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13 avril 2003
Dimanche des Rameaux
Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,
«Le péché
du vingtième siècle est la perte du sens du
péché», déclarait le Pape Pie XII, le 26
octobre 1946. Un demi-siècle plus tard, la
crise du sacrement de Pénitence, délaissé
par tant de catholiques, montre que ce
jugement du Pape reste d'une grande actualité.
Pourtant, «aux yeux de la foi, aucun mal
n'est plus grave que le péché et rien n'a de
pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes,
pour l'Église et pour le monde entier» (Catéchisme
de l'Église Catholique, CEC 1488). Notre
époque n'est pas la première à traverser
une crise du sacrement de Pénitence. La Très
Sainte Vierge Marie a souvent été la messagère
de Dieu auprès des hommes pour les détourner
du péché et les ramener à l'amour de leur
Créateur. Au cours des derniers siècles,
elle est intervenue à plusieurs reprises,
notamment à La Salette, Lourdes et Fatima;
mais auparavant, elle avait daigné se
manifester à une pauvre fille des Alpes, Benoîte
Rencurel.
Le 16 septembre 1647, Benoîte Rencurel vient
au monde dans la petite commune de
Saint-Etienne d'Avançon (Alpes du Sud). Ses
parents sont de bons catholiques, vivant
modestement du travail de leurs mains. À la
naissance de Benoîte, ils ont déjà une
fille, Madeleine; une troisième, Marie, naîtra
quatre ans plus tard. Le père, Guillaume
Rencurel, meurt alors que Benoîte, pleine de
vie et de gaieté, a sept ans. Pour la veuve
et ses trois filles, cette disparition entraîne
la misère matérielle. Il n'y a pas d'école
à Saint-Etienne d'Avançon; aussi Benoîte ne
saura-t-elle jamais lire ni écrire. Sa seule
instruction vient du sermon de la Messe
dominicale; elle y apprend que Marie est la
toute miséricordieuse Mère de Dieu, ce qui
éveille en elle le désir de la voir. Benoîte,
âme contemplative, aime à prier longuement.
«Je m'appelle
Dame Marie»
Un jour de mai 1664, la jeune fille,
qui est employée comme bergère chez les
paysans des environs, garde les brebis dans un
vallon dont les pentes sont percées de
failles ressemblant à des grottes peu
profondes. Benoîte récite son chapelet
lorsqu'elle aperçoit une belle Dame sur une
roche, tenant par la main un enfant d'une
beauté singulière. «Belle Dame! lui
dit-elle, que faites-vous là-haut?
Voudriez-vous goûter avec moi? J'ai un peu de
bon pain, nous tremperions dans la fontaine!»
La Dame sourit de sa simplicité, et ne lui
dit mot. «Belle Dame! Vous plairait-il de
nous donner cet enfant, qui nous réjouirait
tant?» La Dame sourit encore sans répondre.
Après être demeurée quelque temps avec Benoîte,
elle prend son enfant dans ses bras et disparaît
dans l'antre du rocher, où la bergère l'a
vue plusieurs fois entrer et sortir.
Quatre mois durant, la Dame se fait voir
chaque jour, conversant très familièrement
avec la jeune fille. Pour la préparer à sa
mission future, elle l'éduque, corrigeant sa
vivacité et sa brusquerie, son entêtement et
son attachement aux choses et aux animaux.
Benoîte raconte ses visions à sa patronne,
qui d'abord ne la croit pas, mais qui, un beau
matin, la suit secrètement au vallon des
Fours. Là, elle ne voit pas la Dame, mais
elle entend les paroles que celle-ci adresse
à Benoîte. Or, l'apparition demande à la
bergère d'avertir sa patronne des dangers que
court son âme: «Sa conscience est en mauvais
état. Qu'elle fasse pénitence!» Touchée,
celle-ci se corrige, se remet à fréquenter
les sacrements et vit le reste de ses jours très
chrétiennement. Le 29 août, Benoîte demande
à la visiteuse son nom, et s'entend répondre:
«Je m'appelle Dame Marie». Mais en même
temps, la Vierge lui annonce que les
apparitions cesseront pendant un temps indéterminé.
