on l'appelle familièrement
Irma. La pauvreté règne chez ses parents, les époux
Grivot; le père est ouvrier tonnelier. Irma,
atteinte de pleurésie dès l'enfance, conservera
toute sa vie une apparence chétive. Mais son âme
est tournée vers Dieu et, au catéchisme,
lorsqu'on l'interroge, elle répond avec clarté
et précision. Lors de sa retraite de Communion,
à l'âge de douze ans, elle entend parler du
martyre de petits enfants. Les supplices endurés
lui paraissent bien effrayants. Mais la pensée
d'entrer aussitôt au Ciel, la joie de voir Dieu
et de L'aimer sans crainte de Le perdre,
l'enflamment d'enthousiasme et lui font désirer
le martyre. Au Carmel de Beaune, on vénère une
statue miraculeuse de Jésus enfant, appelé «le
petit Roi de gloire et de grâce»; dans les
grandes occasions, un prêtre la présente à
baiser aux fidèles, qui obtiennent ainsi bien
souvent des grâces. Irma confie à l'Enfant-Jésus
son désir du martyre.
Simple, droite, intelligente, studieuse, d'un cœur
affectueux, Irma poursuit ses études avec facilité
jusqu'en 1893. Elle aspire à la vie religieuse,
mais ses parents s'y opposent catégoriquement.
Pour s'assurer une certaine indépendance par
rapport à sa famille, elle s'emploie à donner
des cours particuliers. Puis, persévérant dans
son dessein de vie consacrée, elle vient, un soir
de 1894, frapper à la porte de Religieuses
adoratrices du Très Saint-Sacrement et dévouées
aux Missions lointaines, les Franciscaines
Missionnaires de Marie, à Vanves (près de
Paris). Cette Communauté, récemment fondée par
Hélène de Chappotin de Neuville, une Bretonne
intrépide, qui a pris en religion le nom de Mère
Marie de la Passion, sera approuvée définitivement
en 1896, par le Pape Léon XIII. En 1904, quand Mère
Marie de la Passion mourra, sa Communauté,
atteignant les extrémités du monde, comptera
plus de 3000 Religieuses, réparties en 86
maisons, hôpitaux, ateliers, léproseries.
La fondatrice sera déclarée Bienheureuse par le
Pape Jean-Paul II, le 20 octobre 2002.
Les Congrégations vouées
aux Missions lointaines annoncent que Jésus, vrai
Dieu et vrai homme, est l'unique médiateur entre
Dieu et les hommes. De nos jours, certains
affirment que le Mystère de Dieu «se
manifesterait à l'humanité sous maintes formes
et par maintes figures historiques: Jésus de
Nazareth serait l'une d'entre elles» (DJ, 9).
Pour remédier à cette mentalité relativiste très
répandue, «il faut réaffirmer avant tout que la
révélation de Jésus-Christ est définitive et
complète. On doit en effet croire fermement que
la révélation de la plénitude de la vérité
divine est réalisée dans le mystère de Jésus-Christ,
Fils de Dieu incarné» (DJ, 5).
Les siens n'acceptent
pas
Irma a 18 ans. Ses traits sont fins, son
menton volontaire, ses yeux doux, calmes et purs.
Son seul désir: accomplir, adorer et bénir la
volonté de Dieu. Discrète et effacée, elle
passe inaperçue. En son pays natal, les siens
n'acceptent toujours pas sa vocation et la douleur
qu'elle en ressent lui arrache parfois
d'abondantes larmes. La jeune fille est bientôt
envoyée au Noviciat de la Congrégation, aux Châtelets,
en Bretagne, non loin de Saint-Brieuc. On lui
confie d'abord la charge du « probandat », sorte
de petit-séminaire féminin, où les fillettes
susceptibles d'une vocation future sont instruites
et élevées avec le plus grand soin.
Si l'une de ses élèves se montre rebelle à ses
conseils, elle tâche par mille attentions de
ramener le cœur de la brebis errante. Parfois, on
juge sa bonté excessive: «C'est le bon Dieu que
je vois en cette enfant, répond-elle. Il faut
bien supporter quelque chose pour gagner le
Ciel... Si je vais en Chine un jour, les Chinois
me feront bien autrement souffrir». Elle tient le
journal de la maison. On y remarque ses qualités
de précision et de clarté, ainsi que son amour
du beau et l'élévation de sa pensée. Le 22
juillet 1894, Irma reçoit l'habit religieux, sous
le nom de sœur Marie-Hermine de Jésus. Les armes
de la Bretagne portent une hermine, animal qui,
dit-on, préfère la mort à la perte de sa
blancheur, avec cette devise: «Plutôt la mort
que la souillure». Tel est aussi le programme de sœur
Marie-Hermine de Jésus.
