AVE
MARIA
Abbaye
Saint-Joseph de Clairval
21150 Flavigny sur Ozerain
France |
email : abbaye@clairval.com
8 décembre 2003
Immaculée Conception
de la Bienheureuse Vierge Marie
Bien cher Ami de l'Abbaye
Saint-Joseph,
Nous
voici sur les quais de New York dans les
dernières années du dix-neuvième siècle.
En quête de meilleures conditions de
vie, entre cinquante et deux cent mille
italiens débarquent chaque année! Tous
rêvent de faire fortune, mais ils sont
relégués dans les quartiers populeux
des grandes villes; l'été, ils
travaillent comme manoeuvres, débardeurs,
maçons, mineurs, ou poseurs de rails;
l'hiver, les voilà réduits au chômage.
Ignorant la langue du pays, les «dagoes»,
comme on les appelle, sont largement
exploités. Pour comble, ces immigrés,
presque tous catholiques, ont très peu
de soutien spirituel. C'est dans cette
situation de détresse que paraît une
jeune religieuse italienne, Mère Françoise-Xavier
Cabrini. Invitée à envoyer des Soeurs
au service de ses compatriotes émigrés,
elle relève le défi et commence une épopée
extraordinaire.
Françoise-Xavier Cabrini est née le 15
juillet 1850, la dernière de treize
enfants, à Sant'Angelo, faubourg de la
ville de Lodi, non loin de Milan
(Italie). Ses parents, de fervents
catholiques, élèvent leurs enfants
sous le regard de Dieu, dans une
ambiance de profonde charité. Elle reçoit
au baptême les prénoms de Maria
Francesca, mais à la maison, elle est
appelée «Cecchina». Née deux mois
avant terme, la petite fille est bien frêle
et sujette à une fièvre maligne. Elle
a cependant un sourire merveilleux. À
l'âge de onze ans, son confesseur lui
permet de faire un voeu privé de
chasteté qu'elle renouvellera d'année
en année jusqu'à l'âge de dix-neuf
ans, où elle consacrera pour toujours
sa virginité au Christ. Lors des veillées
en famille, on fait la prière et on lit
les Annales de la Propagation de la Foi.
À cette lecture, Maria Francesca se
sent embrasée du désir de se faire
missionnaire en Chine. Sur sa
mappemonde, elle compare les contrées déjà
chrétiennes avec celles qui n'ont pas
encore été évangélisées, et rêve
d'aller, à son tour, porter la lumière
du Christ à ces peuples. En l'année
1870, sa famille connaît une lourde épreuve:
elle perd par la mort, coup sur coup,
ses deux parents.
«Fondez
vous-même»!
Un jour, le curé de la paroisse
demande à Francesca d'aller remplacer
une institutrice malade dans une école
à Vidardo. Elle y reste deux ans, gagne
le coeur des enfants, leur inculque
l'amour et le respect de Dieu, et se
montre excellent pédagogue. Elle
obtient du Maire du village la
permission de rétablir l'enseignement
religieux à l'école. Cependant
Francesca, se sentant appelée à se
consacrer à Dieu, demande son admission
dans la communauté des Dames du Sacré-Coeur,
mais en vain, car Dieu a d'autres
desseins. En 1874, l'évêque de Lodi,
Mgr Gelmini, lui propose une formation
religieuse un peu particulière dans un
orphelinat, la Maison de la Providence
à Codogno, tenue par une vieille
demoiselle, la Signorina Tondini. Le prélat
souhaite que Francesca devienne à la
fois novice et réformatrice, ce qui lui
vaudra bien des contradictions de la
part de Mademoiselle Tondini. Cependant,
elle ne perd pas sa peine: non seulement
l'instruction est améliorée, mais la
marche temporelle de la maison se
ressent de son administration. D'autres
jeunes filles sont reçues, et Francesca
s'aperçoit qu'elles aspirent à la vie
religieuse. Au bout de trois ans, avec
sept de ses compagnes, elle fait ses
voeux entre les mains de l'évêque, qui
la nomme Supérieure de la maison. La
Signorina Tondini refuse obéissance à
soeur Cabrini et lui rend la vie
impossible, ce qui lui cause de véritables
angoisses. Malgré les efforts des
nouvelles religieuses, la situation de
la maison est désespérée. Six ans après
l'arrivée de soeur Cabrini, Mgr Gelmini
ferme la maison: «Vous voulez être
missionnaire, lui dit-il, le temps est
venu. Je ne connais pas d'institut de
Soeurs missionnaires; alors, fondez-en
un vous-même». Sa seule réponse est:
«Je chercherai une maison». Elle
s'installe dans un vieux monastère
franciscain dédié à Notre-Dame des Grâces.