De fait, Benoîte passe un mois sans voir la
Dame; cette absence, en la privant des
consolations sensibles, contribue à purifier
son âme.
Enfin un matin, à la fin de septembre, la
bergère, qui a arrêté ses moutons et ses chèvres
au bord d'une rivière, aperçoit, face à
elle, éclatante comme un beau soleil, Dame
Marie. Elle se hâte de la rejoindre. Mais le
vieux pont de bois qui franchit la rivière
est brisé. Elle passe le cours d'eau en
montant sur le dos d'une grosse chèvre. Arrivée
près de l'apparition, elle demande: «Ma
bonne Dame, d'où vient que vous m'avez privée
si longtemps de l'honneur de vous voir? – Désormais,
quand vous voudrez me voir, vous le pourrez
dans la chapelle qui est au lieu du Laus», répond
la Dame, en lui indiquant le chemin à suivre.
Le lendemain, Benoîte se rend au hameau du
Laus et arrive à la petite chapelle. Elle
entre aussitôt et voit sur l'autel la Vierge
Marie qui la félicite d'avoir bien cherché
sans s'être impatientée. Ravie de revoir
Notre-Dame, Benoîte est confuse de constater
la pauvreté et la malpropreté du lieu; elle
propose de couper son tablier en deux, afin de
mettre une nappe sous ses pieds. La Dame lui répond
que dans peu de temps, il n'y manquera rien:
elle y verra linges, cierges et autres
ornements; elle ajoute qu'elle veut faire bâtir
une église en son honneur et en celui de son
très cher Fils; beaucoup de pécheurs et de pécheresses
s'y convertiront. Pendant l'hiver 1664-1665,
Benoîte monte au Laus très souvent; chaque
jour, elle voit la Vierge qui lui recommande
«de prier continuellement pour les pécheurs».
Notre-Dame nous donne à entendre par là que
les pécheurs se trouvent dans un état
pitoyable. Dieu est offensé par leurs fautes,
mais Il veut leur prodiguer sa miséricorde,
qui ne peut être acceptée que librement. La
nouvelle des apparitions se propage parmi les
villageois, à la faveur des veillées, les
soirs d'hiver. Dès la Saint-Joseph (19 mars),
les pèlerins accourent à Notre-Dame du Laus.
Beaucoup ont obtenu des grâces par son
intercession; ils viennent pour se confesser
et prendre la résolution de changer de vie.
Le médecin qui
sonde la plaie
L'Évangile est la révélation, en Jésus-Christ,
de la miséricorde de Dieu pour les pécheurs.
Mais, si «Dieu nous a créés sans nous, Il
n'a pas voulu nous sauver sans nous» (Saint
Augustin). L'accueil de la miséricorde divine
réclame de nous l'aveu de nos fautes. Si
nous disons: «Nous n'avons pas de péché»,
nous nous abusons, la vérité n'est pas en
nous. Si nous confessons nos péchés, Il est
assez fidèle et juste pour remettre nos péchés
et nous purifier de toute injustice (1 Jn
1, 8-9) (cf. CEC 1846-1847). Cette
confession des péchés est un effet de la grâce,
car Dieu, tel un médecin qui sonde la plaie
avant de la panser, projette une vive lumière
sur le péché. «Reconnaître son péché, et
même se reconnaître pécheur, capable de péché
et porté au péché, est le principe
indispensable du retour à Dieu. C'est l'expérience
exemplaire de David qui, après avoir fait
ce qui est mal aux yeux du Seigneur, réprimandé
par le prophète Nathan, s'écrie: Oui, je
connais mon péché, ma faute est toujours
devant moi. Contre Toi, et Toi seul, j'ai péché;
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait»
(Jean-Paul II, Exhortation apostolique Reconciliatio
et Pænitentia, 2 décembre 1984, n. 13).
Dieu a donné à l'homme la liberté pour
L'aimer et Le servir. Le péché, qui est un
abus de cette liberté, consiste en tout acte,
parole ou désir contraire à la loi de Dieu.
