AVE
MARIA
Abbaye
Saint-Joseph de Clairval
21150 Flavigny sur Ozerain
France |
email : abbaye@clairval.com
1er novembre
2003
Toussaint
Bien cher Ami de l'Abbaye
Saint-Joseph,
Le
13 mai 1981, sur la place
Saint-Pierre à Rome, le Turc
Mehemet Ali Agca blessait grièvement
le Pape Jean- Paul II, au moyen
d'une arme à feu. Emmené en
ambulance, le Saint-Père,
souffrant beaucoup, répète ces
invocations: «Marie, ma Mère!
Marie, ma Mère!» Aucune parole
de désespoir ou de ressentiment
ne lui échappe. Sauvé par une
intervention chirurgicale immédiate,
le Pape est déjà capable,
quatre jours plus tard, un
dimanche, de s'adresser aux fidèles
lors de la prière du Regina
Cæli, appelant «frère»
celui qui a tenté de le tuer:
«Très chers frères et soeurs,
je sais que, ces jours-ci et à
cette heure du Regina Cæli,
vous êtes unis à moi. Avec émotion,
je vous remercie pour vos prières
et je vous bénis tous. Je suis
particulièrement proche des
deux personnes qui ont été
blessées en même temps que
moi. Je prie pour le frère qui
m'a frappé, auquel j'ai sincèrement
pardonné».
Par cet acte de pardon, le
Saint-Père a suivi l'exemple du
Christ pardonnant sur la Croix
à ses bourreaux. À l'occasion
de l'année jubilaire, le 20 mai
2000, Jean-Paul II proposait aux
chrétiens le modèle de sainte
Rita qui a su, elle aussi,
pardonner dans des circonstances
héroïques. L'enseignement de
la vie de sainte Rita se caractérise
par «l'offre du pardon et
l'acceptation de la souffrance,
disait le Pape... Il faut espérer
que la vie de tous les fidèles
soit soutenue par l'amour
passionné pour le Seigneur Jésus;
qu'elle soit une existence
capable de répondre à la
souffrance et aux épines par le
pardon et le don total de soi,
pour diffuser partout la bonne
odeur du Christ».
Rita est née vers 1381 à
Roccaporena, en Ombrie (Italie
centrale) et a été baptisée
dans l'église
Saint-Jean-Baptiste de Cascia.
Cascia (à 5 km de Roccaporena)
est une cité fortifiée du
domaine des États du Pape, à
200 km environ au nord-est de
Rome. Les autorités locales y mènent
une politique marquée par un
sens élevé de la justice et du
bon gouvernement. Des mesures et
des lois sont prises pour
favoriser l'hygiène publique,
la protection des orphelins et
des veuves, l'instruction
publique, les oeuvres de piété.
Outre le nombreux clergé séculier,
la petite ville de deux mille
habitants compte onze couvents
et de nombreuses associations
pieuses. La région vit assez
pauvrement de l'agriculture,
d'artisanat et surtout de
commerce car elle est située
sur une importante voie de
communication entre Milan et
Naples.
Cascia, comme de nombreuses cités
italiennes de ce temps, est une
ville où les valeurs humaines
et civiles autant que
religieuses sont estimées et
favorisées. Les parents de
Rita, d'honnêtes bourgeois,
sont des «pacieri», littéralement
des «faiseurs de paix», c'est-à-dire
des conciliateurs. La tâche des
«pacieri» était de réconcilier
les adversaires, pour l'amour de
Dieu. Dans tous les cas, la
pacification se faisait devant témoins
et s'achevait par un acte notarié.
Elle avait pour but d'éviter un
procès et de rompre le cycle
infernal de la vengeance. Il
pouvait y avoir aussi obligation
de réparation matérielle des
dommages causés. La
pacification engageait les deux
parties et leurs héritiers pour
toujours.