Le bâtiment a besoin d'être remise en
état, la pauvreté est extrême; néanmoins,
le 14 novembre 1880 voit naître une
nouvelle congrégation religieuse,
l'Institut des Soeurs Missionnaires du
Sacré-Coeur. Mgr Serrati, prévôt de
Codogno, célèbre la première Messe
dans la chapelle et installe au-dessus
de l'autel une image du Sacré-Coeur,
coutume qui sera conservée dans toutes
les fondations de l'institut. Sous la
conduite de soeur Cabrini et la
surveillance de Mgr Serrati, les Soeurs
décident d'ouvrir un orphelinat et une
école. De nombreux parents envoient
leurs enfants dans cette école bien
pauvre, assurés qu'ils y recevront une
éducation chrétienne. En effet,
l'Italie est aux mains d'un pouvoir
hostile à l'Église, et les catholiques
font de grands sacrifices pour
transmettre la foi à leurs enfants.
Cet exemple revêt une grande importance
pour les familles de notre époque, car
l'éducation chrétienne des enfants est
l'un des devoirs majeurs des parents. «Les
parents, parce qu'ils ont donné la vie
à leurs enfants, enseigne le Concile
Vatican II, ont la très grave
obligation de les élever, et à ce
titre, ils doivent être reconnus comme
leurs premiers et principaux éducateurs...
C'est aux parents de créer une atmosphère
familiale, animée par l'amour et le
respect envers Dieu et les hommes, telle
qu'elle favorise l'éducation totale,
personnelle et sociale, de leurs
enfants. La famille est donc la première
école des vertus sociales nécessaire
à toute société. [...] La tâche de
dispenser l'éducation qui revient en
premier lieu à la famille, requiert
l'aide de toute la société» (Décret Gravissimum
educationis, 3). Aussi on ne peut
qu'encourager et soutenir les efforts de
tous ceux qui mettent en place des
structures pour favoriser les écoles où
l'on dispense une éducation vraiment
catholique. Les multiples difficultés
en ce domaine doivent susciter notre générosité
mais aussi stimuler notre prière auprès
de saint Joseph, protecteur des
familles.
«Pas une,
mais deux»!
Le nouvel institut fondé par Mère
Cabrini tire sa vie du Coeur de Jésus;
son objectif est la glorification et la
consolation du Sacré-Coeur. Dans cet
esprit, la Mère apprend aux jeunes
filles qui frappent à la porte, à
cultiver une profonde vie intérieure,
à être simples, humbles, mortifiées,
et surtout obéissantes. Pour elle,
l'humilité n'est rien d'autre que la vérité
sur soi, le parfait abandon à la volonté
de Dieu, la confiance dans sa grâce
pour l'accomplissement des tâches confiées.
«La véritable missionnaire ne pense
jamais: «Quel office me donnera-t-on? Où
m'enverra-t-on?» et elle ne devrait
jamais dire: «Je ne peux pas faire ceci
ou cela; j'en suis incapable». Qu'elle
devienne Supérieure Générale, qu'elle
soit envoyée pour enseigner une classe
d'enfants, ou pour balayer un escalier,
elle devrait s'en acquitter
sereinement... Tel est l'amour véritable,
l'amour pratique, dépouillé de tout
intérêt personnel; c'est l'amour fort
que vous devriez toutes avoir. Vous vous
êtes immolées au Sacré-Coeur de Jésus;
c'est dans cette totale abnégation de
soi que se trouve l'essence de la
sainteté».
En 1882, la communauté ouvre une école
à Grumello. Deux ans plus tard, une
autre est fondée à Milan. Les
vocations affluent: il faut agrandir le
noviciat. Les sept années qui suivent
voient naître autant de fondations.