Toutefois les péchés n'ont pas tous la même
gravité. On distingue péché mortel (ou
grave) et péché véniel. Le péché véniel
refroidit l'amour de Dieu en nos coeurs sans
nous priver de la vie de la grâce.Le péché
mortel, en tant qu'infraction grave à la loi
de Dieu (par exemple le blasphème, l'idolâtrie,
l'irréligion, l'hérésie, le schisme, le
parjure, l'avortement, la contraception,
l'adultère, la fornication), détourne
l'homme de son Créateur, auquel le pécheur
préfère un bien créé. Pour qu'un péché
soit mortel, une matière grave ne suffit pas;
il est requis également que l'acte soit
accompli avec pleine connaissance et de propos
délibéré. «Le péché mortel est une
possibilité radicale de la liberté humaine
comme l'amour lui-même. Il entraîne la perte
de la charité et la privation de la grâce
sanctifiante, c'est-à-dire de l'état de grâce.
S'il n'est pas racheté par le repentir et le
pardon de Dieu, il cause l'exclusion du
Royaume du Christ et la mort éternelle de
l'enfer, notre liberté ayant le pouvoir de
faire des choix pour toujours, sans retour» (CEC
1861). L'Apôtre saint Jean décrivait ainsi
le sort de ceux qui meurent en état de péché
mortel: Pour les lâches, les incrédules,
les dépravés, les meurtriers, les
impudiques, les magiciens, les idolâtres et
tous les hommes de mensonge, leur part est
dans l'étang brûlant de feu et de soufre:
c'est la seconde mort (Ap 21, 8). Cette vérité
prend d'autant plus de relief que, pour chaque
être humain, la mort est une certitude, et
qu'après la mort, chacun de nous sera jugé. Car
il nous faudra tous apparaître à découvert
devant le tribunal du Christ, pour que chacun
reçoive ce qu'il a mérité, soit en bien
soit en mal, pendant qu'il était dans son
corps (2 Cor 5, 10). Or, après la mort il
n'y aura plus de temps pour se convertir.
C'est donc maintenant qu'il faut faire pénitence.
«Malheur à ceux qui mourront dans les péchés
mortels» (Saint François d'Assise).
Une huile
miraculeuse
En septembre 1665, une enquête sur les
apparitions du Laus est entreprise par le
vicaire général d'Embrun, Antoine Lambert.
Celui-ci, après avoir achevé
l'interrogatoire de la voyante, célèbre la
Messe. Ce matin-là, est présente Catherine
Vial, femme gravement atteinte d'une maladie
nerveuse à l'origine du repliement de ses
jambes, en sorte que les talons touchent le
bas du dos. Ses parents ont tout essayé pour
la guérir, mais en vain. On a conduit la
malade au Laus afin d'y faire une neuvaine à
Notre-Dame. Pendant la nuit qui suit la
conclusion de la neuvaine, elle peut étendre
ses jambes et se sent guérie. Au matin, elle
se fait porter à la chapelle, alors que le
vicaire général termine la Messe. On crie
tout haut «Miracle!» La Messe achevée,
l'ecclésiastique interroge la miraculée et
les témoins, puis affirme: «Le doigt de Dieu
est là». Ainsi, le 18 septembre 1665, pour
les dix-huit ans de Benoîte, les apparitions
et le pèlerinage sont officiellement reconnus
par l'autorité diocésaine et, dès l'automne
de cette année, on commence la construction
d'une église assez grande pour accueillir les
pèlerins, de plus en plus nombreux.
Notre-Dame s'est révélée au Laus comme la réconciliatrice
et le refuge des pécheurs. Aussi donne-t-elle
des signes pour convaincre ceux-ci de la nécessité
de se convertir. Elle annonce alors à Benoîte
que l'huile de la lampe de la chapelle (qui brûle
devant le Saint-Sacrement), opérera des guérisons
sur les malades qui s'en appliqueront, s'ils
ont recours à son intercession avec foi. De
fait, de nombreuses guérisons sont enregistrées
en peu de temps: une enfant retrouve l'usage
d'un oeil; une personne est guérie d'un ulcère
à la main. Encore de nos jours, des miracles
se produisent chez des personnes qui,
confiantes en l'intercession de Notre-Dame, se
servent avec dévotion de l'huile du Laus.