«Miracle
des abeilles»
«Rita» est un diminutif
de Margherita (Marguerite). Peu
après sa naissance, l'enfant se
trouve un jour entourée
d'abeilles dont certaines pénètrent
dans sa bouche et en ressortent
sans la piquer. Cet épisode,
appelé «miracle des abeilles»,
attesté par de nombreux témoignages,
établit entre Rita et les
abeilles un lien providentiel
qui n'est pas sans signification
spirituelle. Saint Ambroise
donne l'abeille comme un modèle
de vie: «Faites que votre
travail soit semblable à celui
d'une ruche, parce que votre
pureté et votre chasteté
doivent être comparées aux
abeilles laborieuses, modestes
et continentes. L'abeille se
nourrit de rosée, ne connaît
pas les vices de la sensualité
et produit le miel précieux. La
rosée d'une vierge est la
parole même de Dieu qui, comme
la rosée des abeilles, descend
bienveillante et pure du Ciel».
Rita reçoit de ses parents une
éducation soignée et une
solide formation religieuse,
marquée par la dévotion à la
Sainte Eucharistie. À Cascia,
la procession de la Fête-Dieu
revêt un éclat particulier: on
y vénère la relique d'un
authentique miracle
eucharistique, qui a fait
l'objet d'un acte notarié
conservé aux archives de la
commune. Le miracle a eu lieu à
Sienne: un prêtre, devant
porter la communion à un
malade, place négligemment
l'Hostie consacrée dans son bréviaire.
Au chevet du malade, il ouvre le
livre et trouve l'hostie toute
liquéfiée, presque sanglante,
et les deux pages maculées de
sang. Une de ces pages et
l'Hostie miraculeuse sont confiées
au monastère Saint-Augustin de
Cascia où un reliquaire,
confectionné tout exprès, les
conserve. Tous les ans, à la Fête-Dieu,
ce reliquaire est porté en
procession.
Un jour, dans l'église du
Monastère
Sainte-Marie-Madeleine des
Augustines de Cascia, Rita
assiste à la Sainte Messe et
entend intérieurement le Christ
lui dire: Je suis la Voie, la
Vérité et la Vie (Jn 14,
6). Cette parole intérieure
semble être le point de départ
de sa vocation religieuse. Rita
s'ingénie à obtenir de ses
parents la permission de se
consacrer à Dieu, mais elle n'y
parvient pas. Au contraire, dès
l'âge de douze ans, elle est
promise en mariage à Paolo di
Fernando, jeune homme de
Roccaporena, de moeurs rudes,
que l'amabilité de Rita
adoucira. Après leur mariage,
ils vivent en bonne harmonie et
deux fils leur naissent. Mariée
et mère de famille, Rita
poursuit son intense vie
spirituelle. Mais après une
quinzaine d'années, un drame
survient: le mari de Rita est
assassiné sans que l'on puisse
connaître avec certitude la
raison de ce meurtre.
La
«vendetta»
Dès ce jour, Rita
demande dans sa prière la force
de pardonner à l'assassin et
supplie le Seigneur avec
assiduité de lui pardonner
aussi. Mais elle craint que ses
fils ne cherchent un jour à
venger leur père (la «vendetta»
était dans les moeurs des pays
méditerranéens); pour les détourner
de cette tentation, elle cache
la chemise ensanglantée de son
mari et les exhorte eux aussi au
pardon, conjurant le Bon Dieu de
lui prendre aussi ses enfants
plutôt que de permettre qu'ils
ne se laissent aller à la
vengeance. Quelques mois plus
tard, les deux garçons de Rita
décèdent de maladie, sans s'être
vengés. Le pardon de Rita se
manifeste aussi par son refus de
livrer à sa belle-famille le
nom de l'assassin de son mari;
ce qui lui vaut l'indignation de
celle-ci.
«Le pardon! Le Christ nous a
enseigné le pardon, disait le
Pape peu après l'attentat du 13
mai 1981. De nombreuses fois et
de différentes manières, Il
nous a enseigné le pardon.
Quand Pierre lui demande combien
de fois il aurait dû pardonner
à son prochain – jusqu'à
sept fois – Jésus lui répond
qu'il devrait pardonner jusqu'à
soixante-dix fois sept fois
(Mt 18, 21-22). Dans la
pratique, cela veut dire «toujours».