Pour accepter les plus grands sacrifices, elle
commence par de petits renoncements, dans une vie
humble et cachée. «Qu'est-ce que l'humilité? se
demande-t-elle dans son journal. – La
connaissance intime et vraie de soi-même et notre
vie réglée sur elle». Sœur Marie-Hermine
conserve le désir de partir en pays de Mission.
Mais, à l'issue de son noviciat, elle est appelée
à un autre genre de dévouement: les fonctions de
comptabilité et de gestion des travaux à la
maison de Vanves. Là, en effet, les Sœurs
missionnaires, pauvres par vocation, tirent de
divers ouvrages leurs moyens de subsistance et de
développement: imprimerie, imagerie, reliure,
maroquinerie, productions artistiques, etc. Le
travail absorbant ne laisse pas de repos à sœur
Marie-Hermine, mais quand on frappe à sa porte,
on est invariablement accueilli par elle avec
amabilité et douceur, si importune que soit
l'interruption de son travail.
Une double adhésion
Lors de sa profession religieuse, le 8
septembre 1896, elle tressaille de bonheur et de
crainte. La consécration de soeur Marie-Hermine
à Dieu est fondée sur sa foi. «La foi est
d'abord une adhésion personnelle de l'homme à
Dieu; elle est en même temps, et inséparablement,
l'assentiment libre à toute la vérité que Dieu
a révélée. La foi par conséquent, don de Dieu
et vertu surnaturelle infuse par Lui, comporte une
double adhésion: à Dieu qui révèle et à la vérité
qu'Il révèle, à cause de la confiance accordée
à la personne qui affirme. C'est pour cela que
nous ne devons croire en nul autre que Dieu, le Père,
le Fils et le Saint-Esprit » (DJ, 7). Dans
la ferveur de sa foi, sœur Marie-Hermine conserve
le désir de donner sa vie pour Dieu. Par mode
d'amusement, un jour, à la récréation, on tire
à la courte paille pour savoir qui partira la
première et qui sera la première martyre de
l'Institut. Le sort tombe sur sœur Marie-Hermine,
qui regarde sa paille avec un radieux sourire, se
sentant confortée dans l'espoir de mourir pour
son divin Époux et pour l'Église, qui est le
Corps mystique du Christ.
Sœur Marie-Hermine ne doute pas que l'Église
catholique soit l'Église fondée par Jésus-Christ.
En effet, «le Seigneur Jésus, unique Sauveur,
n'a pas simplement établi une communauté de
disciples, mais Il a constitué l'Église comme
mystère de salut: Il est Lui-même dans l'Église
et l'Église est en Lui... Tout comme il existe un
seul Christ, Il n'a qu'un seul Corps, une seule Épouse:
une seule et unique Église catholique et
apostolique... Les fidèles sont tenus de
professer qu'il existe une continuité historique
– fondée sur la succession apostolique –
entre l'Église instituée par le Christ et l'Église
catholique... Aussi n'est-il pas permis aux fidèles
d'imaginer que l'Église du Christ soit simplement
un ensemble – divisé certes, mais conservant
encore quelque unité – d'Églises et de
Communautés ecclésiales; et ils n'ont pas le
droit de tenir que cette Église du Christ ne
subsiste plus nulle part aujourd'hui de sorte
qu'il faille la tenir seulement pour une fin à
rechercher par toutes les Églises en commun» (DJ,
16, 17).
En 1898, le Père Fogolla, Franciscain, vicaire de
l'évêque du Shanxi (Chine), demande à la Mère
Générale des Franciscaines Missionnaires de
Marie une fondation dans la capitale de son diocèse,
Taï-Yuan-Fou. Soeur Marie-Hermine est pressentie
par sa Supérieure Générale pour cette nouvelle
fondation. «Sans hésitation aucune, lui écrit-elle,
je vous réponds oui, Mère bien-aimée... C'est
pour sauver les âmes en soignant leurs corps, que
je suis entrée dans l'Institut». Peu après,
soeur Marie-Hermine apprend sa nomination comme
Supérieure de la fondation chinoise. Son humilité
s'effraie de cette charge, mais elle accepte par
obéissance.
Nécessité de l'Église
Pour sauver les âmes, Mère Marie-Hermine
de Jésus veut les conduire à l'Église. On doit
avant tout croire fermement que «l'Église en
marche sur la terre est nécessaire au salut.
Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie
de salut: or, Il nous devient présent en son
Corps qui est l'Église; et en nous enseignant
expressément la nécessité de la foi et du baptême
(cf. Mc 16, 16; Jn 3, 5), c'est la nécessité de
l'Église elle-même, dans laquelle les hommes
entrent par la porte du baptême, qu'Il nous a
confirmée en même temps. C'est pourquoi ceux qui
refuseraient soit d'entrer dans l'Église
catholique, soit d'y persévérer, alors qu'ils la
sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme
nécessaire, ceux-là ne pourraient pas être sauvés»
(Vatican II, Lumen gentium, 14).
Cette vérité exclut
radicalement la mentalité indifférentiste « qui
porte à considérer que toutes les religions se
valent... Les adeptes d'autres religions se
trouvent dans une situation de grave indigence par
rapport à ceux qui, dans l'Église, ont la plénitude
des moyens de salut» (DJ, 21, 22). Les différentes
traditions religieuses du monde contiennent,
certes, des éléments de religiosité. Mais on ne
peut ignorer que certains rites des autres
religions naissent de superstitions et constituent
un obstacle au salut (cf. DJ, 21). Toutefois, «ceux
qui, sans qu'il y ait de leur faute, ignorent l'Évangile
du Christ et son Église, mais cherchent pourtant
Dieu d'un cœur sincère et s'efforcent, sous
l'influence de sa grâce, d'agir de façon à
accomplir sa volonté telle que leur conscience la
leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent
arriver au salut éternel. À ceux mêmes qui,
sans faute de leur part, ne sont pas encore
parvenus à une connaissance expresse de Dieu,
mais travaillent, non sans la grâce divine, à
avoir une vie droite, la divine Providence ne
refuse pas les secours nécessaires à leur salut.
En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver
de bon et de vrai, l'Église le considère comme
une préparation évangélique et comme un don de
Celui qui illumine tout homme pour que,
finalement, il ait la vie» (Vatican II, Lumen
gentium, 16).
Le Père Fogolla, élevé à la dignité épiscopale
par le Pape Léon XIII, annonce à Mère
Marie-Hermine: «Vous devez vous attendre à
porter de nombreuses croix: souffrances durant la
traversée, souffrances sur la terre, par suite du
manque absolu des choses les plus indispensables
à la nature, enfin souffrances dans la Mission même,
parmi les Chinoises habituées à leurs coutumes
et dont le caractère laisse parfois à désirer».
L'épreuve du départ pour la Chine est bien
douloureuse. Madame Grivot n'accepte toujours pas
la vocation de sa fille, et celle-ci écrit à une
amie: «J'espère contre toute espérance. Peut-être
le Bon Dieu me laisse-t-Il encore cette croix
comme aiguillon à ma confiance. Qui sait si le
salut des miens n'est pas lié à la fidélité de
leur fille?»
Le Shanxi, province de la Chine du Nord, est un
plateau immense. Le climat y est rigoureux et les
récoltes tardives et insuffisantes. Une foule de
superstitions se partagent l'empire chinois, et de
nombreux martyrs ont versé leur sang pour son évangélisation.
Une trentaine d'années avant l'arrivée des
Franciscaines de Marie, dix Filles de la Charité
ont été massacrées à Tien-Tsin.
«Que c'est bon...!»
Le 12 mars 1899, quatorze Franciscaines
Missionnaires de Marie s'embarquent à Marseille
pour la Chine. Mère Marie-Hermine et six de ses
compagnes sont destinées à fonder la mission de
Taï-Yuan-Fou, ville d'environ 300000 habitants.
Ce sont: trois Françaises, deux Italiennes, une
Belge et une Hollandaise. Aux escales, elles sont
accueillies par des religieuses de diverses congrégations.
«Que c'est bon, la charité mutuelle, surtout en
mission!» note avec reconnaissance Mère
Marie-Hermine. Elles arrivent à destination, le 4
mai 1899. La Résidence de Taï-Yuan-Fou est en fête:
200 orphelines, cinq ou six Pères Franciscains
attendent les voyageuses. À peine arrivées, il
leur faut d'urgence panser une pauvre petite
Chinoise, dont la tête est recouverte d'une gale
si affreuse que la plaie met l'os à nu. La suite
est du même genre: tel enfant de huit ans, ayant
eu la fièvre typhoïde, est resté cent jours
sans être lavé, ni changé. Quotidiennement, on
apporte à la résidence douze à quinze enfants
abandonnés.
Tout proche du couvent provisoire des
Franciscaines Missionnaires de Marie, se trouve
l'orphelinat dirigé par des Religieuses
autochtones. L'établissement manque
d'organisation: ordre, hygiène et habitude du
travail y font défaut. Les Religieuses chinoises
manifestent une certaine défiance vis-à-vis des
nouveaux usages qu'apportent les Franciscaines.