Afin d'assurer l'avenir, Mère Cabrini
souhaite fonder une maison à Rome et
obtenir une approbation spéciale du
Souverain Pontife. On le lui déconseille
en alléguant la jeunesse de son
institut et les nombreuses maisons
religieuses déjà installées dans la
Ville éternelle. Reçue en audience par
le Cardinal Vicaire de Rome, la Mère
lui explique ce qu'elle désire. À sa
grande déception, elle reçoit cette réponse:
«Soyez obéissante et retournez chez
vous. Vous reviendrez à un moment plus
opportun». Au bout de quelques temps,
le Cardinal Parocchi la rappelle et lui
demande: «Eh bien, Mère Cabrini, êtes-vous
toujours prête à obéir? –
Certainement, Éminence. – En ce cas,
je ne vous permets pas d'établir
une maison à Rome; je vous ordonne
d'en établir deux. L'une sera
une école libre à Porta Pia. L'autre,
une maison pour enfants à Aspra». Elle
n'en croit pas ses oreilles! Le 12 mars
1888, les règles de l'institut sont
approuvées à Rome.
«Non pas à
l'Orient, mais à l'Occident»!
Vers cette époque, elle fait la
connaissance de l'évêque de Plaisance,
Mgr Scalabrini, qui se soucie de la détresse
des italiens émigrés aux États-Unis.
Ce prélat l'invite à s'y rendre pour
secourir ses compatriotes; la Mère est
tiraillée, car elle pense toujours au rêve
de son enfance: la Chine! Reçue en
audience par le Pape Léon XIII, elle
lui soumet son doute: «Non pas à
l'Orient, répond le Saint-Père, mais
à l'Occident. L'institut est encore
jeune. Allez aux États-Unis! Vous y
trouverez un vaste champ de labeur». Le
Pape a parlé, et par lui, le Christ. Mère
Cabrini n'hésitera plus. «Les
fondateurs font toujours preuve d'un vif
sens de l'Église, qui se manifeste par
leur pleine participation à la vie ecclésiale
dans toutes ses dimensions, et par leur
prompte obéissance aux Pasteurs, spécialement
au Pontife romain. C'est dans la
perspective de l'amour pour la Sainte Église,
colonne et support de la vérité
(1 Tm 3, 15), que se comprennent la dévotion
de François d'Assise pour «le Seigneur
Pape», l'audace filiale de Catherine de
Sienne envers celui qu'elle appelle «le
doux Christ sur la terre», l'obéissance
apostolique et le sentire cum
Ecclesia d'Ignace de Loyola, la
joyeuse profession de foi de Thérèse
de Jésus: «Je suis fille de l'Église».
On comprend aussi le désir ardent de Thérèse
de Lisieux: «Dans le coeur de l'Église,
ma mère, je serai l'amour...» Ces témoignages
sont représentatifs de la pleine
communion ecclésiale que des saints et
des fondateurs ont vécue en des époques
et des circonstances diverses et souvent
très difficiles. Ce sont des exemples
auxquels les personnes consacrées
doivent constamment se référer, pour résister
aux poussées centrifuges et
destructrices, aujourd'hui particulièrement
fortes» (Jean-Paul II, Exhortation
apostolique, Vita consecrata, 25
mars 1996, n. 46).
Le 31 mars 1889, Mère Cabrini arrive à
New York avec six compagnes. Comme il
n'y a pas de couvent, les religieuses
passent leur première nuit dans une misérable
maison de la «Petite Italie», au coeur
du Lower Manhattan. Le lendemain,
l'archevêque, Mgr Corrigan, les reçoit
très froidement: «Je ne vous attendais
pas si tôt, ma Soeur. La situation est
telle qu'il n'y a rien à faire ici. Je
regrette que vous soyez venues. Il n'y a
qu'à retourner en Italie par le même
bateau». D'une voix décidée, la Mère
répond brièvement: «Non, Excellence,
non! Nous ne pouvons faire cela. Je suis
venue à New York par obéissance au
Saint-Père, j'y resterai». Grâce à
la charité de personnes aisées, Mère
Cabrini ouvre un premier orphelinat. En
peu de temps, toute la Petite Italie
connaîtra Mère Cabrini et ses Soeurs.