En effet, le nombre soixante-dix
multiplié par sept est
symbolique et signifie, plus
qu'une quantité déterminée,
une quantité incalculable,
infinie. Répondant à la
question sur la manière dont il
faut prier, le Christ a prononcé
quelques paroles magnifiques
adressées au Père: Notre Père
qui es aux cieux, et, après
les demandes qui composent cette
prière, la dernière qui parle
du pardon: Remets-nous nos
fautes comme nous les remettons
à ceux qui sont coupables à
notre égard (à ceux qui
sont nos débiteurs). Enfin, le
Christ lui-même confirme la vérité
de ces paroles sur la Croix,
quand, s'adressant au Père, Il
supplie: Père,
pardonne-leur, car ils ne savent
pas ce qu'ils font (Lc 23,
34). «Pardon» est un mot
prononcé par les lèvres d'un
homme auquel il a été fait du
mal. C'est même une parole du
coeur humain. Dans cette parole
du coeur, chacun de nous
s'efforce de dépasser la frontière
de l'inimitié qui peut le séparer
de l'autre, et cherche à
reconstruire l'espace intérieur
de l'entente, du contact, du
lien. Par l'Évangile et surtout
par son exemple, le Christ nous
a enseigné que cet espace
s'ouvre non seulement devant
l'autre homme mais en même
temps devant Dieu Lui-même. Le
Père qui est le Dieu du pardon
et de la miséricorde désire précisément
agir dans cet espace du pardon
humain. Il désire pardonner à
ceux qui sont capables de
pardonner aux autres, à ceux
qui cherchent à mettre en
pratique ces paroles: Pardonne-nous...
comme nous pardonnons» (21
octobre 1981).
Difficile
mais possible
Le pardon peut être
difficile à accorder. «Observer
le commandement du Seigneur (de
pardonner) est impossible s'il
s'agit d'imiter de l'extérieur
le modèle divin, enseigne le Catéchisme
de l'Église Catholique. Il
s'agit d'une participation
vitale et venant «du fond du
coeur», à la Sainteté, à la
Miséricorde, à l'Amour de
notre Dieu. Seul l'Esprit qui
est notre Vie peut faire «nôtres»
les mêmes sentiments qui furent
dans le Christ Jésus. Alors le
pardon devient possible: nous
pardonnant mutuellement comme
Dieu nous a pardonné dans le
Christ (Ep 4, 32)... C'est
«au fond du coeur» que tout se
noue et se dénoue. Il n'est pas
en notre pouvoir de ne plus
sentir et d'oublier l'offense;
mais le coeur qui s'offre à l'Esprit-Saint
retourne la blessure en
compassion et purifie la mémoire
en transformant l'offense en
intercession» (CEC,
2842-2843).
Devenue veuve, Rita quitte la
demeure familiale de Roccaporena
pour s'installer dans une plus
petite maison où elle s'adonne
à la prière et aux oeuvres de
charité. Elle se rend de temps
à autre au sommet du Schioppo,
piton rocheux d'environ 120 mètres
de haut, qui se dresse à la
sortie de Roccaporena.
L'endroit, d'accès difficile,
offre une vue magnifique sur les
alentours et la solitude qu'on y
trouve favorise la prière.
L'ancien désir qu'a eu Rita de
se consacrer à Dieu resurgit et
elle demande à être admise au
monastère
Sainte-Marie-Madeleine des
Augustines de Cascia. Mais malgré
ses instances, on la repousse.
Très affligée, Rita redouble
ses prières et une nuit, elle
entend saint Jean-Baptiste qui
l'invite à se rendre au sommet
du Schioppo. Là, une vision du
Précurseur accompagné de saint
Augustin et de saint Nicolas de
Tolentino (qui n'était pas
encore canonisé) la réconforte.
Les trois saints la conduisent
mystérieusement au monastère où
sa demande est enfin acceptée.
La communauté compte dix
religieuses dirigées par une
Abbesse. Au noviciat, Rita lit
l'Écriture Sainte avec avidité,
s'initie à la psalmodie de
l'Office divin et récite le
Rosaire. Avant sa profession
religieuse, elle donne tous ses
biens au monastère.
La vie de Rita au couvent n'est
pas sans épreuves. Une fois au
moins, elle est tentée de
retourner dans le siècle;
d'autre part, de nombreuses
tentations, notamment contre la
vertu de chasteté, viennent
l'assaillir. Elle les combat par
la prière et la pénitence.