Les aider à progresser est la tâche de Mère
Marie-Hermine qui écrit: «Il faut opérer
lentement, car elles tiennent à leurs idées et
ne peuvent évidemment enseigner autre chose que
les coutumes du pays». Les Franciscaines
apprennent aux orphelines le tricotage,
l'utilisation de la machine à coudre et la
confection de la dentelle. Mais les nouvelles
venues doivent payer leur tribut au climat du
pays: elles sont bientôt atteintes de maladies.
«Quoi qu'il arrive, écrit Mère Marie-Hermine,
nous sommes toutes résignées au bon vouloir
divin, abandonnées entre les mains du Maître;
Lui seul dispose de notre vie... La croix de la
vie missionnaire doit se supporter joyeusement».
La moitié de ma vie
Le 2 août 1899, pour la première fois, le
Très Saint-Sacrement est exposé dans la chapelle
de l'orphelinat. Mère Marie-Hermine affirme au Père
Procureur de la Mission: «L'adoration du
Saint-Sacrement est la moitié de ma vie; l'autre
moitié consiste à faire aimer Jésus et à Lui
gagner des âmes». Cependant, les orphelines ne répondent
pas aux soins des Sœurs missionnaires: «Le
premier pas que nous avions fait dans les oeuvres
n'a pas été suivi, avoue tristement la Mère».
Les Religieuses chinoises qui surveillent les
enfants ne comprennent pas le bienfait du travail
pour ces fillettes habituées à flâner tout le
jour. Il faudra encore aux Sœurs beaucoup de
patience et de diplomatie pour redresser la
situation. Mais, après quelques mois d'humble
labeur, ayant gagné les Cœurs par leur douceur
et leur fermeté, les Franciscaines prennent la
direction complète de l'orphelinat et
d'encourageants progrès se réalisent. Néanmoins,
l'hôpital qu'on envisage de construire et de leur
confier n'est toujours qu'à l'état de projet. «Il
ne suffit pas de désirer le Ciel, soupire Mère
Marie-Hermine, il faut surtout le gagner».
Au milieu de ses angoisses, un nouveau coup
l'atteint: «Mon père est dangereusement malade,
écrit-elle. Ah! Mon chagrin est moindre encore
pour le corps que pour l'âme! Depuis longtemps,
il ne pratique plus. Que va-t-il devenir?
Recevra-t-il la grâce des derniers Sacrements?...
Ma fidélité sera-t-elle suffisante pour toucher
le Cœur du Souverain Juge? Dans mon tourment,
j'ai recours à la Mère des Douleurs et j'ai
pleine confiance en celle que l'on n'invoque
jamais en vain».
Cependant le vingtième siècle s'ouvre sur la révolte
et la famine. Le jeune empereur de Chine a tenté
d'introduire dans son pays les progrès techniques
de la civilisation européenne: écoles, chemins
de fer, industrie, etc. Mais ces transformations
indisposent le peuple, jaloux de sa tradition et
de son indépendance. À cela s'ajoute une
redoutable sécheresse qui entraîne la pénurie
de nourriture. Les sociétés secrètes du pays
exploitent le mécontentement. Parmi elles, la
secte des Boxers (du mot anglais «box», coup)
recrute des jeunes, garçons et filles, entre
douze et quinze ans, fanatisés contre les Européens
et les chrétiens. Une grande partie de l'empire
se trouve en péril d'incendie, de pillage et de
meurtre.
En avril 1900, avec l'aide des Boxers, un nouveau
gouverneur (ou vice-roi), Yu-Hsien, soulève la
population du Shanxi contre les chrétiens, dénoncés
comme la cause de la famine. L'Évêque propose
aux Religieuses de fuir. Mère Marie-Hermine répond
en leur nom: «Pour l'amour de Dieu, ne nous empêchez
pas de mourir avec vous. Si notre courage est trop
faible pour résister à la cruauté des
bourreaux, croyez que Dieu qui nous envoie l'épreuve
nous donnera aussi la force d'en sortir
victorieuses. Nous ne craignons ni la mort, ni les
tourments dont nous menace la rage du vice-roi.
Nous sommes venues ici pour y exercer la charité
et verser, s'il le fallait, notre sang pour
l'amour de Jésus-Christ. Aussi, les larmes aux
yeux, nous vous conjurons de ne pas nous arracher
la palme que la miséricorde divine nous tend du
haut du Ciel».