Une planche de
salut
Benoîte prend à coeur la mission
qu'elle a reçue de la Très Sainte Vierge: préparer
les pécheurs à recevoir le sacrement de Pénitence.
Aussi, encourage-t-elle souvent les deux prêtres
qui sont affectés au sanctuaire à recevoir
les pèlerins avec douceur, patience et charité,
usant d'une bonté particulière à l'égard
des plus grands pécheurs afin de les inciter
au repentir. «Le Christ a institué le
sacrement de Pénitence pour tous les membres
pécheurs de son Église, avant tout pour ceux
qui, après le baptême, sont tombés dans le
péché grave... C'est à eux que le sacrement
de Pénitence offre une nouvelle possibilité
de se convertir et de retrouver la grâce de
la justification. Les Pères de l'Église présentent
ce sacrement comme «la seconde planche de
salut après le naufrage qu'est la perte de la
grâce». Dieu seul pardonne les péchés.
Parce que Jésus est le Fils de Dieu, Il dit
de Lui-même : Le Fils de l'Homme a le
pouvoir de remettre les péchés sur la terre
et Il exerce ce pouvoir divin : Tes péchés
sont pardonnés! Plus encore : en vertu de
sa divine autorité, Il donne ce pouvoir aux
hommes pour qu'ils l'exercent en son nom» (CEC
1446, 1441). Dans ce sacrement, le prêtre,
qui tient la place du Christ juge et médecin,
doit être informé sur l'état du pénitent.
Par conséquent, «il faut que le fidèle,
outre la conscience des péchés commis, la
contrition et la volonté de ne plus retomber,
confesse ses péchés. En ce sens, le Concile
de Trente déclarait qu'il était nécessaire,
«de droit divin, que l'on confesse tous et
chacun des péchés mortels»». (Jean-Paul
II, Motu proprio Misericordia Dei, 7
avril 2002).
Cette obligation n'est pas un poids imposé
aux pénitents de manière arbitraire, mais un
moyen de libération pour retrouver la paix du
coeur. Si, par le péché, nous nous sommes détournés
de notre Père du Ciel, le sacrement de pénitence
nous permet de revenir vers Lui, de nous jeter
dans ses bras miséricordieux. La confession
est ainsi l'occasion de retrouvailles
amoureuses entre l'enfant et son Père. «Ce
n'est pas le pécheur qui revient à Dieu pour
Lui demander pardon, mais c'est Dieu qui court
après le pécheur et qui le fait revenir à
Lui», disait le saint Curé d'Ars. «Pour
recevoir le sacrement de pénitence, il faut
trois choses, ajoutait le même saint: la Foi
qui nous découvre Dieu présent dans le prêtre,
l'Espérance qui nous fait croire que Dieu
nous donnera la grâce du pardon, la Charité
qui nous porte à aimer Dieu, et qui met au
coeur le regret de L'avoir offensé». Benoîte
encourage aussi les confesseurs à avertir les
pénitents de ne s'approcher de la Sainte
Communion qu'après une bonne confession, préparée
par un examen de conscience à la lumière des
dix Commandements et du Sermon sur la
Montagne. En effet, «celui qui a conscience
d'avoir commis un péché mortel ne doit pas
recevoir la Sainte Communion, même s'il éprouve
une grande contrition, sans avoir préalablement
reçu l'absolution sacramentelle» (CEC
1457).
La tâche de Benoîte n'est pas facile; la
Vierge lui demande d'admonester les femmes et
les filles qui mènent une vie scandaleuse,
allant parfois jusqu'à l'infanticide, les
gentilshommes injustes ou pervers, les prêtres
et les religieux infidèles à leurs
engagements sacrés. Mais la voyante s'en
acquitte bien. Elle encourage les pénitents,
avertit ceux qui n'osent confesser leurs péchés,
et les oriente vers un confesseur approprié.
