Le
25
mars
1858,
vers
quatre
heures
du
matin,
Bernadette
Soubirous
quitte
le
«cachot»,
la
masure
où
habite
sa
famille,
pour
se
rendre
à
la
grotte
de
Massabielle,
où,
depuis
le
11
février,
une
mystérieuse
Dame
lui
apparaît.
L'adolescente
de
quatorze
ans
se
glisse
dans
Lourdes
endormie,
accompagnée
de
quelques
personnes
mises
dans
le
secret
par
sa
tante.
À
peine
a-t-elle
récité
une
dizaine
de
chapelet
devant
la
grotte,
que
la
Dame
se
montre
à
elle.
Souriante,
elle
lui
fait
signe
d'approcher.
Bernadette
se
trouve
alors
tout
près
de
la
Visiteuse
à
qui
elle
transmet,
dans
son
patois
bigourdan,
la
requête
instante
de
son
Curé:
«Madame,
voulez-vous
avoir
la
bonté
de
me
dire
qui
vous
êtes?»
L'
Apparition
sourit
et
ne
répond
pas.
Deux
fois,
l'enfant
répète
sa
question.
À
la
troisième
fois,
la
Dame,
qui
tient
les
mains
ouvertes,
les
joint
à
la
hauteur
de
la
poitrine,
et
dit:
«Que
soy
era
Immaculada
Councepciou...
(c'est-à-dire:
Je
suis
l'Immaculée
Conception).
Je
désire
une
chapelle
ici...»
Puis,
toujours
souriante,
elle
disparaît.
Sur
le
chemin
du
retour,
Bernadette
ne
cesse
de
répéter,
de
peur
de
les
oublier,
ces
mots
incompréhensibles
pour
elle:
«Que
soy
era
Immaculada
Councepciou».
Elle
se
précipite
chez
Monsieur
le
Curé
et
lui
déclare,
sans
même
dire
bonjour:
«
Que
soy
era
Immaculada
Councepciou.
–
Que
dis-tu
là,
petite
orgueilleuse?
–
C'est
la
Dame
qui
m'a
dit
ces
paroles...
–
Ta
Dame
ne
peut
pas
porter
ce
nom!
Tu
te
trompes!
Sais-tu
ce
que
cela
veut
dire,
l'Immaculée
Conception?
–
Je
ne
le
sais
pas;
c'est
pour
cela
que
j'ai
répété
les
mots
tout
le
temps
jusqu'ici
pour
ne
pas
les
oublier».
Comment
saurait-elle
ce
que
veut
dire
«l'Immaculée
Conception»,
elle
qui
ne
sait
pas
encore
lire
et
qui
vient
à
peine
de
s'inscrire
au
Catéchisme?
Mais
le
prêtre,
lui,
le
sait
bien:
moins
de
quatre
ans
plus
tôt,
le
pape
Pie
IX
a
proclamé
la
Sainte
Vierge
immaculée
dans
sa
Conception.
Dans
la
Bulle
Ineffabilis,
du
8
décembre
1854,
il
a
dit:
«Nous
définissons
que
la
doctrine
qui
tient
que
la
Bienheureuse
Vierge
Marie
a
été,
au
premier
instant
de
sa
conception,
par
une
grâce
et
une
faveur
singulière
du
Dieu
tout-puissant,
en
prévision
des
mérites
de
Jésus-Christ,
Sauveur
du
genre
humain,
préservée
intacte
de
toute
souillure
du
péché
originel,
est
une
doctrine
révélée
de
Dieu,
et
qu'ainsi
elle
doit
être
crue
fermement
et
constamment
par
tous
les
fidèles».
Plus
de
dix-huit
siècles
après
Jésus-Christ,
par
cet
acte
solennel,
le
Pape
a
défini
un
nouveau
dogme.
Certains
se
demandent:
comment
est-ce
possible?
L'Église
a-t-elle
un
pareil
pouvoir?
La
Révélation
n'est-elle
pas
achevée
avec
Jésus-Christ?