Mais le démon continue à la
tourmenter de diverses manières.
Pour le vaincre, Rita contemple
la Passion du Christ. Une très
ancienne relation de sa vie, le Breve
racconto, rédigé à
l'occasion de sa béatification
en 1628, nous la montre appliquée
à cet exercice dès avant son
entrée au couvent: «Pour aider
son imagination à rester
toujours occupée des mystères
célestes sans se laisser
distraire inutilement par des
objets moins dignes, elle se
représentait les diverses
parties de sa pauvre maison
comme les différents lieux de
la cruelle Passion du Sauveur.
Ainsi, dans un coin, elle
reconnaissait le Mont Calvaire,
dans un autre le Saint-Sépulcre,
ailleurs la Colonne de la
flagellation, et il en allait de
même de tous les autres mystères.
Cette application l'aida
tellement qu'elle la renouvela
plus tard, au monastère, dans
l'espace restreint de sa petite
cellule».
La vie spirituelle de Rita est
influencée par les
Franciscains, pour qui la dévotion
à la Passion du Christ tient
une place centrale. Saint
Bonaventure écrit à une
religieuse: «Celui qui ne veut
pas voir s'éteindre en lui la
piété, doit souvent, toujours
même, contempler des yeux de
son coeur le Christ mourant sur
la Croix... S'il vous arrive
quelque chose de triste, de pénible,
d'ennuyeux, d'amer, ou bien si
vous éprouvez du dégoût pour
quelque bien à faire, recourez
sans tarder à Jésus crucifié,
suspendu à la Croix; voyez la
couronne d'épines, les clous de
fer, la trace de la lance dans
le côté; contemplez les
blessures des pieds, les
blessures du côté, les
blessures de tout le corps, vous
rappelant comme Il vous a aimée,
Celui qui a souffert pour vous
de la sorte et a enduré pour
vous de tels tourments!» (De
Perfectione vitæ).
Une
épine au front
Lors du carême de 1425,
saint Jacques de la Marche, un
Franciscain, prêche tous les
jours à Cascia. Bouleversée
plus que tout autre par sa prédication
du Vendredi Saint, Rita se sent
gagnée par le désir de
participer de quelque manière
aux tourments du Sauveur. Retirée
dans sa cellule, elle se jette
aux pieds du Crucifix et supplie
le Seigneur de lui accorder d'éprouver
au moins la douleur d'une pointe
de la couronne d'épines.
Plusieurs années après, en
1432, elle reçoit la grâce
d'une stigmatisation très spéciale:
une épine de la couronne du
Christ la blesse miraculeusement
au front, de telle sorte que la
plaie ne se refermera pas avant
sa mort. Les documents qui
attestent ce fait ne laissent
aucun doute. Presque deux siècles
après la mort de Rita, l'auteur
du Breve racconto affirme
que la plaie du front est encore
visible sur son corps demeuré
sans corruption. Lors des
reconnaissances du corps de la
Sainte, en 1972, en 1997 et plus
récemment encore, les spécialistes
ont attesté l'existence d'une
altération osseuse tout à fait
nette au front de Rita. À
l'occasion du sixième
centenaire de la naissance de
sainte Rita, le Pape Jean-Paul
II écrivait: «Un point de
rencontre significatif se découvre
entre ces deux enfants de
l'Ombrie, Rita et François
d'Assise. En réalité, ce que
furent les stigmates pour François,
l'épine le fut pour Rita: un
signe de participation directe
à la Passion rédemptrice du
Christ Seigneur... Cette
association à la Passion se
fit, pour tous deux, à partir
de l'amour qui a une force
intrinsèque d'union» (10 février
1982).
La stigmatisation de Rita entraîne
l'épreuve de la solitude, la
plaie qu'elle porte au front étant
nauséabonde et l'obligeant à
se retirer souvent à l'écart
de la communauté pour ne pas
incommoder les Soeurs. Celles-ci
devant se rendre à Rome,
probablement en 1446, pour la
canonisation de Nicolas de
Tolentino, elles exhortent Rita,
avec beaucoup de charité, à
bien vouloir rester à Cascia,
à cause du stigmate qui aurait
pu faire scandale dans la Ville
Éternelle. Rita se met en prières
et obtient que le stigmate
disparaisse; mais, au retour de
Rome, la plaie réapparaît,
comme en témoignent tous les
auteurs anciens.