Le 27 juin, un ultimatum du gouverneur défend aux
chrétiens de se réunir en quelque lieu que ce
soit pour prier. Le 5 juillet, le vice-roi
promulgue un édit qui jette une lumière décisive
sur les mobiles réels du carnage qui va se déclencher:
«La religion chrétienne étant dissolue et
cruelle, méprisant les esprits et tyrannisant les
peuples, voici que les incendies et les massacres
des Boxers sont imminents». La nuit suivante,
Yu-Hsien fait transférer à la maison
d'hospitalité mandarinale le groupe de ses
victimes qui se compose de trente-trois personnes:
Mgr Grassi, Vicaire Apostolique, Mgr Fogolla son
coadjuteur, le Père Théodoric, le Père Élie,
le Frère André Bauer, cinq séminaristes
chinois, les sept Franciscaines Missionnaires de
Marie, six orphelines, une veuve de soixante-six
ans et neuf serviteurs de la Résidence. Les
Religieuses et leurs orphelines doivent loger dans
une chambre humide, malpropre, trop petite pour
les contenir toutes. Mère Marie-Hermine anime et
entraîne les prisonniers, qui se préparent au
martyre.
Le plus étonnant
Trois jours plus tard, le 9, vers 16
heures, on entend au dehors des vociférations et
des cris. Mgr Grassi donne à ses chrétiens une
dernière absolution dans un grand calme. Les émeutiers,
un moment décontenancés par ce calme, s'élancent,
frappent leurs victimes, leur lient les mains
derrière le dos et les conduisent sur le lieu
d'exécution. Les religieuses, entraînées en fin
de cortège, chantent le Te Deum, hymne
d'adoration et de reconnaissance adressée à la
Sainte Trinité. Arrivés au lieu de l'exécution,
les martyrs doivent s'agenouiller. Plus de trois
mille Boxers sont là. Le vice-roi paraît sur son
trône de grand Juge. Il s'adresse avec colère à
Mgr Fogolla: «Depuis combien de temps êtes-vous
en Chine? – Depuis plus de trente ans. –
Pourquoi avez-vous nui à mon peuple et dans quel
but propagez-vous votre foi? – Nous n'avons nui
à personne, mais fait du bien à beaucoup. Nous
sommes venus ici pour sauver les âmes. – Ce
n'est pas vrai! Vous nous avez fait beaucoup de
mal, et je vous tuerai tous!» Il s'élance et,
par deux fois, frappe l'Évêque en pleine
poitrine, en criant aux soldats: «Tuez! Tuez!»
Aussitôt chacun se rue vers les plus proches,
coupant têtes et membres. Les sept Franciscaines
meurent les dernières; elles prient et chantent.
«Ce qu'il y a de plus étonnant, dit un témoin
païen, c'est de voir ces «diablesses de chrétiennes»
mourir en chantant!»
Le premier octobre 2000, le Pape Jean-Paul II a
canonisé 120 martyrs de Chine, dont trente-trois
missionnaires, hommes et femmes, au nombre
desquelles figurent sœur Marie-Hermine de Jésus
et ses six compagnes. «Ces martyrs sont un
exemple de courage et de cohérence pour nous tous»,
a fait remarquer le Saint-Père. En effet, si nous
ne sommes pas tous appelés à évangéliser les
contrées lointaines, nous avons tous la mission
de rendre témoignage à la vérité du Christ et
de son Église autour de nous, par une vie sainte
et une charité véritable envers notre prochain
quel qu'il soit. Demandons à saint Joseph
d'obtenir pour chacun d'entre nous cet esprit
missionnaire à travers les actions ordinaires de
la vie quotidienne, et de soutenir l'Église persécutée
en Chine.
Dom Antoine Marie osb
P. S. Nous recevrons avec gratitude toutes les
adresses d'éventuels lecteurs que vous voudrez bien
nous envoyer. N'hésitez pas à nous demander nos
tracts sur la Religion catholique, la divinité de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, un «petit livre de
prières», des scapulaires du Mont-Carmel avec
notice explicative, les promesses du Sacré-Cœur,
les mystères du Rosaire.
Numéros des comptes
Suisse : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph de Clairval»
19-5447-7 Sion ou chèques.
Belgique : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph de
Clairval» 000-1339871-10 ou chèques.
France : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph de Clairval»
5618 78 A Dijon ou chèques.
USA : -Chèques bancaires ordinaires en $ us (pas
besoin de chèques internationaux spéciaux).
Canada : -Chèques bancaires ordinaires en $ can.
(pas besoin de chèques internationaux spéciaux).
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autre, les lettres spirituelles du deuxième
semestre 1996 à l'année 2001, le programme des
retraites pour l'année 2003 :
http://www.clairval.com/
Les moines prient à toutes vos intentions
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