Effectivement,
on
lit
dans
la
Lettre
aux
Hébreux:
Après
avoir,
à
bien
des
reprises
et
de
bien
des
manières,
parlé
par
les
prophètes,
Dieu
en
ces
jours
qui
sont
les
derniers,
nous
a
parlé
par
son
Fils
(He
1,
1-2).
Saint
Jean
de
la
Croix
commente
ce
passage
en
ces
termes:
«Dès
lors
qu'il
nous
a
donné
son
Fils,
qui
est
sa
Parole,
Dieu
n'a
pas
d'autre
parole
à
nous
donner.
Il
nous
a
tout
dit
à
la
fois
et
d'un
seul
coup
en
cette
seule
Parole...
car
ce
qu'il
disait
par
parties
aux
prophètes,
il
l'a
dit
tout
entier
dans
son
Fils,
en
nous
donnant
ce
tout
qu'est
son
Fils».
Le
Concile
Vatican
II
rappelle
de
même:
«L'économie
chrétienne,
étant
l'Alliance
Nouvelle
et
définitive,
ne
passera
jamais
et
aucune
nouvelle
révélation
publique
n'est
dès
lors
à
attendre
avant
la
manifestation
glorieuse
de
notre
Seigneur
Jésus-Christ»
(Dei
Verbum,
n.
4).
Croître
dans
l'intelligence
de
la
foi
«Cependant,
enseigne
le
Catéchisme
de
l'Église
Catholique,
même
si
la
Révélation
est
achevée,
elle
n'est
pas
complètement
explicitée;
il
restera
à
la
foi
chrétienne
d'en
saisir
graduellement
toute
la
portée
au
cours
des
siècles»
(CEC,
n.
66).
La
Révélation
a
été
confiée
par
Dieu
à
l'Église
pour
qu'elle
la
transmette
et
l'interprète.
«La
charge
d'interpréter
de
façon
authentique
la
Parole
de
Dieu,
écrite
ou
transmise,
a
été
confiée
au
seul
Magistère
vivant
de
l'Église
dont
l'autorité
s'exerce
au
nom
de
Jésus-Christ...
Le
Magistère
de
l'Église
engage
pleinement
l'autorité
reçue
du
Christ
quand
il
définit
des
dogmes,
c'est-à-dire
quand
il
propose,
sous
une
forme
obligeant
le
peuple
chrétien
à
une
adhésion
irrévocable
de
foi,
des
vérités
contenues
dans
la
Révélation
divine...
Ainsi,
grâce
à
l'assistance
du
Saint-Esprit,
l'intelligence
des
réalités
comme
des
paroles
de
l'héritage
de
la
foi
peut
croître
dans
la
vie
de
l'Église»
(CEC,
n.
85-88-94);
ce
qui
s'est
réalisé
notamment
lors
de
la
définition
du
dogme
de
l'Immaculée
Conception.
Ce
dogme
se
fonde,
dans
la
Sainte
Écriture,
sur
la
salutation
de
l'Ange
Gabriel
à
la
Vierge
Marie:
Je
vous
salue,
pleine
de
grâce
(Lc
1,
27);
cette
plénitude
de
grâce
n'est
vraiment
complète
que
si
elle
s'étend,
dans
le
temps,
au
premier
instant
de
la
vie
de
la
Sainte
Vierge,
celui
de
sa
conception.
Cependant,
ce
passage
de
l'Évangile,
bien
que
donnant
une
indication
précieuse,
ne
suffit
pas,
à
lui
seul,
à
démontrer
la
vérité
de
l'Immaculée
Conception
de
la
Très
Sainte
Vierge;
pour
que
la
lumière
qu'il
contient
soit
pleinement
saisie,
il
faut
recourir
au
témoignage
de
la
Tradition.
En
effet,
l'Église
«ne
tire
pas
de
la
seule
Écriture
Sainte
sa
certitude
sur
tous
les
points
de
la
Révélation.
C'est
pourquoi
l'Écriture
et
la
Tradition
doivent
être
reçues
et
vénérées
avec
un
égal
sentiment
d'amour
et
de
respect»
(Concile
Vatican
II,
Dei
Verbum,
n.