Cette humble femme, au corps souvent miné
par la maladie, surprend par sa
hardiesse à entreprendre des oeuvres
humainement impossibles. En effet, au
cours des années suivantes, le
continent américain, du nord au sud,
verra naître écoles, pensionnats,
orphelinats et hôpitaux, sans compter
plusieurs fondations européennes. À la
mort de la Mère, sa congrégation
comptera 67 fondations! Mère Cabrini a
pu réaliser tant d'oeuvres admirables
grâce au trait essentiel de sa
spiritualité: son inébranlable
confiance en Dieu. Elle écrit: «Depuis
tant d'années que l'institut existe, ce
sont Jésus et Marie qui ont tout fait
pour moi. Si quelquefois les choses ont
moins bien réussi, c'était parce qu'il
y avait trop de moi. Je m'avance,
tranquille comme une enfant se reposant
dans les bras de sa mère... Omnia
possum in Eo qui me confortat! Je peux
tout en Celui qui me fortifie! (Ph
4, 13) ». La présence des dons du
Saint-Esprit, et en particulier du don
de conseil, est manifeste dans sa vie.
Ce don perfectionne la vertu de prudence
en faisant juger promptement et sûrement,
par une sorte d'intuition surnaturelle
ce qu'il convient de faire, surtout dans
les cas difficiles. Bien des saints ont
joui de l'exercice quasi habituel de ce
don. Sainte Jeanne d'Arc, par exemple,
n'aurait jamais pu tracer des plans de
campagne admirés par les meilleurs
capitaines, sans une inspiration spéciale
de l'Esprit de Dieu. Les réalisations
étonnantes de Mère Cabrini sont à
considérer sous cette lumière. Si sa
conduite a pu déconcerter et paraître
parfois ignorer les prévisions
humaines, sa docilité a permis au
Seigneur de subvenir par elle, d'une façon
extraordinaire, aux besoins de
nombreuses personnes démunies.
Les oranges
du Pape
Profondément fidèle au Sacré-Coeur
de Jésus, Mère Cabrini a réalisé
l'union des coeurs entre ses filles, si
différentes par l'origine, le tempérament,
l'éducation et la langue. «Je
m'appliquerai à maintenir l'union de la
sainte charité parmi les Soeurs, écrit-elle.
Je les aimerai avec l'amour d'une véritable
mère, tout en m'efforçant d'être la
servante de toutes... voyant dans
chacune l'image de mon Époux bien-aimé
et de la toute Sainte Marie». Très
maternelle, elle s'intéresse à chacune
de ses filles, leur demande de lui écrire,
et malgré ses occupations écrasantes,
leur répond toujours. Elle veille également
sur leur santé et n'hésite pas à
procurer des soulagements à celles qui
en ont besoin.
Dans la banlieue de Buenos Aires
(Argentine), les Soeurs de son institut
rencontrent une malheureuse femme qui
vit depuis des années dans le péché
et y entraîne de nombreuses jeunes
filles. Anxieuses de sauver cette âme,
elles la visitent souvent, la conjurant
de changer de vie, mais en vain. Enfin,
l'une des Soeurs lui dit: «Vous ne nous
verrez plus, mais souvenez-vous, chaque
fois que vous entendrez la cloche de
notre couvent, qu'il y a des religieuses
qui prient et souffrent afin de sauver
l'âme que vous êtes déterminée, à
tout prix, à perdre!» Et chaque fois
que les cloches sonnent, ces paroles résonnent
dans l'esprit de la pauvre femme. Peu à
peu, la grâce l'emporte; elle se
convertit et quitte sa maison mal famée
pour rejoindre un couvent où elle meurt
peu de temps après.
Lors de son retour à Rome au printemps
de 1902, Mère Cabrini, atteinte de fièvre
et accablée de fatigue, doit s'aliter.
Les médecins croient que c'est la fin.