«En célébrant le sacrement de la Pénitence,
le prêtre accomplit le ministère du Bon
Pasteur qui cherche la brebis perdue, celui du
Bon Samaritain qui panse les blessures, du Père
qui attend le fils prodigue et l'accueille à
son retour, du juste juge qui ne fait pas
acception de personnes et dont le jugement est
à la fois juste et miséricordieux. Bref, le
prêtre est le signe et l'instrument de
l'amour miséricordieux de Dieu envers le pécheur»
(CEC 1465). Surtout, Benoîte se
sacrifie pour les pécheurs et prie pendant
qu'ils se confessent. Pour réparer leurs péchés
et leur obtenir des grâces, elle s'adonne à
des pénitences sévères au point de
compromettre sa santé.
Un temps propice
pour se réconcilier
Cependant, tous ne voient pas d'un bon
oeil les événements du Laus; certains vont
jusqu'à attribuer les apparitions au démon.
Aussi, une nouvelle enquête diocésaine
devient-elle nécessaire; elle convainc le
nouveau vicaire général, Jean Javelly, de la
réalité des apparitions. À ceux qui se
plaignent que tout le monde s'en va au Laus,
il répond: «Ce n'est pas Benoîte qui fait
perdre la dévotion (c'est-à-dire la pratique
religieuse) de notre Église, ce sont nos péchés
qui en sont la cause: par le peu de zèle et
de soin que nous avons de la maintenir, la dévotion
est allée à l'extrémité du diocèse. Bien
loin de l'en retirer, ni de rien faire à
cette bonne et sainte fille dont je connais la
vertu, nous devons prendre garde que la dévotion
n'en sorte (du diocèse d'Embrun), et
concourir avec elle pour la conserver là, de
peur que nous la perdions tout à fait». Dans
sa prière comme dans son apostolat, Benoîte
est sans cesse conseillée par Notre-Dame: «Courage,
ma fille! Prenez patience... faites de bon
coeur votre tâche... ne portez aucune haine
aux ennemis du Laus». Son ange gardien
l'instruit, lui aussi: «Quand on est joyeux,
tout ce qu'on fait est agréable à Dieu;
quand on se fâche, on ne fait rien qui Lui
plaise».
Entre 1669 et 1679, Benoîte est favorisée de
cinq apparitions du Christ qui se révèle à
elle dans un état de souffrance. Un vendredi
de juillet 1673, le Sauveur tout ensanglanté
lui dit: «Ma fille, je me fais voir en cet état
afin que vous participiez aux douleurs de ma
Passion». Le Seigneur Jésus, en effet, veut
associer à son sacrifice rédempteur ceux-là
même qui en sont les premiers bénéficiaires
(cf. CEC 618). Saint Pierre nous
avertit: Il a souffert pour nous, Il nous a
tracé le chemin afin que nous suivions ses
pas (1 P 2, 21). Le temps de la Passion
nous rappelle que ce sont nos péchés qui ont
fait subir à Notre-Seigneur le supplice de la
Croix. «À coup sûr, ceux qui se plongent
dans les désordres et dans le mal crucifient
de nouveau dans leur coeur, autant qu'il est
en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés et
le couvrent de confusion (He 6, 6)» (CEC
598). Mais, par sa mort, le Christ nous libère
du péché, et par sa Résurrection, Il nous
ouvre l'accès à une vie nouvelle. Ainsi, Pâques
est-il un temps propice pour recevoir le
sacrement de Pénitence et se réconcilier
avec Dieu.
«Elle est la
cause que je perds tant d'âmes!»
À partir de 1684, le pèlerinage du
Laus connaît son plein essor. Des troupes, en
garnison à Gap, se rendent en masse au Laus.