9).
La
croyance
en
la
conception
immaculée
de
Marie
remonte
aux
premiers
siècles
de
l'histoire
de
l'Église.
Les
Pères
de
l'Église
qui
en
ont
parlé
sont
unanimes
à
reconnaître
que
la
Mère
de
Jésus-Christ
est
l'épouse
toute
belle
et
sans
tache
dont
il
est
question
dans
le
Cantique
des
Cantiques
(4,
7).
Saint
Éphrem
(†
373)
écrit
que
la
Mère
de
Dieu
est
«pleine
de
grâce...,
toute
pure,
tout
immaculée,
toute
sans
faute...,
complètement
étrangère
à
toute
souillure
et
à
toute
tache
du
péché»
(Oratio
ad
Deiparam).
La
fête
liturgique
de
la
Conception
de
Marie
(8
décembre)
existe
au
moins
depuis
le
septième
siècle
dans
l'Église
grecque.
De
grands
théologiens,
au
Moyen-
Âge,
ont,
il
est
vrai,
formulé
des
objections
contre
la
croyance
dans
l'Immaculée
Conception,
qui
leur
semblait
porter
atteinte
à
l'universalité
de
la
Rédemption
du
Christ.
Le
bienheureux
Duns
Scot
(1266-1308),
et
à
sa
suite,
les
théologiens
de
l'école
franciscaine
ont
répondu
que
Marie
est
restée
intacte
de
toute
souillure
du
péché
originel,
en
prévision
des
mérites
futurs
de
Jésus-Christ,
Sauveur
du
genre
humain;
la
Sainte
Vierge
a
donc
bien
été
rachetée
par
le
Sang
de
Jésus-Christ,
mais
dans
un
mode
très
sublime,
celui
de
la
préservation
du
péché.
Saint
Maximilien
Kolbe,
mort
en
martyr
de
la
charité
à
Auschwitz
en
1941,
figure
parmi
les
Franciscains
qui
ont
le
mieux
parlé
de
l'Immaculée
Conception.
Saint
François
Antoine
Fasani,
canonisé
par
le
Pape
Jean-Paul
II,
le
13
avril
1986,
est
moins
connu;
longtemps
avant
la
proclamation
du
dogme,
ce
religieux
a
eu
le
mérite
de
faire
connaître
et
aimer
l'Immaculée.
Le
«pécheur
de
l'Immaculée»
Antoine
Giovanni
Fasani
est
né
le
6
août
1681
à
Lucera,
dans
les
Pouilles
(sud-est
de
l'Italie).
Ses
parents
sont
d'humble
condition;
son
père
gagne
sa
vie
comme
journalier.
Dans
la
famille
Fasani,
pauvre
des
biens
matériels,
on
est
riche
de
foi.
Chaque
soir,
le
chapelet
est
récité
devant
une
image
de
Marie
Immaculée.
Antoine
trouve
auprès
de
sa
mère
les
racines
de
sa
profonde
dévotion
envers
la
Sainte
Vierge.
Dès
1695,
à
quatorze
ans,
le
jeune
homme
entre
chez
les
Franciscains
Conventuels.
L'année
suivante,
il
prononce
ses
voeux
sous
le
nom
de
Frère
François-Antoine,
au
couvent
de
Monte
Sant'
Angelo.
Le
jeune
religieux
a
un
naturel
vif
et
ardent,
tempéré
par
une
humble
réserve.
Il
s'est
fait
Religieux
pour
devenir
parfait.
De
1696
à
1709,
Frère
François-Antoine
poursuit
des
études
de
théologie
qu'il
achève
à
Assise
par
l'obtention
du
grade
de
Maître,
qui
le
fait
appeler
«il
Padre
Maestro».
Son
affection
et
sa
vénération
envers
l'Immaculée
ne
cessent
de
grandir
et,
dans
son
humilité,
il
se
définit
bien
souvent
comme
«le
pécheur
de
l'Immaculée»,
c'est-à-dire
un
pauvre
pécheur
racheté
par
l'intercession
de
Marie
Immaculée.