Une
rose sur la neige
Dans les derniers mois de
sa vie, alors qu'elle souffre de
maladie, Rita reçoit la visite
d'une parente. Au moment où
elles se quittent, celle-ci lui
demande si elle désire quelque
chose de sa maison. Rita répond
qu'elle aurait désiré une rose
et deux figues de son jardin. La
parente sourit car on est au
plus fort de l'hiver, et pense
que la malade délire. Arrivée
chez elle, sa surprise est
grande de trouver sur un rosier
dépouillé de feuilles et
recouvert de neige, une rose
splendide, ainsi que deux figues
sur le figuier. Elle cueille la
fleur et les fruits et les porte
à la malade. Ce miracle vaut à
Rita l'appellation de «Sainte
des roses».
Rita est décédée
vraisemblablement en 1447, le 22
mai. Le Breve racconto
nous dit qu'à l'approche de sa
mort, elle jouit d'une
apparition de Jésus et de
Marie. Toute joyeuse, elle
demande alors les derniers
sacrements et s'éteint
paisiblement. Aussitôt les
cloches de l'église se mettent
à sonner toutes seules. Le
corps de Rita ne s'est pas
corrompu: le fait est attesté
à différentes époques, à
plusieurs siècles de distance.
La conservation miraculeuse du
corps après la mort a toujours
été considérée par les chrétiens
comme un signe de sainteté du
sujet, et un gage de la résurrection
future. Le 20 mai 2000, devant
la châsse contenant le corps de
sainte Rita, le Pape disait: «La
dépouille mortelle de sainte
Rita, constitue un témoignage
significatif de l'oeuvre que le
Seigneur accomplit dans
l'histoire, lorsqu'il trouve des
coeurs humbles et disponibles à
son amour... Profondément
enracinée dans l'amour du
Christ, Rita trouva dans sa foi
inébranlable la force pour être
en chaque circonstance une femme
de paix. Dans son exemple de
total abandon à Dieu, dans sa
transparente simplicité et dans
son inébranlable adhésion à
l'Évangile, il nous est
possible, à nous aussi, de
trouver les indications
opportunes pour être des chrétiens
authentiques en cette aube du
troisième millénaire...
Suivant la spiritualité de
saint Augustin, elle devint une
disciple du Crucifié et «experte
pour souffrir», elle apprit à
comprendre les peines du coeur
humain. Rita devint ainsi
l'avocate des pauvres et de ceux
qui n'ont rien, obtenant pour
ceux qui l'ont invoquée dans
les situations les plus diverses
d'innombrables grâces de
consolation et de réconfort».
«Si
je n'étais pas estropié...»
La dévotion à sainte
Rita commence dès sa mort. Le
premier miracle que nous lui
connaissions a lieu avant même
sa sépulture. Un menuisier de
Cascia, venu vénérer sa dépouille,
s'écrie: «Si je n'étais pas
estropié, je lui ferais, moi,
son cercueil!» Aussitôt, il se
trouve guéri et peut fabriquer
le premier cercueil de la
Sainte. Peu après, une parente
de Rita, venue l'embrasser une
dernière fois, est guérie
d'une paralysie au bras. Au fur
et à mesure que surviennent les
grâces, les religieuses
accrochent auprès de son
cercueil des petits ex-voto. Au
début du XVIe siècle, la
renommée de Rita est parvenue
dans toute l'Italie, avant de
gagner les autres pays d'Europe.
Béatifiée, après de longues
enquêtes, en 1628, elle n'a été
canonisée que le 24 mai 1900.
En 1710, un religieux espagnol
de l'Ordre des Augustins avait,
le premier, qualifié sainte
Rita d'«avocate des causes
impossibles». Elle est aussi
appelée «patronne des causes désespérées».
Les difficultés les plus
diverses lui sont confiées: guérisons,
travail, affaires, succès aux
examens... De nos jours encore,
son intercession demeure
puissante, comme le prouvent les
595 ex-voto déposés dans le
sanctuaire de Cascia au XXe siècle.