Le Pape Léon XIII lui envoie des
oranges cueillies dans les jardins du
Vatican. Elle n'a rien mangé depuis
plusieurs jours, mais il faut bien
manger les oranges du Saint-Père! Elle
en goûte, puis se redresse sur son lit:
«Délicieuses! J'ai retrouvé mes
forces». Peu après, elle rend sa dernière
visite au Pape qui mourra l'année
suivante. Très attachée à la personne
du Pape, vicaire du Christ sur terre, Mère
Cabrini écrivait, au sujet de certains
protestants rencontrés en voyage: «Priez
beaucoup pour que ces frères
comprennent le lien surnaturel qu'il y a
entre Notre-Seigneur et le Pape, afin
que tous lui soient unis et forment,
avec nous, une famille, un seul troupeau
sous le même Pasteur... Car la grâce
de leur salut ne peut venir que du Coeur
aimant du Souverain Pasteur, qui a
rassemblé les Apôtres et a promis la
grâce et la bénédiction à leurs
successeurs qui demeurent fidèlement en
union avec celui qui est le fondement,
le Pape». Vingt-cinq ans après la
fondation de l'institut, Mère Cabrini
sollicite une approbation définitive,
qui lui est accordée par le Pape saint
Pie X, le 12 juillet 1907. Sa congrégation
compte alors plus de 1000 religieuses;
plus de 5000 enfants sont pris en charge
dans ses écoles, et environ 100000
patients soignés dans ses hôpitaux.
Un cilice à
la portée de tous
Mère Cabrini ne prescrit pas
d'austérités corporelles, mais exige
que ses religieuses se mortifient en
tout et détruisent l'idole de
l'amour-propre. Elle ne tolère pas le
moindre murmure. Un jour, lors d'un
voyage, une des Soeurs se plaint de la
chaleur. Elle est aussitôt reprise par
la Mère, qui ajoute que le temps est
toujours le temps du Bon Dieu. La
fondatrice demande à ses filles de
prendre tout ce qui arrive dans le
silence, avec patience et même avec
joie. «Des contradictions? Voilà un véritable
cilice! Si vous aimez la pénitence,
voilà une pénitence qui a fait des
saints et que tout le monde peut
pratiquer, même avec la santé la plus
défaillante. C'est un cilice que vous
pouvez porter, non pour une heure, mais
durant tout le jour». En cela, Mère
Cabrini rejoint une autre grande âme éprise
du Sacré-Coeur, Madame Royer
(1841-1924), qui disait: «La dévotion
au Sacré-Coeur n'est pas une pratique
de piété qui s'ajoute à d'autres
pratiques pieuses. C'est la vie tout
entière embrasée par l'amour divin.
Faire aimer d'abord Notre-Seigneur; la pénitence
viendra ensuite. La pénitence ne
consiste pas à s'ingénier dans la
recherche de sacrifices ou de voies
extraordinaires, mais c'est dire «amen»
à toutes les occasions de se mortifier
que la vie se charge de nous proposer
sans cesse. C'est accepter la croix que
Dieu pose continuellement sur nos épaules».
Mère Cabrini pratique ce qu'elle
enseigne. Sa vie durant, elle souffre de
maladies chroniques, mais s'efforce de
ne pas le laisser voir. Cet esprit de
mortification ne peut exister sans une
vie de prière. «Priez, priez toujours,
et demandez sans cesse l'esprit de prière,
écrit-elle... Quel est l'esprit de prière?
C'est prier selon l'Esprit de Jésus...
en Jésus et avec Jésus. L'esprit de
prière signifie prier en accord avec le
bon plaisir divin, voulant uniquement ce
que Dieu veut... Cela signifie que nos
esprits sont fixés sur la prière en
tout temps, en tout lieu, en
travaillant, en marchant, en mangeant,
en parlant, en souffrant...
habituellement et toujours».
Vers la fin de l'année 1917, Mère
Cabrini regagne Chicago où, malgré son
état de fatigue, elle pourvoit aux
besoins des deux hôpitaux fondés dans
cette ville. Peu de temps avant Noël,
apprenant que le curé du lieu ne peut
pas distribuer aux enfants les
friandises accoutumées, elle s'exclame:
«Quoi! pas de friandises pour nos
petits! Noël ne serait pas Noël! Nous
pourvoirons à tout comme d'habitude».
Et, le 21 décembre, elle supervise avec
satisfaction la préparation des petits
paquets. Mais le 22, elle ne peut se
lever pour assister à la Messe. Vers
midi, on la trouve affalée dans sa
chaise, ses vêtements maculés de sang.
On a juste le temps d'appeler le prêtre
qui lui administre l'Extrême-Onction.