Au
Carême
de
1707,
le
Père
Fasani
est
envoyé
à
l'improviste
prêcher
à
Palazzo,
non
loin
d'Assise.
Sa
jeunesse,
la
sûreté
de
sa
science
théologique,
la
chaleur
de
sa
voix,
l'ascétisme
de
son
visage
où
transparaît
une
vie
intérieure
profonde,
ainsi
que
la
conviction
qui
l'anime,
provoquent
dans
le
peuple
enthousiasme
et
édification.
Un
témoin
rapporte:
«Il
prêchait
avec
une
ferveur
sensible,
en
sorte
qu'il
imprimait
dans
l'âme
de
ses
auditeurs
les
vérités
qu'il
annonçait...
Il
parlait
de
la
Sainte
Mère
de
Dieu
avec
un
tel
transport
de
dévotion,
une
telle
tendresse
et
une
expression
du
visage
si
affectueuse,
qu'il
semblait
qu'il
avait
eu
un
colloque
face
à
face
avec
Elle».
Le
mal
le
plus
grave
Rentré
à
Lucera,
où
il
demeurera
toute
sa
vie,
il
y
prêche
ainsi
que
dans
toute
la
région
des
Pouilles.
Sa
prédication,
fondée
sur
la
Parole
de
Dieu,
ne
laisse
aucune
place
à
l'ornementation
rhétorique
si
en
honneur
à
son
époque.
Le
Père
Fasani
manifeste
une
horreur
et
un
déplaisir
indicibles
lorsqu'il
voit
Dieu
offensé
ou
qu'on
lui
rapporte
des
actions
peccamineuses.
Cette
horreur
du
péché,
partagée
par
tous
les
Saints,
n'est
nullement
exagérée.
Saint
Ignace
de
Loyola,
dans
ses
Exercices
Spirituels,
maintes
fois
recommandés
par
l'Église,
invite
le
retraitant
à
demander
à
la
Sainte
Vierge,
la
grâce
de
connaître
d'une
connaissance
intime
ses
péchés
et
d'en
concevoir
de
l'horreur
(n.
63).
Le
Catéchisme
de
l'Église
Catholique
enseigne:
«Aux
yeux
de
la
foi,
aucun
mal
n'est
plus
grave
que
le
péché
et
rien
n'a
de
pires
conséquences
pour
les
pécheurs
eux-mêmes,
pour
l'Église
et
pour
le
monde
entier»
(n.
1488).
En
effet,
pour
le
pécheur,
la
conséquence
du
péché
mortel
(c'est-à-dire
du
péché
commis
en
matière
grave,
avec
pleine
connaissance
et
plein
consentement)
est
la
perte
de
la
grâce
sanctifiante;
et,
s'il
meurt
dans
cet
état,
la
privation
de
la
vie
éternelle.
Saint
Paul
en
avertit
les
Corinthiens:
Ne
savez-vous
pas
que
ceux
qui
commettent
l'injustice
ne
recevront
pas
le
royaume
de
Dieu
en
héritage?
Ne
vous
y
trompez
pas:
les
débauchés,
les
idolâtres,
les
adultères,
les
dépravés
et
les
pédérastes,
les
voleurs
et
les
profiteurs,
les
ivrognes,
les
diffamateurs
et
les
escrocs,
ne
recevront
pas
le
royaume
de
Dieu
en
héritage
(1
Co
6,
9-10).
Et,
à
celui
qui
s'autorise
de
la
bonté
de
Dieu
pour
demeurer
dans
le
péché
et
se
rassurer
sur
son
sort
éternel,
saint
Paul
répond:
Méprises-tu
les
trésors
de
la
bonté
de
Dieu,
de
sa
patience
et
de
sa
générosité,
en
refusant
de
reconnaître
que
cette
bonté
de
Dieu
te
pousse
à
la
conversion?