Mais la grande intention qui
nous préoccupe et pour laquelle
nous l'implorons, est celle de
notre sanctification. «La
volonté de Dieu, c'est que vous
viviez dans la sainteté (1
Th 4, 3) rappelait le Pape lors
du passage au troisième millénaire.
Tous les fidèles du Christ,
quel que soit leur état ou leur
rang, sont appelés à la plénitude
de la vie chrétienne et à la
perfection de la charité... Si
le Baptême fait vraiment entrer
dans la sainteté de Dieu au
moyen de l'insertion dans le
Christ et de l'inhabitation de
son Esprit, ce serait un
contresens que de se contenter
d'une vie médiocre, vécue sous
le signe d'une éthique
minimaliste et d'une religiosité
superficielle. Demander à un
catéchumène: «Veux-tu
recevoir le Baptême?» signifie
lui demander en même temps: «Veux-tu
devenir saint?» Cela veut dire
mettre sur sa route le caractère
radical du discours sur la
Montagne: Soyez parfaits
comme votre Père céleste est
parfait (Mt 5, 48). Il ne
faut pas se méprendre sur cet
idéal de perfection comme s'il
supposait une sorte de vie
extraordinaire que seuls
quelques «génies» de la
sainteté pourraient pratiquer.
Les voies de la sainteté sont
multiples et adaptées à la
vocation de chacun» (Jean-Paul
II, Novo millenio ineunte,
6 janvier 2001).
Cependant, certaines paroles de
l'Évangile sont très
exigeantes, et semblent dépasser
nos forces: Et Moi, je vous
le dis: aimez vos ennemis,
faites du bien à ceux qui vous
haïssent, priez pour ceux qui
vous persécutent et qui vous
calomnient: ainsi vous serez les
fils de votre Père qui est aux
cieux (Mt 5, 43). «Beaucoup,
commente saint Jérôme,
mesurant les préceptes de Dieu
à leur propre faiblesse,
estiment impossible ce qui est
ici prescrit, et disent qu'il
suffit à la vertu de ne pas haïr
les ennemis, mais de les aimer,
c'est ordonner plus que n'en
peut porter la nature humaine.
Il faut donc savoir que le
Christ ordonne non pas
l'impossible, mais la
perfection. David l'a réalisée
à l'égard de Saül et d'Absalom.
De même le martyr Étienne a
prié pour ses ennemis qui le
lapidaient, et Paul souhaitait
d'être anathème pour le bien
de ses persécuteurs. C'est ce
que Jésus a enseigné et
pratiqué...» Jésus a pratiqué
l'amour des ennemis pour nous
communiquer la force de faire de
même.
Demandons à sainte Rita d'user
de sa puissance auprès de Dieu
pour nous obtenir de devenir miséricordieux
comme notre Père des Cieux est
miséricordieux (Lc 6, 36)
Dom Antoine Marie osb
P. S. Nous recevrons avec
gratitude toutes les adresses d'éventuels
lecteurs que vous voudrez bien
nous envoyer. N'hésitez pas à
nous demander nos tracts sur la
Religion catholique, la divinité
de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
un «petit livre de prières»,
des scapulaires du Mont-Carmel
avec notice explicative, les
promesses du Sacré-Coeur, les
mystères du Rosaire.
Numéros des comptes
Suisse : -C.C.P. : «Abbaye
Saint-Joseph de Clairval»
19-5447-7 Sion ou chèques.
Belgique : -C.C.P. : «Abbaye
Saint-Joseph de Clairval»
000-1339871-10 ou chèques.
France : -C.C.P. : «Abbaye
Saint-Joseph de Clairval» 5618 78
A Dijon ou chèques.
USA : -Chèques bancaires
ordinaires en $ us (pas besoin de
chèques internationaux spéciaux).
Canada : -Chèques bancaires
ordinaires en $ can. (pas besoin
de chèques internationaux spéciaux).
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l'abbaye vous pouvez consulter
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entre autre, les lettres
spirituelles du deuxième semestre
1996 à l'année 2001, le
programme des retraites pour l'année
2003 :
http://www.clairval.com/
ou
http://www.userp
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Les moines prient à toutes vos
intentions
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