Après avoir poussé deux soupirs, la
fondatrice rend son âme à Dieu, à l'âge
de 67 ans.
Former une
seule famille
En 1950, Mère Françoise-Xavier
Cabrini a été déclarée patronne de
tous les émigrants. Aujourd'hui, sa
congrégation continue à servir l'Église
dans le domaine de l'éducation, des
soins médicaux et du travail pastoral,
en Amérique, en Europe, en Australie,
aux Philippines et en Afrique. Lors de
sa canonisation, le 7 juillet 1946, le
Pape Pie XII avait tiré cette leçon
toujours actuelle: «Que les peuples
apprennent d'elle qui aima d'un amour
ardent sa patrie et répandit sur
d'autres pays les trésors de sa charité
et de ses oeuvres, qu'ils sont appelés
à former une seule famille: une famille
que ne doivent point diviser les
troubles et les rivalités ni les
inimitiés éternellement occupées à
venger les vieilles injures; une famille
qui s'unisse dans l'amour fraternel,
dont la source se trouve dans le
commandement du Christ et dans son divin
exemple». Les hommes des divers peuples
de la terre pourront se regarder comme
frères et enfants du même Père du
ciel dans la mesure où chacun se fera
artisan de paix, d'abord au sein de sa
propre famille. Lorsque mari et femme,
parents et enfants, frères et soeurs
s'accordent pour réaliser entre eux la
paix, l'oeuvre de pacification des
nations est déjà en route. Cette
oeuvre, seule peut la réaliser la grâce
de Dieu qui descend sur le monde par la
prière, en particulier à la faveur de
la récitation du Saint Rosaire. «Le
Rosaire est une prière orientée par
nature vers la paix, du fait même
qu'elle est contemplation du Christ,
Prince de la paix et notre paix (Ep
2, 14). Celui qui assimile le mystère
du Christ – et le Rosaire vise précisément
à cela – apprend le secret de la paix
et en fait un projet de vie. En outre,
en vertu de son caractère méditatif,
dans la tranquille succession des Ave
Maria, le Rosaire exerce sur celui qui
prie une action pacificatrice qui le
dispose à recevoir cette paix véritable,
qui est un don spécial du Ressuscité,
et à en faire l'expérience au fond de
son être, en vue de la répandre autour
de lui... Reprenez avec confiance le
chapelet entre vos mains... Que mon
appel ne reste pas lettre morte!»
(Jean-Paul II, Rosarium Virginis Mariæ,
16 octobre 2002, n. 40, 43).
Demandons à sainte Françoise-Xavier
Cabrini l'art de la prière à Marie,
afin d'obtenir pour toutes les familles
et pour toutes les nations la paix qui
vient de Jésus-Christ, Prince de la
Paix.
Dom Antoine Marie osb
P. S. Nous recevrons avec gratitude
toutes les adresses d'éventuels lecteurs
que vous voudrez bien nous envoyer. N'hésitez
pas à nous demander nos tracts sur la
Religion catholique, la divinité de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, un «petit
livre de prières», des scapulaires du
Mont-Carmel avec notice explicative, les
promesses du Sacré-Coeur, les mystères
du Rosaire.
Numéros des comptes
Suisse : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph
de Clairval» 19-5447-7 Sion ou chèques.
Belgique : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph
de Clairval» 000-1339871-10 ou chèques.
France : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph
de Clairval» 5618 78 A Dijon ou chèques.
USA : -Chèques bancaires ordinaires en $
us (pas besoin de chèques internationaux
spéciaux).
Canada : -Chèques bancaires ordinaires en
$ can. (pas besoin de chèques
internationaux spéciaux).
Pour publier notre lettre dans une
revue, journal ... ou pour la mettre sur
un web site ou une home page une
autorisation est nécessaire. Elle doit-être
demandée à :
mel : abbaye@clairval.com
Pour plus de renseignements sur l'abbaye
vous pouvez consulter notre site ; vous y
trouverez , entre autre, les lettres
spirituelles du deuxième semestre 1996 à
l'année 2001, le programme des retraites
pour l'année 2003 :
http://www.clairval.com/
ou
http://www.userpage.fu-berlin.de/~vlaisney/index.htm
Les moines prient à toutes vos intentions
|