Avec
ton
coeur
endurci,
qui
ne
veut
pas
se
convertir,
tu
accumules
la
colère
contre
toi
pour
le
jour
de
la
colère,
où
sera
révélé
le
juste
jugement
de
Dieu,
lui
qui
rendra
à
chacun
selon
ses
oeuvres:
pour
ceux
qui
font
le
bien
avec
persévérance
et
recherchent
ainsi
la
gloire,
l'honneur
et
la
vie
impérissable,
ce
sera
la
vie
éternelle;
mais
pour
les
partisans
de
la
révolte,
qui
se
refusent
à
la
vérité
pour
se
donner
à
l'injustice,
ce
sera
la
colère
et
l'indignation
(Rm
2,
4-8).
En
chaire,
saint
François-Antoine
s'enflamme
contre
les
vices
et
les
scandales
publics.
Dès
lors
pleuvent
contre
lui
des
réactions
de
colère
et
des
injures:
on
le
traite
d'hystérique
et
de
rustre;
mais
finalement,
on
vient
tout
de
même
se
confesser
à
lui.
Chaque
jour,
il
se
tient
plusieurs
heures
à
son
confessionnal,
accueillant
toutes
sortes
de
personnes
avec
la
plus
grande
patience
et
le
visage
joyeux.
Ses
paroles
tendent
à
inspirer
le
repentir
et
la
volonté
de
se
corriger.
Ce
ministère
finit
par
absorber
le
meilleur
de
son
temps.
Grande
est
sa
joie
lorsqu'il
peut
amener
à
la
conversion
des
gens
aux
moeurs
dissolues
ou
scandaleuses,
des
pécheurs
invétérés.
Marie,
refuge
des
pécheurs
Dans
sa
lutte
contre
le
péché,
le
saint
recourt
à
Marie
Immaculée.
Il
souligne
que
si
la
Mère
de
Dieu
est
immaculée,
c'est
pour
être
le
refuge
des
pécheurs.
Sa
pureté
efface
nos
taches
et
nous
rend
purs;
sa
clarté
chasse
nos
ténèbres.
Après
le
péché
d'Adam
et
d'Ève,
Dieu
dit
au
serpent
(c'est-à-dire
au
démon):
Je
mettrai
une
inimitié
entre
toi
et
la
femme,
entre
ta
postérité
et
sa
postérité;
elle
t'écrasera
la
tête,
et
tu
la
mordras
au
talon
(Gn
3,
15
[Vulgate]).
Les
Pères
de
l'Église
ont
vu
cette
prophétie
accomplie
en
la
Vierge
Immaculée,
nouvelle
Ève,
qui
a
secondé
de
façon
unique
son
divin
Fils,
le
nouvel
Adam,
dans
son
combat
contre
le
mal.
Aux
pécheurs
qui
veulent
se
convertir,
le
Père
Fasani
répète
inlassablement
que
Marie,
ennemie
du
péché,
est
en
même
temps
la
Mère
de
miséricorde
et
la
«porte
du
Ciel»
parce
qu'elle
nous
incite
à
prier,
à
fréquenter
les
sacrements
de
pénitence
et
d'Eucharistie,
à
écouter
son
divin
Fils
et
à
Le
suivre.
Saint
Maximilien
Kolbe,
deux
siècles
plus
tard,
ira
jusqu'à
dire
que
l'Immaculée
est
la
personnification
de
la
miséricorde
divine:
elle
n'ajoute
rien
à
la
miséricorde
de
Dieu
qui
passe
à
travers
le
Sacré-Coeur
de
Jésus;
mais,
conformément
au
bon
plaisir
de
son
Père,
Jésus
veut
que
la
miséricorde
soit
dispensée
par
les
mains
de
Marie.
Dans
l'Immaculée
Conception,
saint
François-Antoine
voit
en
premier
lieu
la
réalité
positive,
la
sublimité
de
la
grâce
qui
élève
dès
le
premier
instant
la
personne
de
Marie,
parfaitement
sanctifiée
en
vue
de
sa
mission
de
Mère
de
Dieu.
Il
met
en
lumière,
comme
par
contraste
avec
la
grandeur
du
don
divin,
l'humilité
de
la
Vierge
en
tant
que
créature;
sa
sublimité
lui
vient
exclusivement
de
Dieu:
elle
n'est
pas
une
conquête
de
la
nature
humaine.