Les soldats, saisis par la grâce, se
confessent, changent de vie et deviennent des
messagers du Laus, dans toute la France et même
à l'étranger. Cependant, à ce temps de réussite,
succède une période d'épreuves et
d'obscurité. Benoîte subit de fortes
tentations contre la confiance en Dieu et la
chasteté; le démon l'attaque même
physiquement, mais elle, se réfugiant dans la
prière, ne cède pas. L'esprit infernal révèle
un jour le motif de ces attaques: «Elle est
la cause que je perds tant d'âmes»,
crie-t-il. Fin juillet 1692, Benoîte et les
prêtres du Laus sont obligés de se réfugier
à Marseille pour fuir l'invasion des troupes
du duc de Savoie qui dévastent la région de
Gap. La paix civile finit par se rétablir,
mais Benoîte continue à traverser des épreuves
purificatrices. En effet, le successeur de
l'abbé Javelly, adversaire du pèlerinage du
Laus, nomme deux nouveaux responsables du
sanctuaire qui ont peu de zèle pour le soin
des âmes, et fait publier en chaire que le
Laus n'est qu'un abus. À partir de 1700, on
interdit à la bergère de parler aux pèlerins,
et des menaces pèsent sur sa réputation.
Cependant, Benoîte n'est pas sans
consolations: elle reçoit souvent la visite
de la Sainte Vierge et de son bon Ange, qui la
réconfortent. Enfin, en 1711, le pèlerinage
est confié à une nouvelle communauté, celle
des «Pères gardistes». Ces prêtres se révèlent
être des hommes de prière qui inculquent aux
pèlerins du Laus la dévotion au Sacré-Coeur
de Jésus et le recours à Marie, refuge des pécheurs.
Après vingt ans de calvaire, Benoîte peut de
nouveau exercer sa mission dans la paix; une
foule de pèlerins vient à elle. Mais tant
d'austérités et d'épreuves ont eu raison de
sa santé. Alitée depuis plus d'un mois, elle
reçoit le saint Viatique le jour de Noël
1718. Trois jours plus tard, elle se confesse
et reçoit l'Extrême-Onction, avec grande
consolation. Vers huit heures du soir, Benoîte
dit adieu à ceux qui l'entourent, puis, ayant
baisé un crucifix, les yeux levés au Ciel,
elle décède dans la paix et va rejoindre au
Ciel son Époux Jésus et sa Très Sainte Mère
Marie. La cause de béatification de la
Servante de Dieu Benoîte Rencurel, introduite
en 1871, a récemment été reprise en main
par le diocèse de Gap. Après avoir été
administré successivement par les Pères
gardistes, les Oblats de Marie Immaculée et
les Missionnaires de Notre-Dame du Laus, le
sanctuaire est aujourd'hui confié au clergé
diocésain, avec l'assistance d'une communauté
de Frères de Saint-Jean. Le sanctuaire du
Laus est un centre spirituel qui, fidèle à
sa mission, accueille des pèlerins venus se
mettre sous la protection maternelle de Marie
et recevoir le sacrement du pardon.
Demandons à la Mère de Miséricorde de
renouveler chez les chrétiens l'estime et la
fréquentation de ce sacrement qui est un
moyen privilégié, institué par le Sauveur
lui-même, pour recouvrer la grâce de Dieu et
la paix de l'âme.
Dom Antoine Marie osb
P. S. Nous recevrons avec gratitude toutes
les adresses d'éventuels lecteurs que vous
voudrez bien nous envoyer. N'hésitez pas à
nous demander nos tracts sur la Religion
catholique, la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
un «petit livre de prières», des scapulaires
du Mont-Carmel avec notice explicative, les
promesses du Sacré-Coeur, les mystères du
Rosaire.
Numéros des comptes
Suisse : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph de
Clairval» 19-5447-7 Sion ou chèques.
Belgique : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph de
Clairval» 000-1339871-10 ou chèques.
France : -C.C.P. : «Abbaye Saint-Joseph de
Clairval» 5618 78 A Dijon ou chèques.
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(pas besoin de chèques internationaux spéciaux).
Canada : -Chèques bancaires ordinaires en $
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semestre 1996 à l'année 2000, le programme des
retraites pour l'année 2001 et début 2002 :
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ou
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Les moines prient à toutes vos intentions
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