Le
Père
Fasani
souligne
aussi
qu'après
cet
éclatant
commencement,
la
vie
de
Notre-Dame
a
été
marquée
par
une
croissance
spirituelle
constante
dans
une
libre
correspondance
aux
grâces
de
Dieu.
À
l'occasion
de
ses
prédications,
le
saint
distribue
largement,
surtout
aux
enfants,
de
petites
images
de
la
Vierge
Immaculée,
au
dos
desquelles
est
inscrite
une
recommandation
pieuse,
une
brève
prière
ou
une
pensée
élevée.
Les
fruits
spirituels
de
cette
pratique
toute
simple
sont
nombreux.
La
Sainte
Vierge
daigne
même
accomplir
des
guérisons
miraculeuses
par
l'attouchement
de
ces
images.
Modèle
de
l'âme
d'oraison
Les
prédications
mariales
du
Père
François
Antoine
s'achèvent
toujours
sur
une
leçon
pratique:
les
chrétiens
peuvent
et
doivent
imiter
Marie,
modèle
très
parfait
de
fidélité
à
l'Évangile,
pour
parvenir
en
sa
compagnie
à
l'intimité
d'amour
avec
Jésus
et
Lui
appartenir
entièrement.
Il
se
plaît
à
contempler
dans
la
Mère
de
Dieu
le
modèle
de
l'âme
d'oraison.
La
vie
de
la
Vierge
Immaculée
a
été
un
colloque
permanent
avec
Dieu.
Qui
mieux
qu'Elle,
après
son
divin
Fils,
peut
nous
apprendre
à
prier?
Le
saint
fait
remarquer
à
ses
religieux:
«On
étudie
Dieu,
on
prêche
Dieu,
on
discute
de
Dieu,
mais
l'esprit
demeure
aride,
sans
dévotion:
beaucoup
de
science,
et
pas
d'oraison».
Mais
qu'est-ce
que
l'oraison?
À
cette
question,
le
Catéchisme
de
l'Église
Catholique
répond
en
citant
sainte
Thérèse
d'Avila:
«L'oraison
mentale
n'est,
à
mon
avis,
qu'un
commerce
intime
d'amitié
où
l'on
s'entretient
souvent
seul
à
seul
avec
ce
Dieu
dont
on
se
sait
aimé».
L'oraison
cherche
Celui
que
mon
coeur
aime
(Ct
1,
7),
Jésus,
et
en
Lui,
le
Père.
Elle
est
également
écoute
de
la
Parole
de
Dieu.
Loin
d'être
passive,
cette
écoute
est
l'obéissance
de
la
foi,
accueil
inconditionnel
du
serviteur
et
adhésion
aimante
de
l'enfant
(cf.
CEC,
n.
2709
-
2716).
Le
choix
du
temps
et
de
la
durée
de
l'oraison
relève
d'une
volonté
déterminée
qui
révèle
les
secrets
du
coeur.
On
ne
fait
pas
oraison
quand
on
a
le
temps:
on
prend
le
temps
d'être
avec
le
Seigneur,
bien
déterminé
à
demeurer
en
Sa
présence
quelles
que
soient
les
épreuves
et
la
sécheresse
de
la
rencontre.
L'oraison
peut
se
faire
«contemplation»,
c'est-à-dire
regard
de
foi,
fixé
sur
Jésus.
«Je
l'avise
et
Il
m'avise»,
disait
à
son
saint
curé
le
paysan
d'Ars
en
prière
devant
le
Tabernacle.
La
lumière
du
regard
de
Jésus
illumine
les
yeux
de
notre
coeur
qu'il
purifie;
elle
nous
apprend
à
tout
voir
dans
la
lumière
de
sa
vérité
et
de
sa
compassion
pour
tous
les
hommes.
La
contemplation
porte
aussi
son
regard
sur
les
mystères
de
la
vie
du
Christ.
Elle
apprend
ainsi
à
connaître
d'une
connaissance
intime
le
Seigneur,
pour
L'aimer
et
Le
suivre
davantage
(cf.
saint
Ignace,
Exercices
Spirituels,
n.
104).
Défenseur
des
pauvres
Le
Père
François
Antoine
pratique
la
vertu
de
pauvreté
en
dormant
sur
une
paillasse
dans
son
étroite
cellule,
se
contentant
de
peu
et
portant
des
vêtements
usés.
La
vue
des
indigents
l'afflige,
et
dans
ses
prédications
il
insiste
sur
la
charité
envers
les
pauvres.
Pour
eux,
il
quête
de
l'argent
et
des
vêtements.
Un
jour,
un
mendiant
à
demi-nu
lui
demande
quelque
habit
pour
se
couvrir.
Le
P.
François
se
dépouille
de
ses
principaux
vêtements
et
rentre
au
couvent
vêtu
de
sa
seule
tunique.
Il
gère
avec
sagesse
la
«banque
de
crédit»
qui
a
son
siège
au
couvent
et
dont
le
but
est
de
protéger
les
pauvres
contre
les
spéculations
des
usuriers.
Grâce
à
cet
organisme,
il
peut
établir
une
table
quotidiennement
ouverte
aux
nécessiteux.
Chaque
jour
on
y
voit
venir
une
humble
femme
du
peuple,
Isabelle,
la
propre
mère
du
P.
Fasani.
En
ce
pays
ruiné
par
les
guerres,
où
les
grands
propriétaires
accablent
les
paysans
d'énormes
redevances,
le
Franciscain
rappelle
aux
riches
leur
devoir
de
partager
les
biens
de
ce
monde
et
de
donner
à
leurs
ouvriers
un
juste
salaire.
Aujourd'hui
comme
hier,
la
pratique
de
la
justice
sociale
est
une
obligation
grave
pour
tous
les
chrétiens,
spécialement
les
plus
fortunés.
«Saint
Jean
Chrysostome
le
rappelait
vigoureusement
à
ses
contemporains:
«Ne
pas
faire
participer
les
pauvres
à
ses
propres
biens,
c'est
les
voler
et
leur
enlever
la
vie.
Ce
ne
sont
pas
nos
biens
que
nous
détenons,
mais
les
leurs».
Il
faut
satisfaire
d'abord
aux
exigences
de
la
justice,
de
peur
que
l'on
n'offre
comme
don
de
la
charité
ce
qui
est
déjà
dû
en
justice.
«Quand
nous
donnons
aux
pauvres
les
choses
indispensables,
nous
ne
leur
faisons
point
de
largesses
personnelles,
mais
leur
rendons
ce
qui
est
à
eux.
Nous
remplissons
bien
plus
un
devoir
de
justice
que
nous
n'accomplissons
un
acte
de
charité»
(Saint
Grégoire
le
Grand)»
(CEC,
n.
2446).
Ce
devoir
de
justice
est
particulièrement
grave
à
notre
époque
marquée
par
«le
scandale
des
sociétés
opulentes
d'aujourd'hui,
dans
lesquelles
les
riches
deviennent
toujours
plus
riches,
parce
que
la
richesse
produit
la
richesse,
et
les
pauvres
deviennent
toujours
plus
pauvres,
parce
que
la
pauvreté
tend
à
créer
d'autres
pauvretés.
Ce
scandale
n'existe
pas
seulement
à
l'intérieur
des
diverses
nations:
il
a
des
dimensions
qui
dépassent
largement
leurs
frontières...
En
réalité,
c'est
l'esprit
de
solidarité
qui
doit
croître
dans
le
monde,
pour
vaincre
l'égoïsme
des
personnes
et
des
nations»
(Jean-Paul
II,
4
novembre
2000).
L'humilité
qui
fait
les
miracles
Amené
à
défendre
la
vertu
d'une
jeune
fille
de
quinze
ans,
sans
ressources,
sur
laquelle
un
jeune
gentilhomme
a
jeté
son
dévolu,
saint
François-Antoine
la
conduit
dans
un
orphelinat
où
elle
sera
élevée
gratuitement.
Cela
lui
vaut
les
menaces
et
la
haine
du
gentilhomme
qui
le
dénonce
à
Rome,
où
il
doit
aller
se
disculper.
Admis
en
présence
du
Pape,
il
ne
dit
rien
pour
sa
défense;
mais,
tandis
qu'il
baise
humblement
les
pieds
du
Pontife,
celui-ci,
qui
souffre
de
la
goutte,
se
voit,
à
ce
contact,
instantanément
libéré
de
son
mal;
il
est
ainsi
convaincu
de
l'innocence
du
Franciscain.
L'obéissance
de
celui-ci
produit
également
des
merveilles.
Un
jour
qu'il
prêche
en
chaire,
son
évêque,
entrant
dans
l'église,
lui
demande
devant
tout
le
monde
de
se
taire;
il
le
fait
aussitôt.
Quelques
jours
après,
le
domestique
de
l'évêque
vient
le
chercher:
le
Prélat,
pris
d'un
violent
malaise,
réclame
le
Père
François-Antoine
à
son
chevet.
«Inutile,
répond
le
saint;
il
a
déjà
reçu
sa
guérison
de
Marie
Immaculée».
Le
29
novembre
1742,
au
commencement
de
la
neuvaine
préparatoire
à
la
fête
de
l'Immaculée
Conception,
le
Père
François-Antoine
Fasani
meurt
d'épuisement.
Le
16
avril
1986,
en
le
canonisant,
Jean-Paul
II
faisait
remarquer:
«Prédicateur
infatigable,
saint
Fasani
n'atténua
jamais
les
exigences
du
Message
évangélique
dans
le
désir
de
plaire
aux
hommes».
Puisse-t-il,
du
haut
du
Ciel,
nous
aider
à
recourir
inlassablement
à
Celle
qui,
à
jamais
exempte
de
toute
souillure,
peut
nous
délivrer
de
tout
le
mal
qui
est
en
nous.
«Ô
Marie,
conçue
sans
péché,
priez
pour
nous
qui
avons
recours
à
vous».
Dom
Antoine
Marie
osb
P.
S.
Nous
recevrons
avec
gratitude
toutes
les
adresses
d'éventuels
lecteurs
que
vous
voudrez
bien
nous
envoyer.
N'hésitez
pas
à
nous
demander
nos
tracts
sur
la
Religion
catholique,
la
divinité
de
Notre-Seigneur
Jésus-Christ,
un
«petit
livre
de
prières»,
des
scapulaires
du
Mont-Carmel
avec
notice
explicative,
les
promesses
du
Sacré-Coeur,
les
mystères
du
Rosaire.
Numéros
des
comptes
Suisse
:
-C.C.P.
:
«Abbaye
Saint-Joseph
de
Clairval»
19-5447-7
Sion
ou
chèques.
Belgique
:
-C.C.P.
:
«Abbaye
Saint-Joseph
de
Clairval»
000-1339871-10
ou
chèques.
France
:
-C.C.P.
:
«Abbaye
Saint-Joseph
de
Clairval»
5618
78
A
Dijon
ou
chèques.
USA
:
-Chèques
bancaires
ordinaires
en
$
us
(pas
besoin
de
chèques
internationaux
spéciaux).
Canada
:
-Chèques
bancaires
ordinaires
en
$
can.
(pas
besoin
de
chèques
internationaux
spéciaux).
Pour
publier
notre
lettre
dans
une
revue,
journal
...
ou
pour
la
mettre
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web
site
ou
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autorisation
est
nécessaire.
Elle
doit-être
demandée
à
:
Pour
plus
de
renseignements
sur
l'abbaye
vous
pouvez
consulter
notre
site
;
vous
y
trouverez
,
entre
autre,
les
lettres
spirituelles
du
deuxième
semestre
1996
à
l'année
2000,
le
programme
des
retraites
pour
l'année
2001
et
début
2002
:
http://www.clairval.com/
ou
http://www.userpage.
fu-berlin.de/~vlaisney/index.htm
Les
moines
prient
à
toutes
vos
intentions